mardi 22 octobre 2013

Soutenir Manuel Valls



Il faut en finir très vite avec l'affaire Leonarda, à tout point de vue déplorable. Il faut tourner la page. Trois plaies de la société française, de n'importe quelle société moderne, ont été mises en évidence en la circonstance :

1- L'individualisation : on se focalise sur une situation particulière, très particulière, au détriment d'une vision globale du problème. C'est proprement anti-politique : l'action publique vise à l'intérêt général. Ce sont les administrations qui sont chargées des cas personnels, familiaux et techniques.

2- La sentimentalité : ce sont les émotions qui décident des prises de position, les sentiments sur l'instant, forcément subjectifs, arbitraires et très variables. On ne gouverne pas avec son coeur mais avec sa tête. Les arbitrages de l'Etat ne peuvent pas dépendre des réactions d'une jeune fille de 15 ans, aussi légitimes soient-elles.

3- La médiatisation : c'est le règne de l'image, le choc des photos, la répétition obsédante des reportages, la mise en scène universelle d'un malheur privé, la dramaturgie du direct. Le monde de la communication est ainsi, c'est celui d'aujourd'hui, on ne le changera pas, beaucoup y trouvent leur compte. Mais les politiques ne doivent pas se soumettre à cette logique pernicieuse pour les missions d'intérêt public qui sont les leurs.

A partir de là, je constate, dans la multitude des points de vue qui se sont exprimés sur cette affaire, qu'un seul a été cohérent, rigoureux et strictement républicain : c'est celui de Manuel Valls, qui a joué son rôle de ministre de l'Intérieur, en refusant de se laisser aller aux trois plaies que je viens d'évoquer. La vérité est de son côté, la tournure des événements, dont on pouvait au départ douter, lui a donné raison. L'expulsion s'est déroulée conformément aux règles et au droit, aucune faute policière n'a été commise. Cette famille a menti sur sa situation, le père a eu un comportement répréhensible, Leonarda a manipulé autant qu'elle a été manipulée, dans cette affaire où elle aura eu un statut de vedette. Je ne souhaite pas que cette famille revienne en France. D'autant qu'elle aura donné une mauvaise et fausse image du peuple rom, lui aussi victime médiatique de cette déplorable histoire.

Il n'y a pas de politique Valls, il n'y a qu'UNE seule politique, celle du gouvernement, qui est celle de Manuel Valls, que tout socialiste doit absolument soutenir (et peu importe ce que nous pouvons penser de la formulation de certains de ses propos, discutables). Cette politique à l'égard de l'immigration illégale est définie par des circulaires et des lois. Je la résumerai ainsi, à ma façon :

1- L'immigration clandestine est un phénomène mondial, compréhensible, qu'il n'est pas réaliste ni humain de vouloir ramener à zéro. Il faut donc intégrer à la société française, sur critères, dans la mesure de nos moyens, un certain nombre de ces immigrés illégaux. Toute incitation financière au départ a prouvé qu'elle était inopérante et coûteuse.

2- Les immigrés clandestins qui n'entrent pas dans ces critères (durée de présence sur le territoire, possibilité de travailler, scolarisation des enfants, etc) doivent être expulsés. C'est le cas de la famille de Leonarda.

3- La République doit rappeler ses principes : tous les modes de vie, sédentaires ou nomades, sont admis, pourvu que les lois soient respectées. A ce titre, le peuple rom est parfaitement intégrable en France.

A la politique que je viens de définir, qui est celle de Manuel Valls, du gouvernement et du parti socialiste, il y a une alternative, qu'il faut prendre très au sérieux tant elle serait gravissime pour notre pays : c'est le projet du Front national, qui consiste à expulser massivement TOUS les immigrés illégaux, à supprimer les aides aux plus pauvres, à réduire le nombre de naturalisations, à supprimer le droit républicain du sol au profit du sang. Marine Le Pen se garde bien de dire à quelles conditions ce projet serait applicable : un régime autoritaire, un Etat forcément policier, une logique de ghettoïsation et d'apartheid, une république ethnique et la réprobation de toutes les démocraties et sociétés civilisées. Si ce n'est pas du fascisme, ça y ressemble beaucoup. Voilà vers quoi nous irons, dès les prochaines municipales, si la gauche ne soutient pas fermement Manuel Valls.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

EEV appelle à la révolte anti - VALLS ; c'est clair ....

