lundi 15 avril 2013

Mauvaises nouvelles



Je m'apprêtais à rédiger ce billet quand un journaliste de L'Aisne Nouvelle m'a appelé ce matin pour m'interroger, coïncidence, sur le même sujet : les primaires à Saint-Quentin, qui finalement n'auront pas lieu. C'est une très mauvaise nouvelle. Ces primaires, j'y tenais, je les avais demandées dès janvier, j'avais même accepté de renoncer à mon recours en vue de l'élection du secrétaire de section si ces primaires étaient organisées. Ce refus m'est incompréhensible : les primaires à Saint-Quentin, c'est la condition indispensable pour se donner un leader incontesté, rassembler les socialistes et mobiliser l'électorat de gauche. A défaut, je ne vois pas comment on peut gagner une élection municipale si difficile, dans un contexte national si peu favorable et face à un adversaire si redoutable. Il faut beaucoup d'inconscience ou d'assurance mal placée pour rejeter ainsi une procédure qui est pourtant la condition nécessaire de la victoire.

Comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, j'ai appris par la même occasion que l'élection du secrétaire de section, souhaitée par la direction nationale du parti et renvoyée après les élections municipales, n'aurait finalement pas lieu. Là aussi, pour mettre toutes les chances de réussite électorale de notre côté, il faut s'assurer d'un secrétaire de section pleinement légitime et en phase avec la direction et les règles du parti, car c'est lui qui sera chargé d'organiser matériellement la campagne des municipales et de prendre les contacts politiques avec nos partenaires. Dans la situation actuelle, avec un secrétaire de section contesté par le parti lui-même, une victoire, déjà difficile, devient encore plus difficile.

Qu'est-ce que je vais faire ? Continuer à faire ce que j'ai toujours fait, me battre sur une ligne de convictions dans l'intérêt collectif de mon parti, sans en faire une affaire personnelle. Je suis en ce moment en train de préparer un colloque sur Simone Weil, qui aura lieu à l'automne. Il y a une phrase de la philosophe que j'aime beaucoup, dont j'ai fait une règle de vie : "Il faut penser le monde comme si on n'y était pas". Dans la situation de la gauche locale, je fais abstraction de ma personne, je réfléchis en dehors de tout intérêt personnel des uns et des autres et je me demande alors ce qui serait le mieux pour gagner. Quand les êtres humains sont pris dans des passions personnelles, quand ils réagissent au sentiment, c'est fichu, on tourne en rond, on se répète, on ne pense plus rien du tout et au final on échoue.

C'est pourquoi j'ai dit au journaliste que dans les conditions actuelles, étant donné ce mauvais début de campagne, je m'interrogeais sur ma propre candidature, sur sa pertinence, sur son utilité. Faut-il se porter candidat quand on sait que celui ou celle qui aura été désigné, en l'absence de primaires, n'aura pas la légitimité ni la force politiques suffisantes pour imposer son autorité à l'ensemble de la gauche ? Faut-il se porter candidat quand on sait qu'il faudra composer avec un secrétaire de section qui n'est pas sur la même ligne politique et dont l'élection a été contestée par la direction nationale du parti ? Je n'ai pas encore les réponses, mais il serait irresponsable de ne pas se poser ces questions.

Mais j'ai une interrogation encore plus profonde, évoquée depuis longtemps, à de multiples reprises, sur ce blog : mes camarades ont-ils vraiment envie de gagner ? Imprégnés depuis toujours par une culture d'opposition, n'ayant jamais exercé de leadership municipal depuis 50 ans, ne se satisfont-ils pas finalement du rôle d'opposants à la droite et à Xavier Bertrand ? Là, ce n'est pas moi qui peut répondre à leur place mais j'écoute, j'observe, j'analyse, je m'appuie sur mes quinze années d'expérience locale et je redoute la réponse. En tout cas, un groupe politique qui aurait la victoire en tête et dans les tripes ne se comporterait pas ainsi, de façon si hésitante et si chaotique, ne serait pas à ce point absent de la scène publique. Mais je ne demanderais pas mieux que d'être démenti par les événements.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

il est clair que la section locale fait tout pour contrer le courant de la social démocratie.
Je pense que c est d autant plus facile que vous ne semblez pas faire parti d'une équipe.
Votre blog semble être celui d'un combattant solitaire, jamais vous n'évoquez une équipe, c est dommage.

Anonyme a dit…

On parie , tu seras sans problème sur la liste de BERTRAND !

Ce n' est plus une rumeur mais une certitude !!!

Marie a dit…

je ne comprends pas ce que tu fais dans cette ville.
Je sais maintenant tu y est attaché;
Je veux bien croire qu'ailleurs les socialistes sont un peu plus intelligents que ceux de St Quentin.
En tout cas tu perds ton temps et de toute façon je crois que tu as bien raison; ils sont tellement petits que le fait d'être dans l'opposition c'est déjà beaucoup;
Compare ce que tu fais pour la ville et ce que les ténors de la section STQ font...remarque on ne peut pas comparer ils font rien;
mais as tu besoin d'être dans ce parti? toutes tes activités c'est beaucoup plus que de la politique; abandonnes les, ils ne valent rien.

Emmanuel Mousset a dit…

Réponses aux trois commentaires :

1- Mon équipe, c'est le parti. Je me suis toujours interdit de créer des clans, de pratiquer le copinage qui divisent alors qu'il faut rassembler.

2- Mon camp, c'est depuis toujours la gauche, pas la droite.

3- Les socialistes à Saint-Quentin ne sont ni meilleurs ni pires qu'ailleurs. Mais ils ont une forte culture du rapport de forces, de l'affrontement interne, de l'opposition systématique qui rend difficile d'envisager une victoire dans le court terme.