mardi 29 octobre 2013

Plus que jamais



On ne va pas se mentir : la gauche traverse une passe très difficile. La popularité du président est au plus bas, le gouvernement n'est pas toujours uni, la majorité parlementaire est traversée de soubresauts, le parti socialiste fait parfois cavalier seul, une partie de la gauche est mécontente, les médias sont critiques, les lycéens descendent dans la rue et la Bretagne se révolte. Dans ces conditions, les élections municipales s'annoncent périlleuses.

Quand on est comme moi de gauche depuis toujours et adhérent du parti socialiste depuis vingt ans, on fait quoi, on réagit comment ? C'est très simple : on reste fidèle à ses convictions, on demeure cohérent avec ses choix, on soutient plus que jamais le président, le Premier ministre, le gouvernement et sa politique. Il y aurait quelque chose d'inconvenant, d'indécent à virer de bord, à prendre ses distances, à se montrer critique. Au contraire, la valeur d'un militant est comme celle d'un marin : c'est lorsque se lève la tempête qu'on mesure la persévérance, le courage et la force de caractère des individus. Quand tout va bien, il n'y a aucun mérite à soutenir un gouvernement. Et puis, s'éloigner, critiquer, même pour de bonnes raisons, ne feraient qu'aggraver la situation de la gauche et du pouvoir, ce dont nous n'avons évidemment pas besoin.

Il faut croire que tout socialiste ne pense pas comme moi, puisque la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, animatrice de l'un des courants de l'aile gauche du PS, s'est exprimée publiquement aujourd'hui pour demander "un changement de cap et d'équipe" (rien que ça !) et, tenez-vous bien, un "Grenelle des forces de gauche" afin de "recréer une majorité" qui inclurait le Front de gauche. En bon soldat, je vais répondre point par point à ce franc-tireur qui, en réalité, canarde son propre camp :

1- "Changer de cap" ? Non, changer de cap, c'est-à-dire, ne jouons pas sur les mots, changer de politique, ce serait se dédire et se contredire, trahir la ligne politique que la majorité des Français ont validé en 2012. Car François Hollande, qu'on soit d'accord avec lui ou pas c'est autre chose, a tenu ses engagements, même s'il en reste encore beaucoup à accomplir, mais le quinquennat n'est pas fini. Le travail réalisé est déjà conséquent, même si les résultats viendront progressivement. "Changer de cap", ce ne serait pas sérieux, ce serait compromettre aux yeux des Français notre crédibilité. Mais j'ai une explication à la demande de Marie-Noëlle lienemann : en éternelle mécontente, je crois que ma camarade n'était déjà pas d'accord avec le cap social-démocrate pris par le parti dans le cadre de la candidature de François Hollande. Elle suggère au gouvernement de "changer de cap" : pour simplifier les choses, je lui suggère de changer de parti.

2- "Changer d'équipe" ? C'est-à-dire, là aussi soyons clairs, procéder à un remaniement ministériel. A cinq mois des élections municipales ? Ce serait une aberration, une pure folie, une imprudence majeure. D'ailleurs, dans l'histoire de la Ve République, on ne l'a jamais vu faire. Après une élection intermédiaire, oui, pourquoi pas : c'est alors le suffrage universel qui commande. Mais avant, non, surtout pas. Marie-Noëlle se laisse impressionner par les sondages et les mécontentements de rue ? Pas moi. Ou alors, j'ai une autre explication à son extravagante proposition : cette nouvelle équipe qu'elle appelle de ses voeux, ne songerait-elle pas à en faire partie ? Ok, il y a de la malice dans mon hypothèse. Mais ce ne serait pas non plus la première fois qu'on verrait ce genre d'intention.

3- Un "Grenelle des forces de gauche" ? J'en tombe sur le cul ! A chaque fois qu'un politique n'a rien à dire, il nous sort le coup du Grenelle de quelque chose. Les accords de Grenelle, c'était en mai 68 des négociations entre le gouvernement, les syndicats et les patrons : je ne vois pas le rapport avec aujourd'hui un rapprochement des partis de gauche ! Lienemann, par une analogie inappropriée, est complètement à côté de la plaque. Elle souhaite que la majorité s'ouvre au Front de gauche, à travers "un nouveau pacte". C'est bien gentil, mais la sénatrice a-t-elle écouté, depuis des mois et des mois, les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui pense et dit pis que pendre de la politique du gouvernement ? Alors, un peu de sérieux avant de dire n'importe quoi ...