Emmanuel Mousset a dit…

Alors, il faut que EELV quitte le gouvernement ; c'est clair aussi ...

Anonyme a dit…

Je suis du même avis que vous et j'espérais cette réponse de votre part quand j'ai posté le commentaire, mais est ce une énième manœuvre de ce parti à l'approche des élections ou d'un remaniement ...quoiqu'il en soit ; la goutte fait déborder le vase ...

Vincent PLACE a fait un gros écart !! Veut il prendre la tête de son parti ; tête dernièrement limogée sans ménagement ???
C'est possible voire probable !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Ce qui est certain, c'est qu'un responsable politique digne de ce nom n'encourage pas des lycéens à descendre dans la rue. Mais avions-nous besoin de cet incident pour savoir que Jean-Vincent Placé n'est pas un responsable politique digne de ce nom ?

Jacques a dit…

Oui, Manuel Valls affiche clairement ses intentions et il les défend avec calme et assurance. Il est « lisible ».
Et c’est le seul membre du gouvernement qui soit populaire.
A quand la lisibilité sur la politique fiscale ?
A quand la lisibilité sur la politique du gouvernement Ayrault ?
A quand la lisibilité sur ce que veut faire François Hollande ? Le changement, c’est quand ?

Emmanuel Mousset a dit…

Le changement, c'est maintenant, bien sûr. Mais il n'y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir.

Erwan Blesbois a dit…

Je pense que Finkielkraut se trompe dans son essai sur l'identité. Ce n'est pas une religion comme l'Islam qui met en péril notre identité, c'est l'école et la science par l'effondrement des sociétés fondées sur la tradition, qui sont responsables du vacillement de notre identité. Le catholicisme en France a été vaincu par l'école et la science, il en sera sans doute de même pour l'islam. Il est vrai cependant que l'immigration pose des problèmes, en premier lieu celui de l'intégration. Celle-ci ne peut se faire que par l'école, mais là où Finkielkraut se trompe, c'est que l'école ne doit plus être fondée sur la tradition mais sur la science. Ainsi périront la tragédie, une certaine littérature élitiste et aussi l'élitisme républicain. Mais apparaîtront peut-être de nouvelles formes d'art non plus basées sur la tradition. Le monde est en mutation, espérons qu'il aille définitivement du côté de la science au détriment des religions, motifs de discorde. Et même si elles ont produit ce qu'il y a de plus beau sur Terre : les traditions et leurs formes d'art. Maintenant que le mal est fait, il faut aller au bout de la logique. Finkielkraut pose un problème, celui des bons élèves et de l'élitisme républicain : c'est un produit archaïque de la tradition et de la notion d'élection qui a un fondement religieux. Dans une société scientifique, il ne devra plus y avoir de bons et de mauvais élèves, mais il faudra pousser l'égalitarisme à son paroxysme, y compris en ayant recours à des manipulations génétiques, pour atténuer au maximum les différences entre les hommes. Les différences ne sont pas une richesse, elles sont un motif de discorde. Dans une société parfaitement métissée, sans nations, sans religion, sans tradition, avec un projet commun celui de la conquête de l'espace et de la préservation de la vie sur Terre, il n'y aura plus de différences, donc plus de guerres. Avant d'arriver à cette utopie le chemin est encore long.

Anonyme a dit…

Il faut lire l'excellent billet de Maître Eolas expliquant les différents point juridiques et administratifs sur cette expulsion - cela devient plus clair
Martine G.