jeudi 28 février 2013

Un Hollande de droite ?



Séquence médiatique pour Xavier Bertrand : le grand jury RTL dimanche soir, la matinale de France-Inter hier (mais a-t-il jamais quitté les médias nationaux ?). Une idée commence à faire son chemin : ne serait-il pas un Hollande de droite, avec tous les espoirs que l'image suppose ? Je vois en effet six concordances :

1- Xavier Bertrand est celui qu'on n'attend pas, sur lequel on ne parie pas. C'est François Hollande deux ans avant l'élection présidentielle, écrasé par DSK et Aubry, comme le maire de Saint-Quentin par Copé et Fillon, sans parler de Juppé et Sarkozy, toujours possible ... Bref, la figure pleine de surprises et de promesses de l'outsider.

2- Comme Hollande, Bertrand a été un moment le chef du parti présidentiel, acclamé par ses militants, ce qui met des atouts dans la manche. Leçon maintes fois vérifiée en politique : pas de soutien de l'appareil, pas de victoire possible.

3- L'un et l'autre ont un parcours similaire et précieux d'élu local, d'enracinement provincial. Saint-Quentin vaut bien Tulle, et l'Aisne la Corrèze. Pas de carrière parisienne ni pour l'un, ni pour l'autre. Le terrain, en politique, ne ment pas.

4- Xavier Bertrand et François Hollande ont en commun une position atypique, décalée par rapport à la ligne médiane de leur parti : droite populaire pour le premier, gauche social-démocrate pour le second. Ils sont moins représentatifs de leur organisation que bien d'autres, mais plus ouverts sur leur électorat.

5- Les psychologies sont assez proches, très plastiques, modulables, lisses, sans arêtes ni aspérités, sans sommets ni abîmes, à l'opposé de Nicolas Sarkozy ou de DSK, de De Gaulle et de Mitterrand. Ce sont des personnalités mais pas des personnages. Ils sont modestes, accessibles (je parle de l'image qu'ils renvoient) : des monsieur-tout-le-monde dans lesquels chacun peut facilement se reconnaître, des Français moyens et fiers de l'être. Xavier Bertrand, c'est un type normal, pas un héros de roman (hélas ou tant mieux, c'est selon).

6- La ressemblance va jusqu'au physique ! Bertrand, c'est Hollande avant qu'il maigrisse. Petits de taille tous les deux, ronds de corps et d'esprit, ils ont tout pour rassurer ... et gagner. Le temps des grands hommes est terminé.

Comparaison n'est pas raison, c'est bien connu. La proximité a aussi ses limites, qui empêchent Xavier Bertrand d'être complètement un François Hollande de droite. J'en vois, là encore, six :

1- L'homme de gauche a dirigé dix années son parti, l'homme de droite environ deux ans (peut-être moins, je n'ai pas vérifié). Il n'y a pas photo, la durée les départage et les distance.

2- Xavier Bertrand a été plusieurs années ministre, jamais François Hollande, simple conseiller à l'Elysée. Mais celui-ci est énarque et celui-là assureur (je ne décide pas où se situe l'avantage ...).

3- Hollande s'est forgé un caractère politique en affrontant Jacques Chirac, sur des terres de droite. Xavier Bertrand est un héritier, celui de Pierre André. Tout lui a réussi sans avoir à combattre un adversaire redoutable (trop fastoche à Saint-Quentin de battre des tigres de papier). Il lui manque ce baptême du feu, une victoire inaugurale, un haut fait d'armes. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Mais n'est-ce pas gagner qui importe en politique ?

4- Il manque à Bertrand ce en quoi Hollande excelle : l'art oratoire des grands meetings, le lyrisme des discours. Sa voix douce, son ton posé passent très bien à la radio et à la télévision, mais en salle, devant une foule de militants, j'en doute un peu (mais je ne suis jamais allé voir).

5- François Hollande pratique l'humour avec habileté, introduisant une forme de distance à l'égard de lui-même, dédramatisant faussement le combat politique, enveloppant dangereusement son adversaire. Je ne vois rien de pareil chez Xavier Bertrand, sans doute amusant parmi ses proches (comme chacun d'entre nous), mais dépourvu de cette ironie acide, cet humour dévastateur, ce bon mot qui tue, comme au karaté existe paraît-il le cri qui tue.

6- Hollande a été béni des dieux, c'est-à-dire, en politique, des circonstances : si DSK n'avait pas fauté dans le Sofitel de Manhattan, il ne serait jamais devenu président de la République (ce qui n'enlève rien à ses qualités et à son mérite). Nous ne savons pas ce que l'avenir réserve à Xavier Bertrand, et lui non plus. Mais ça n'a jamais empêché personne d'aspirer à une haute fonction politique (ni même à une petite).

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