Il ne faut changer ni de cap, ni d'équipe, ni de majorité parlementaire : il faut tenir bon, défendre la politique du gouvernement et se projeter dans l'avenir. Plus que jamais, être socialiste et fidèle à ses engagements. Pour le reste, c'est le peuple qui jugera.

6 commentaires:

Jacques a dit…

Bien sûr qu’, « il ne faut changer ni de cap, ni d'équipe, ni de majorité parlementaire… »
Je ne reproche pas à François Hollande son action social-démocrate, je lui reproche de ne pas assez expliquer les enjeux, de laisser s’installer les incompréhensions.

Anonyme a dit…

On peut sans changer resserrer le Gouvernement .... Un signal sérieux et sans conséquence politique ....

Anonyme a dit…

Attention les écologistes eux mêmes et Cécile DUFLOT en particulier disent être au bord du précipice et MAMERE , BOVE ont carrément franchi l'obstacle pour se retrouver comme le front de GAUCHE sur la rive des opposants ...

Anonyme a dit…

Dynamique de rupture ?

Le politologue Gérard Grunberg estime au contraire que François Hollande et les Verts sont dans « une dynamique de rupture ». « Il n’est plus possible de gérer les différends, comme sur le droit d’asile ou le nucléaire », ajoute le chercheur au Centre d’études européennes de Sciences-Po.

Une rupture ne serait-elle pas alors de nature à assainir la situation ? En fait, si le chef de l’État poussait les écologistes vers la sortie et dans les bras du Front de gauche, il se mettrait doublement en difficulté : en fragilisant sa majorité parlementaire, qui adopte les projets de loi, et en rendant plus difficiles les seconds tours aux élections municipales de mars 2014.

Aléa jacta est ou aussi qui vivra verra ....

Emmanuel Mousset a dit…

Si rupture il doit y avoir, elle doit être le fait des écologistes, s'ils estiment ne plus être en phase avec le gouvernement. Mais ils ne le feront pas. Sinon, ils l'auraient fait bien avant. Duflot a signé avec le PS pour être au gouvernement, pas pour en partir.

Marie a dit…

François Hollande mène une politique ben bien oui ben bien que non.
Hélas il a été élu par défaut car les électeurs qui font basculer les majorités ont voté contre Sarkozy et pas pour Hollande.
Tu ne peux pas dire qu'il fait ce qu'il a dit; te souviens tu du discours du Bourget? Mon ennemi est la finance!!!! il a accouché quoi : une souris (cf la loi sur la régulation bancaire).
Je vais renégocier le traité Mercozy!!!!!!!!!!!!! tu l'as vu toi? pas moi.
Mais Hollande n'est que l'image de cette France qui ne sait plus sauter le pas, ne sait plus être en avant; tient prend l'exemple de la construction Européenne,il devient eurosceptique, bientôt Merckel serait plus européenne que lui.
Et quoi dire du CICE ?
de la reforme des retraites qui n'en est pas une,
les rythmes scolaires et j'en passe;
Donc oui François Hollande a intérêt de trouver un nouveau premier ministre, tient par hasard et si c'était Martine Aubry, et resserrer son gouvernement; les écologistes n'ont rien à faire dans ce gouvernement, les socialistes ne sont pas prêts pour embrasser le changement basé sur une manière de voir la politique qui n'est pas la leur, ils croient encore à la croissance basée sur des ressources naturelles qui s'épuisent et ils veulent même continuer à utiliser les hydrocarbures sans se soucier du réchauffement climatique.
La mondialisation et une Europe laissée au milieu du gué par des chefs d'état eurosceptiques et à majorité libérale vont continuer à détruire des emplois industriels ou agroalimentaires.
Et les populistes se frottent les mains.