mardi 5 février 2013

Un chef, vite !



Le Monde du 30 janvier évoque un rapport de Terra Nova sur les "primaires de conquête", c'est-à-dire le dispositif présidentiel des primaires citoyennes adapté aux prochaines élections municipales. Harlem Désir et la direction du parti socialiste encouragent à cette modalité de désignation des têtes de liste, lorsque les situations locales l'exigent. Là où la gauche est dans l'opposition, là où son électorat a besoin d'une forte mobilisation, ces primaires sont recommandées. Saint-Quentin entre tout à fait dans ces critères. Après le renoncement aux alliances avec l'extrême gauche (pratiquement acquis), mon combat politique porte maintenant sur l'organisation de primaires dans la ville. Ce que j'ai fini par obtenir sur le terrain des alliances, pourquoi ne l'imposerai-je pas également au niveau des modalités de désignation de la tête de liste ?

Mes arguments sont imparables. On ne va tout de même se payer le ridicule d'une tête de liste désignée par une vingtaine d'adhérents ! (c'est la jauge mesurée lors de l'élection du secrétaire de section). S'en satisfaire, ce serait bien mal augurer de la dynamique ultérieure, difficilement envisageable dans ces conditions. Sans parler de l'effet "Holiday on ice" : le secrétaire de section avait déclaré à L'Aisne Nouvelle que ses 22 voix auraient pu être améliorées si un adhérent n'était pas allé, le jour du vote, au célèbre spectacle de patinage artistique sur glace à Paris. En effet, à quelques unités près, ne se déplaçant pas pour des raisons privées, le résultat peut être faussé. Lorsqu'il s'agit de se choisir la tête de liste pour les élections municipales, le défaut est de taille. Seul le recours à l'électorat des primaires, qu'on peut espérer à un millier de Saint-Quentinois, rendra le résultat incontestable, avec ou sans patinage sur glace.

Les "primaires de conquête" ont un autre avantage, celui d'obliger les candidats à signer un accord préalable de respect mutuel, qui leur interdit de critiquer publiquement les concurrents. A Saint-Quentin, nous en aurions bien besoin ! Enfin, un parti qui a pour ambition de gérer une ville de 60 000 habitants doit être en capacité d'organiser cette primaire. Sinon, il ne faut pas qu'il espère que les électeurs lui fassent confiance : quand on ne sait pas gérer sa propre boutique, pas la peine de vouloir en gérer une autre, beaucoup plus complexe !

La gauche à Saint-Quentin est un canard sans tête. Il lui faut d'urgence un leader. A défaut, elle perdra une nouvelle fois, la quatrième fois consécutive, les élections municipales. Xavier Bertrand est en campagne ; si le PS ne se donne pas vite un chef, la distance sera trop importante à rattraper. Aujourd'hui, c'est la droite qui occupe le terrain, parce qu'elle a une tête qui est visible, qu'on repère. Qui et quand à gauche ? Le rapport de Terra Nova préconise des "primaires de conquête" les 6 et 13 octobre 2 013. Il propose de les ouvrir à tous les partis de la majorité présidentielle, du MoDem au PCF : j'approuve ces deux modalités, même si, dans l'idéal, je préférerai que les primaires aient lieu avant les vacances d'été, en mai par exemple, pour ne pas perdre un précieux temps. La date dépend du choix et de la volonté politique des sections (mais avez-vous déjà vu un canard sans tête faire preuve de volonté politique ?).

Du point de vue de la méthode et de sa chronologie, je n'ai pas varié depuis la catastrophique expérience de 2 007 : le PS doit d'abord se donner un leader et ensuite réfléchir à son projet. Sinon, ce seront des discutailleries sans fin, pour rien, sans l'arbitrage politique de personne (il en faudra pourtant, sur certains sujets, comme l'avenir de la zone franche, l'utilisation de la vidéo-surveillance, la gestion de l'emploi public au sein de la Municipalité, questions sur lesquelles les opinions entre socialistes peuvent varier). En l'absence de chef déclaré, l'espace médiatique sera occupé par les branquignols de service, Ribeiro 1, Ribeiro 2 et Monnoyer, qui amuseront la galerie et desserviront la gauche dont ils se réclament. Est-ce cela qu'on veut ? Pas moi ! Vivement les primaires, vite un chef !

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