lundi 28 octobre 2013

On est en République !



Hier, dans sa rubrique Décryptage, le Courrier picard revenait sur l'accident de Julien Dive et les réactions qu'il a suscitées, pour déplorer les attaques dont le journal a été la victime : pour beaucoup de Jeunes Populaires ou sympathisants, la presse n'aurait pas dû évoquer ce fait divers. Les commentaires sont parfois violents, injurieux. Pourtant, Dive est un personnage public : à ce titre, il n'était pas anormal, encore moins scandaleux que les journaux locaux informent leurs lecteurs.

J'ai souvent remarqué que pas mal de militants politiques font des pieds et des mains pour être dans la presse, avec photo s'il vous plaît, à condition que les articles aillent exclusivement dans leur sens, sinon leur tressent des lauriers. Drôle de comportement pour des démocrates en démocratie ! De droite ou de gauche, ils ont une conception très soviétique de l'information et une piètre idée de la liberté d'expression. Des cours d'instruction civique s'imposent !

Imaginez un peu ces militants, quelle que soit leur couleur politique, occupant un jour, d'une façon ou d'une autre, le pouvoir, exerçant des responsabilités : il y aurait de quoi s'inquiéter ! Ils ne se gêneraient sans doute pas pour pratiquer la censure, contrôler les journaux, imposer leurs papiers. J'exagère ? Non, je prolonge des comportements réels, actuels, jusqu'à leurs conséquences logiques. Heureusement que la République est solide et qu'elle ne permettra jamais ces dérives.

Autre attitude préoccupante et liberticide : la menace du recours aux tribunaux. Là encore, quand on est un homme public et qu'on fait de la politique, on doit accepter la critique, même sous sa forme la plus vive, à charge de riposter. C'est ce qu'on appelle le débat démocratique, qui est forcément rude (ce n'est pas, tant mieux d'ailleurs, une aimable conversation de salon mondain !). Certains ne l'acceptent pas, ne l'entendent pas ainsi. A la suite de mon billet "Le retour des Pieds Nickelés", j'ai eu droit, par téléphone et par écrit, aux menaces de Stéphane Monnoyer et José Ribeiro, assorties d'un ultimatum : soit j'efface le billet, soit c'est le procès pour diffamation. Je m'en moque bien sûr comme de mon premier slip. Mais la mentalité qui se dévoile à cette occasion à de quoi nous interroger !

Ce n'est pas nouveau : Daniel Wargnier, de Génération Ecologie, m'avait déjà menacé d'un procès parce que je l'avais un peu bousculé dans un chapitre pourtant jamais paru de mon livre "Les Saint-Quentinois sont formidables". Lui aussi voulait jouer du ciseau et bâillonner la liberté d'expression. Cet été, l'initiateur d'un apéro géant via Facebook (d'ailleurs raté), dont la presse locale avait abondamment parlé en son temps, m'a intimé par lettre recommandée de retirer les billets le concernant (alors que je n'avais fait que reprendre les informations dans les journaux, agrémentées bien sûr par mes commentaires acidulés). A nouveau, le monsieur a brandi la menace du tribunal.

Je ne suis pas le seul à être visé par ces réactions antidémocratiques. Lorsque Pascal Cordier annonce qu'il va porter plainte contre Olivier Tournay, conseiller municipal d'opposition (PCF) parce que celui-ci s'interroge sur le fonctionnement de sa société et émet des critiques, il n'a pas un comportement républicain. Tournay, qu'on soit d'accord ou non avec ses analyses et ses reproches, joue librement son rôle d'élu au sein d'un Conseil municipal. Cordier a la possibilité de répondre s'il le souhaite. Mais pourquoi évoquer spontanément le recours juridique ?

Evidemment, Wargnier, Cordier, Monnoyer, Ribeiro et d'autres ne sont jamais passés aux actes. De pures menaces sans suite, puisqu'elles sont juridiquement infondées. Il n'empêche que leur méthode est détestable. D'autres ne se privent pas d'attaquer devant les tribunaux, pour faire peur (le Front national est expert en la matière, mais comme ce n'est pas un parti républicain, ce n'est guère étonnant). La campagne des élections municipales ne fait que commencer, nous ne sommes pas au bout de nos peines ! En ce qui me concerne, je ne renoncerai jamais à ma liberté, je ne me soumettrai pas au bon ton, à la prétendue bienséance, au politiquement correct. Liberté de la presse et liberté d'expression sont des piliers de la démocratie. Quand quelqu'un veut interdire une façon de parler, un mode vestimentaire ou une opinion personnelle, le bon sens populaire lui rétorque, sans autre justification : on est en République ! Oui, moi aussi je veux aujourd'hui le rappeler à tous mes censeurs : on est en République !

4 commentaires:

La ferme des animaux a dit…

C'est un peu gonflé de critiquer la censure, quand vous censurez vous-même, souvent sans raison, des dizaines de commentaires par mois sur votre propre blog.

Emmanuel Mousset a dit…

La censure consiste à faire pression sur quelqu'un pour lui interdire d'exprimer son opinion. Je n'ai jamais fait ça, je n'en ai pas les moyens. Jamais je n'ai porté plainte contre un propos qui ne me convenait pas.

En ce qui concerne mon blog, en tant que responsable des billets et commentaires, je refuse de publier les attaques personnelles, les messages xénophobes ou tout simplement les interpellations stupides, qui sont en effet nombreux. Il y a quelques années, sur mon blog précédent, je laissais passer, mais le résultat n'était pas très positif.

Tout ça n'a rien à voir avec la censure. Je n'impose rien aux autres, je ne leur interdis rien, mais je suis libre chez moi, et juridiquement responsable de ce que je publie. D'ailleurs, tout anonyme, c'est-à-dire tout lâche, ne devrait pas voir ses commentaires publiés. C'est une dernière indulgence de ma part ...

Le dernier des Mohicans a dit…

"Tout anonyme, c'est-à-dire tout lâche, ne devrait pas voir ses commentaires publiés. C'est une dernière indulgence de ma part..."
Comme ce n'est pas clair, cela signifie-t-il que vous censurerez désormais tout message écrit par un anonyme ?
Si oui :
1) Ce serait bien de l'annoncer, pour que tout le monde le sache.
2) Pourquoi ne supprimez-vous tout simplement pas cette fonctionnalité sur Blogger ?

Emmanuel Mousset a dit…

C'est très clair, sauf pour les esprits obscurs. Je vais donc répéter, rien que pour vous. La réponse à votre question tient en un mot : mon indulgence, y compris à l'égard de la lâcheté. Et puis, il faut bien que ce vice s'assume ...