dimanche 3 février 2013

Oui à la culture pour tous



Quand on est de gauche, fallait-il participer hier après-midi aux assises de la culture initiées par Xavier Bertrand ? Oui, oui et oui, trois fois oui ! Oui parce que la culture est un thème favori de la gauche, et que le milieu culturel, y compris saint-quentinois, rassemble de nombreuses personnalités de gauche ; déserter ce terrain, c'est une faute politique. Oui parce que la parole était libre et que la critique a pu s'exercer (lire l'article de Guillaume Carré dans le Courrier picard d'aujourd'hui). Oui parce que les échanges étaient une mine d'idées en vue d'un programme municipal, et qu'il faut être présent dans ce genre de manifestation quand on a la volonté de se présenter aux élections.

Pourtant, aucun élu ni responsable de l'opposition n'ont participé. J'imagine les objections : ça sert à rien, tu fais le jeu de Bertrand, on te pique tes idées ... Non, non et non : en démocratie, toute consultation, quoi qu'on en fasse par la suite, sert à quelque chose ; je ne fais le jeu de personne, pas même le mien ! Mes idées ne m'appartiennent pas, je les mets au pot commun, je souhaite seulement qu'elles apportent aux Saint-Quentinois, appliquées par la gauche si possible, à défaut par la droite. Aux assises de la culture, deux responsables de gauche étaient tout de même là : René Jaffro, secrétaire de la section PCF de Saint-Quentin-Gauchy et Guy Fontaine, candidat Front de gauche aux dernières élections législatives.

L'atelier auquel j'ai assisté, la culture pour tous, était politiquement intéressant pour ce qu'il donnait à voir et à entendre : une multitude de prises de parole, des demandes parfois contradictoires entre elles, des critiques pouvant être très prosaïques, des suggestions qui ne se préoccupaient pas de leur faisabilité. C'est le lot de la démocratie, ça n'empêche pas l'exercice d'être salutaire. On comprend alors que la politique est d'abord l'art de la synthèse (donner du sens à une multiplicité informe) et la science du projet (faire de remarques et de propositions forcément ciblées un projet culturel global).

Voilà quelques idées que j'ai soumises au débat pour développer à Saint-Quentin la culture pour tous :

- La culture pour tous commence là où tous se retrouvent, dans la rue. Les arts de la rue (théâtre, chanson, peinture, cirque ...) doivent avoir leur place dans une manifestation spécifique, au sein d'un quartier par exemple, ou d'une artère principale.

- J'ai visité cet été le musée mobile de Beaubourg à Cambrai, qui exposait des chefs d'oeuvre de la peinture moderne. Pourquoi ne pas faire venir ce type de structure sur la place de l'Hôtel de Ville, en mobilisant plusieurs partenaires (établissements scolaires, centres sociaux, associations, etc) ? A ce propos, le clivage entre culture locale et parisianisme, entendu pourtant à plusieurs reprises, me semble complètement fallacieux.

- Les lieux de culture ne se suffisent pas à eux-mêmes. Il faut les irriguer par le biais d'associations ad hoc, les amis du musée, les amis de la bibliothèque, etc, qui réunissent les usagers, les impliquent dans ce qui se fait et permettent d'élargir leur cercle. Au cinéma, il manque une association de cinéphiles organisant un ciné-club (avant, c'était Objectif cinéma qui occupait ce créneau, aujourd'hui délaissé ; à ne pas confondre avec le ciné-philo de Rencontre Citoy'Aisne, proposant certes des films de qualité, mais sans ambition d'analyse cinéphile).

- Beaucoup de villes de la taille de Saint-Quentin, parfois moins importantes, disposent d'un café associatif et culturel, lieu de rencontre, de débat, d'exposition, de musique et de petit théâtre, avec des missions d'insertion professionnelle et d'éducation sanitaire et sociale (bar sans alcool). Notre ville aurait tout à profiter d'un tel projet.

- Les grandes villes ont leur "nuit blanche". Saint-Quentin organise bien sûr la nuit des musées et le jour de la musique. Mais la "nuit blanche" mobilise la culture sous tous ses aspects ... peut-être pas chez nous jusqu'à 6h00 du matin.

- Il n'y a pas de salle de conférences vraiment adaptée. En cas de grande affluence, le repli sur Fervaques n'est pas satisfaisant : mauvaise acoustique et sièges inconfortables. A la bibliothèque municipale du centre ville, les conférences se font dans le hall d'entrée, au milieu des va-et-vient et des bruits d'enregistrement du prêt. Pas génial ! L'été, sous les verrières, c'est l'étuve. La salle de projection est toute petite, une quinzaine de places maximum, et des conditions techniques qui ne mettent pas en valeur les films (on se croirait chez soi, devant une grande télé). Pour le reste, la bibliothèque Guy-de-Maupassant est magnifique.

- Le livre est l'un des principaux vecteurs de diffusion et d'initiation à la lecture. L'opération "Lire et faire lire", organisée par des associations agréées, fait appel à des bénévoles retraités pour donner à de jeunes enfants le goût de la lecture. Une idée à creuser. Une autre opération, originale, à destination des adultes, consiste à "lâcher" des ouvrages dans des lieux publics, qui seront pris, lus et de nouveau livrés au hasard de la découverte, le tout selon des modalités précises (lieu, lancement, retour). C'est amusant et instructif.

D'une façon générale, il ne faut pas centrer la culture sur elle-même, mais la relier à d'autres domaines qui, a priori, lui sont étrangers, à tort : le sport, par exemple. Puisque Saint-Quentin se spécialise dans l'espace (l'école d'ingénieurs) et dans l'image (le BTS audio-visuel du lycée Henry-Martin, la future cité de l'image), voilà deux thèmes qui ont des conséquences culturelles à exploiter. Si la culture est pour tous, c'est que tout est culture, d'une certaine façon.

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