vendredi 8 novembre 2013

Pourquoi des réunions politiques ?



Une campagne électorale commence à frémir quand les premières réunions apparaissent. A Saint-Quentin, c'est un petit début : ce soir, Lutte ouvrière fait venir son leader national Nathalie Artaud ; hier soir, à Gauchy, le maire Josette Henry et Jean-Claude Capèle, en tête de la liste des forces de gauche et de progrès, ont tenu réunion publique à Gauchy ; il y a une semaine, les communistes organisaient dans leur local un débat sur la santé ; Xavier Bertrand, de son côté, continue ses rencontres de proximité, la dernière il y a quinze jours à Lyon-Jumentier. Mais, à l'époque d'internet, où l'on peut s'informer et échanger en restant chez soi devant son ordinateur, à quoi servent les réunions politiques ?

D'abord, il est devenu extrêmement difficile de rassembler un public conséquent. Les gens sont très sollicités et devenus exigeants : on ne déplace plus si facilement des foules nombreuses, au niveau local. Le temps des préaux d'école, qui ont fait les beaux jours de la République, est bien révolu. Ensuite, l'impact de ces réunions publiques est très discutable : n'y viennent que les convaincus, et pas une voix de plus n'est gagnée ! Bref, beaucoup d'efforts pour un résultat minime ...

Pourtant, la réunion politique me semble être un exercice électoral indispensable, un passage obligé, pour deux raisons : elle permet de mobiliser ses partisans, ce qui est de première nécessité pour lancer une dynamique et espérer la victoire. Pour convaincre les autres, il faut d'abord, condition sine qua none, réunir les siens. Enfin, la réunion politique doit être conçue comme un événement médiatique, qui sera repris par la presse, dont on parlera très largement à l'extérieur. Un parti qui organise une réunion n'y gagne pas grand chose, mais un parti qui s'en abstient y perd énormément.

Les réunions politiques sont de plusieurs types :

1- La réunion d'appartement : c'est la plus facile à organiser. Chez l'habitant, dans un cadre convivial, les sympathisants reçoivent le candidat, le questionnent et diffusent à la suite, dans leur entourage, son message politique. Ce type de réunion est un peu passé de mode. Il n'est vraiment efficace que dans la durée et la répétition (comme le porte à porte).

2- La réunion de quartier : elle est surtout praticable quand on est candidat sortant, avec des élus qui peuvent répondre aux questions très concrètes, individuelles, assez peu politiques. En 2001, Odette Grzegrzulka a usé de la formule, en vue d'élaborer son programme municipal. On pense aussi aux débats participatifs de Ségolène Royal. Je suis plutôt sceptique, je ne trouve pas le résultat très convaincant.

3- Le meeting de fin de campagne : c'est souvent une tradition, c'est le plus difficile à organiser, on n'a pas droit à l'erreur (l'échec d'une réunion de quartier n'est pas trop grave, la réunion d'appartement arrive toujours à attirer). Le meeting ne peut vraiment réussir qu'en présence d'un ténor, d'une vedette : ce sont les bêtes médiatiques qui font venir le public. A Saint-Quentin, depuis les dernières élections municipales (où aucun responsable national du PS ne s'était déplacé pour soutenir la liste), trois leaders ont rendu visite aux socialistes : Alain Vidalies, Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel. Mais leur notoriété n'est pas suffisante pour des retombées importantes. Il nous faudrait des grosses pointures : Martine Aubry (en voisine nordiste !), Arnaud Montebourg ou Manuel Valls (qui a ma préférence).

Dans la campagne interne pour la désignation de la tête de liste socialiste, j'avais proposé un quatrième type de réunion, entre réunion de quartier et réunion d'appartement : des réunions ciblées, restreintes, non publiques, thématiques, visant des groupes professionnels ou spécialisés, dans l'objectif de recueillir des propositions, des expertises en matière de programme électoral. Depuis très longtemps, je pense que le sort d'une élection ne se décide pas sur les candidats mais sur leur projet. C'est celui-ci qui est déterminant, c'est lui qui peut cristalliser une partie de l'électorat et entraîner la victoire.

Sauf qu'un programme ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval ! Il ne peut être issu, pour être attractif, que des doléances de la population. Le débat participatif, indéterminé, je n'y crois pas trop ; mais des rencontres avec des personnes ressources, des référents, syndicalistes, responsables associatifs, chefs d'entreprise, commerçants et artisans, etc. peuvent être fécondes en vue d'élaborer un projet crédible et enthousiasmant. En revanche, j'ai une expérience très négative des listes de propositions concoctées dans les cénacles militants, souvent peu représentatifs de la population.

Il y a tout un tas de bonnes raisons pour renoncer aux réunions publiques en politique. Mais tout cela serait-il vrai, il n'empêche qu'en démocratie le principe de la réunion publique est intangible : il faut un moment et un lieu où les citoyens doivent pouvoir se retrouver et interpeller les candidats. J'ajouterais que ces derniers sont immédiatement jugés lorsqu'ils montent sur une estrade, prennent le micro, s'adressent à leurs électeurs : un homme public doit se plier à l'épreuve de l'expression publique ; ça ne décide pas complètement de sa valeur, mais ça y contribue beaucoup.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et Jean-Marie Le Guen salle Paringault en 2012 ?

Emmanuel Mousset a dit…

Oubli impardonnable, et même lapsus révélateur puisque Le Guen est strauss-kahnien ! Ceci dit, ce n'est pas non plus une personnalité de premier plan, au niveau des Aubry, Montebourg ou Valls.

Anonyme a dit…

vous oubliez un quatrième type de réunion politique qui c'est énormément développé, c'est la réunion sur le net. Aucun candidat ne peut y faire l'impasse.
Le candidat répond en direct aux questions via un tchat , le rdv étant fixer via les medias une semaine avant.
c est une vrai rencontre direct avec les citoyens en particulier si on veux toucher les 20/40 ans