dimanche 28 avril 2013

24%



Un sondage montre ce matin que 24% des Français sont satisfaits de François Hollande. J'en fais partie et j'en suis fier. Pour moi, les notions de fidélité, de constance, de cohérence ont un sens, en politique comme dans la vie. Je constate et je déplore que ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a un an, il y avait 62% de satisfaits. Tomber de près de 40 points, ne me dites pas que c'est normal, que c'est justifié : rien dans ce qu'a fait Hollande n'explique rationnellement une telle impopularité, exceptionnelle en cette première année de mandat.

Mais les faits sont là. Alors quoi ? Alors n'importe quoi ! Nous vivons à une époque et dans une société où les Français ne sont satisfaits de rien, d'absolument rien. Ce qui d'ailleurs me rassure : ce qui se passe avec François Hollande se passe pareillement avec n'importe qui ou n'importe quoi. Les gens ne sont jamais contents ! Le récent débat sur les rythmes scolaires en est une illustration quasi grotesque.

Pourtant, la satisfaction est une attitude toute simple, qui consiste à reconnaître que François Hollande correspond pour le moment à ce qu'on attendait de lui, ce que je crois fermement. Objectivement, on ne peut pas dire qu'il déçoive : au bout d'un an, ses engagements de campagne ont bel et bien commencé à être réalisés. Ceux qui ne le sont pas, ou pas encore, c'est que des éléments extérieurs l'ont empêché. Il y a donc tout lieu d'être satisfait de ce gouvernement (sauf quand on est de droite ou qu'on n'a pas voté pour lui, évidemment). D'où vient donc cette baisse-record de popularité ? Ne me demandez pas d'expliquer les turpitudes, l'irrationalité et les retournements de l'opinion publique : c'est à elle de se justifier, pas à moi de le faire. En tout cas, ce serait un grand tort de lui donner toujours raison.

J'ai l'impression que nous vivons dans un monde où aucune décision politique, aucune réforme de société, aucune mesure sociale ne peuvent contenter. Imaginons qu'Hollande décide d'augmenter tous les salaires de 100 ou 200 euros, je suis persuadé que l'idée susciterait des reproches, des critiques, du mécontentement : quoi, 100 ou 200 euros, mais ce n'est pas suffisant ! Puisque tout augmente, il ne sert à rien d'augmenter les salaires, ça revient au même, le gain est nul, la hausse est épongée dans la consommation ! Et puis, c'est injuste de donner un montant identique à tout le monde, les riches en seront encore plus riches et les pauvres, comparativement, toujours aussi pauvres ! et patati et patata. (je n'exagère pas, je ne caricature pas, voyez ce qui se passe avec les rythmes scolaires : les premiers à être pour sont maintenant les premiers à être contre !).

Il n'est pas demandé grand chose à l'électorat de gauche : simplement reconnaître que le gouvernement a fait jusqu'à présent le job. Se dire satisfait, ce n'est pas forcément tout approuver, ce n'est pas accorder une adhésion aveugle à la politique actuelle, mais exprimer avec honnêteté son contentement, les choses étant ce qu'elles sont. N'y aurait-il que 1% de satisfaits (j'espère qu'Hollande ne va pas descendre jusque-là !), j'en ferais encore partie. Car j'ai le sentiment que l'insatisfaction nourrit bêtement l'insatisfaction, par mimétisme, l'influence des médias aidant. Les insatisfaits se reproduisent sans peine, par voie orale : il leur suffit d'ouvrir la bouche, comme dans les repas de famille ou les rencontres entre amis, où l'on en vient vite à médire.

C'est pourquoi les socialistes doivent être parfaitement unis, ne laisser filtrer aucune petite différence entre eux. A 24% de satisfaction, il faut resserrer les rangs, sinon c'est le suicide collectif. Ce n'est pas gagné et je suis plutôt, à mon tour, mécontent : qu'est-ce que les ténors du parti en ont à s'en prendre aussi violemment à l'Allemagne ? Ce n'est pas digne d'un parti de gouvernement ! Il est tout de même malheureux que le Premier ministre en personne soit obligé de corriger des irresponsables. Il n'est pas acceptable que Barto joue perso : pour le moment, il n'est pas chef du gouvernement mais président de l'Assemblée nationale, très bon dans cette fonction. Qu'il ne cherche pas à jouer un autre rôle ! Camba, qui est l'auteur du texte sur l'Europe, voudrait bien, lui aussi, être ce qu'il a échoué d'être, premier secrétaire du parti. Qu'il fasse son travail de député, sans chercher à affaiblir Harlem. Et que les uns et les autres n'aient qu'un chiffre en tête : 24%. Ont-ils vraiment envie que la chute continue ? Pas moi.

2 commentaires:

Marie a dit…

Satisfait ou pas ce n'est pas la question,
Ce qui est grave c est que le projet politique de FH et des socialistes ne pourra pas nous sortir du gouffre d endettement que 10 ans de UMP nous ont plongés , aidés par une Europe aux mains des néolibéraux.
Sans oublier que la France a voté contre Sarkozy et pas pour Hollande.
Seule une politique Européenne fédéraliste ecologiste et socio démocrate pourrait nous amener le printemps, or la dessus FH n'a rien à proposer.

Anonyme a dit…

La seule question qui vaille est de savoir si on peut encore gouverner quand on a 24% de satisfactions.
En théorie oui, car on est protégé par les institutions de la 5e république,
mais dans les faits,
comme on a perdu la confiance du peuple,
est-on encore légitime ?