dimanche 24 novembre 2013

Honneur à nos maires



Sur ce blog, je fustige régulièrement l'opportunisme politique, la fringale des places, la vaine gloriole, dont les élections municipales vont encore favoriser la débauche. Mais il y a aussi, heureusement, un grand mérite de nos élus, un esprit de sacrifice chez eux, un dévouement de tous les instants, un admirable engagement au service des autres qu'il convient d'honorer. Quelques arbres pourris ne doivent pas cacher la verte forêt. Cette pensée me vient à l'esprit au moment où nous a quittés, ce vendredi, une personne que j'aimais beaucoup, Jean-Marie Serain, maire d'Origny-Sainte-Benoîte.

J'ai fait sa connaissance en 2 000. Il était sympathisant ou adhérent PS, je ne sais plus, mais homme de gauche en tout cas, et il m'avait demandé, puisque j'étais secrétaire de la section socialiste de Saint-Quentin, l'autorisation d'organiser une réunion dans nos locaux de campagne, avenue Faidherbe. A l'époque, autant que je m'en souvienne, il y avait une sorte d'embrouille entre les sections d'Origny et de Ribemont, comme on en voit souvent en politique, et qui disparaissent aussi vite qu'elles apparaissent ...

Mais c'est surtout par la suite que je me suis lié à Jean-Marie, que je rencontrais pratiquement chaque mois, à Guise ou à Bernot, dans le cadre de mes ateliers-philo. Il venait en tant que correspondant du journal L'Union, et nos rencontres, pourtant brèves, étaient toujours de grands moments ! Je l'appelais "le diable sorti de sa boîte", parce qu'il était souvent vêtu de sombre et surgissait inopinément dans notre salle de réunion. Grand, marrant, amusant toute l'assistance, il faisait ce qu'on appelle un shooting, plus photographe que journaliste, et il repartait aussi vite qu'il était venu, pris par tout un tas d'activités et de rendez-vous.

Ce qui était appréciable chez lui, c'est qu'il ne se prenait pas au sérieux, tout sérieux qu'il était. On n'avait pas l'impression d'avoir Monsieur le Maire devant soi, il ne jouait pas de son titre ni de sa fonction, il n'avait pas pris, comme on dit, la grosse tête (généralement, c'est le travers dans lequel tombent les petits têtes). Et pourtant, élu maire d'Origny-Sainte-Benoîte en 2 008, il aura en quelques années seulement beaucoup apporté à sa ville. Les obsèques de Jean-Marie Serain auront lieu demain, à 14h30, en l'église d'Origny.

Puisque je veux aujourd'hui rendre hommage à nos maires, j'en profite pour saluer la mémoire de Lucien Olejniczak, décédé il y a quelques semaines, ancien maire de Fonsomme. Lui aussi, je le voyais régulièrement, dans les événements saint-quentinois auxquels il tenait, en voisin, à participer. Notre première rencontre a eu lieu lors des élections cantonales de 2004, où j'étais candidat dans son canton, Saint-Quentin nord. Je ne sais pas s'il était de droite, mais je ne le sentais pas de gauche (ce qui me suffit pour ranger quelqu'un à droite ...). Quoi qu'il en soit, il m'a reçu en mairie sans rien préjuger de moi, sans être gêné par mon étiquette socialiste (tous les élus n'ont pas réagi comme ça). Il était gentil, amusant, lui aussi très dévoué à sa tâche de maire. Je ne l'oublierai pas.

Serain et Olejniczak, très différents l'un de l'autre, avaient en commun d'être issus de milieux populaires, d'accéder malgré tout à des responsabilités politiques qui n'étaient pas minces. C'est aussi ça, la République ! Un régime dans lequel le pouvoir n'est pas le privilège de l'aristocratie ou de la bourgeoisie. Autant je déteste les apparatchiks affairés à leurs combinaisons d'appareil, autant j'aime ces élus de communes rurales ou de petites villes qui ne doivent ce qu'ils ont qu'à leurs talents, leur travail et par dessus tout la consécration de la population.

Alors que viennent de se réunir le congrès départemental des maires de l'Aisne à Chauny et le congrès national à Paris, que se profilent très nettement les élections municipales, il faut rappeler combien le métier de maire est devenu un véritable sacerdoce, entre les réglementations de plus en plus complexes, les responsabilités accrues, les financements au contraire réduits et des citoyens épouvantablement exigeants. Certains en viennent à jeter l'éponge, mais il n'empêche que la République procédera dans quatre mois au renouvellement ou au maintien de dizaines de milliers d'élus locaux. Nous penserons alors à Jean-Marie Serain et à Lucien Olejniczak. Honneur à nos maires.

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