jeudi 4 avril 2013

Un débat très rythmé



La section socialiste de Saint-Quentin organisait mardi soir une réunion publique sur la réforme des rythmes scolaires. La dernière en date portait sur la réforme des retraites, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy. On ne sait jamais comment une réunion de ce type, ouverte à tous, peut se passer. Je m'attendais à une présence importante de parents d'élèves, premiers concernés par le sujet, et des questions pratiques sur les modalités de la semaine à 4,5 jours. Pas du tout ! Le public était très politique, des militants du parti ouvrier indépendant, dont le conseiller municipal Michel Aurigny, Pozzo di Borgo, secrétaire départemental du syndicat Force ouvrière de l'Education nationale, l'ex-MoDem Stéphane Monnoyer, Jean-Robert Boutreux, de Génération écologie, et même une belle brochette de jeunes UMP, cette dernière participation étant tout à fait singulière (je n'ai jamais vu, en quinze ans de réunions socialistes à Saint-Quentin, une telle présence de militants de droite).

Je regrette l'absence, tout aussi singulière que les présences ci-dessus mentionnées, des partenaires les plus proches du parti socialiste ou les plus représentatifs : la FCPE, le SE-UNSA (en congrès à Marseille), la FSU, le SGEN-CFDT, le PCF, les Verts entre autres. Du coup, avec un tel profil de salle, le débat, néanmoins fort intéressant, a pris une tournure très particulière, très politique et même idéologique, ce qui n'est pas pour me déplaire. Et c'est d'autant plus heureux que la réforme des rythmes scolaires sera au coeur de la campagne des élections municipales (ce qui explique sans doute aussi la présence insolite et remarquée de l'UMP, qui sans rien dire aura fait parler d'elle).

Le fond du débat, c'est la conception qu'on se fait de l'école. Le vrai clivage, lors de cette réunion de mardi soir, séparait et même opposait les militants du POI, partisan d'une école qui instruit, à la Jules Ferry, aux socialistes favorables à une école plus ouverte sur la société, se chargeant aussi d'éduquer l'enfant. Pour les uns, les activités périscolaires ne servent à rien, pour les autres, elles ont leur rôle à jouer dans l'enseignement.

La racine du débat va beaucoup plus loin, dans des conceptions politiques. Pour les trotskistes lambertistes, fidèles à leurs convictions révolutionnaires, il s'agit d'étendre la lutte des classes au sein du personnel enseignant, de défendre toutes les revendications, quelles qu'elles soient, afin d'exacerber les contradictions sociales, de faire éclater le système. Vue de l'extérieur, la démarche peut sembler corporatiste, et même parfois réactionnaire (un comble pour des révolutionnaires !). Mais non : la stratégie est rigoureusement marxiste, du moins telle que Pierre Lambert l'interprétait. Voilà les non-dit, les soubassements idéologiques d'un débat par ailleurs passionnant, et dont chaque point de vue, lambertiste y compris, est parfaitement respectable.

L'intervention dont je me suis senti la plus proche est celle de Stéphane Bizeau, responsable des Francas et de la fédération de l'Aisne du parti socialiste, qui a parfaitement expliqué que le temps d'activités culturelles serait pris en charge par les associations d'éducation populaire, qui ont un savoir faire très ancien en la matière. Les invités, remarquables de clarté, Claire Leconte et Olivier Caremelle, ont bien souligné l'essentiel : que chaque municipalité mette en oeuvre l'intelligence collective pour aboutir à un projet pédagogique fort. Les jeunes Pop n'ont pas eu à intervenir : entre les partisans socialistes de la réforme et ses adversaires d'extrême gauche, il leur suffisait de compter les points. Mais le dernier mot reviendra aux électeurs en mars prochain.

1 commentaire:

Ane-Vert a dit…

"L'école qui instruit" comme la défendent les lambertistes c'est un système d'éducation qui fonctionne comme une écrémeuse et a pour fonction principale de séparer les torchons et les serviettes. Ils ne veulent pas voir le niveau d'échec scolaire qui en résulte. Si ça les indiffère c'est sans doute aussi qu'ils ont une idée très hégelienne de la révolution "nous ne sommes rien soyons tout". La jeunesse précarisée par l'illetrisme fera de bons petits révolutionnaires. Ils raisonnent un peu comme les chefs de guerre qui un peu partout dans le monde recrutent dans leurs armées des gosses privés d'école et de ce fait bons petits soldats.
Sur ce sujet relire le programme sur la réforme de l'école écrit par Marc Bloch dans la résistance peu de temps avant d'être fusillé pourrait être utile, ce texte n'a pas pris une ride, c'est dire à quel point nous sommes "révolutionnaires". J'en ai parlé sur mon blog où vous trouverez la référence