jeudi 11 avril 2013

Fermez vos gueules !



Le gouvernement traverse une séquence très difficile pour lui : impopularité du chef de l'Etat, affaire Cahuzac ... C'est donc le moment, plus que jamais, où les socialistes doivent être solidaires et unis. Ce n'est malheureusement pas le cas, même si le gros des troupes demeurent fidèles. Quand on est ministre, élu ou responsable socialistes, on doit soutenir sans rechigner, on doit être aux postes de combat, pas à la traîne, encore moins en dissidence. Je suis outré par les derniers propos de trois ministres, Montebourg, Hamon et Duflot, qui se la jouent perso, qui nous font entendre leur petite musique au détriment de la cohérence gouvernementale. Je le dis comme je le pense : c'est dangereux et inacceptable.

Bien sûr, ces trois ministres, qui tiennent à leur place, se gardent bien d'utiliser le style direct dans leurs critiques. C'est aussi cette hypocrisie que je n'aime pas, cette façon d'en être sans en être, de jouer sur les deux tableaux. Leurs propos sont tout en nuance, très prudents mais tout le monde comprend qu'ils ne sont pas d'accord. Arnaud Montebourg s'en prend au "sérieux budgétaire", qu'il trouve excessif, et dénonce les politiques européennes (en incluant implicitement la politique européenne du gouvernement auquel il participe). Benoît Hamon qualifie la politique actuelle d'"éprouvante" : voilà un mot que la droite ne manquera pas de retenir et d'utiliser à son tour ! Cécile Duflot, qui n'est certes pas socialiste mais ministre, reproche aux mesures de moralisation annoncées par François Hollande d'être un "coup de rabot" (quelle image !) insuffisant.

Eh, on va où comment ça, à se distinguer d'une équipe dont on fait partie, dont on devrait partager, assumer et défendre les choix ? En un temps où l'honnêteté politique prévalait, Jean-Pierre Chevènement, l'aile gauche d'alors du parti socialiste, avait eu une formule qu'il faudrait inscrire en lettres d'or au dessus de la salle du Conseil des ministres : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne !" Chevènement a mis deux fois en pratique ce précepte, et il a quitté le PS quand il n'était plus d'accord avec sa ligne politique. Rocard, lui aussi, a démissionné pour exprimer un désaccord capital. J'aimerais qu'on en revienne à cette honnêteté élémentaire, cette cohérence intellectuelle et politique qui font qu'on ne reste pas dans une équipe dont on ne partage plus une ou plusieurs grandes orientations.

J'essaie moi aussi, à mon niveau, de mettre en conformité mes actes et mes pensées : depuis six ans, je suis en désaccord avec les choix et la ligne politique de la section socialiste de Saint-Quentin, j'ai donc refusé de participer à la liste municipale et d'avoir des responsabilités dans le bureau de la section. C'est normal, c'est logique. En revanche, dès qu'un scrutin se présente et que j'en ai la possibilité, je me présente aux suffrages de mes camarades pour infléchir et changer cette ligne qui ne me convient pas, qui me semble aller dans l'impasse.

Le parti socialiste est une organisation démocratique, où chacun est libre de ses opinions. Mais quand on endosse des responsabilités, on est tenu par des devoirs. Sinon, on redevient, comme moi, simple adhérent, entièrement libre de sa parole. Si je deviens tête de liste aux prochaines élections municipales, je ferai appliquer cette discipline politique à tous les membres de la liste, qui ne seront plus autorisés, en Conseil municipal, à émettre des avis différents de ceux décidés collectivement (et le premier de leurs devoirs sera de siéger en séance !).

Etre élu, ministre, responsable politique, ce n'est pas un métier, c'est une charge ou un mandat, qui n'a de valeur que pour la politique qu'on y mène. Personne en politique n'est irremplaçable. J'aime beaucoup Montebourg, Hamon et Duflot, ils font dans leurs ministères du bon travail, je ne souhaite vraiment pas qu'ils démissionnent. Mais par pitié, qu'ils ferment leurs gueules !

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