lundi 18 février 2013

Ces gens-là



Travailleurs immigrés, sans papiers et demandeurs d'asile ne seront sans doute pas au coeur de la campagne des prochaines élections municipales. L'ASTI, qui tenait hier son assemblée générale à Saint-Quentin, a traité l'an dernier 53 dossiers. Ce n'est pas une raison pour s'en désintéresser. Aucun élu ou responsable de gauche n'était présent. C'est pourtant un sujet auquel tient beaucoup la gauche, dans un milieu associatif largement acquis à ses idées, militant souvent à ses côtés.

Parmi les problèmes évoqués, il y a le 115, numéro d'urgence pour les gens à la rue, les aider à trouver un logement provisoire, dans deux hôtels de la ville. Pour la première fois, l'ASTI n'a pas pu faire face à la demande. La présidente, Jocelyne Nardi, est marrie de la réponse que lui a faite l'adjoint aux affaires sociales : "Les Saint-Quentinois ne comprendraient pas qu'on utilise leurs impôts pour ces gens-là". L'hébergement en hôtel pose une autre difficulté : interdiction de faire de la cuisine. Du coup, l'ASTI livre des repas froids.

Même déconvenue de la présidente à l'égard de la préfecture de l'Aisne, qui n'a pas tenu compte du rallongement de la trêve hivernale, ni de la bienveillance prônée par la circulaire Valls en matière de régularisation des demandeurs d'asile. A propos du ministre de l'Intérieur et de l'image parfois droitière qu'il donne, l'ASTI n'a affiché aucune critique ni hostilité, contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre.

Une petite victoire cependant : la préfecture accepte de revenir sur la domiciliation à Laon des demandeurs d'asile, qui les obligeait à s'y rendre le mardi, entre 10h00 et 12h00. Vraiment pas pratique quand on n'a pas de véhicule et pas beaucoup d'argent pour se déplacer.

Un point noir qui subsiste : la scolarisation, dont est chargée Viviane Caron. En attente d'une formation, les jeunes intègrent le dispositif "Compétence plus", qui n'est pas adapté à leur situation. Les établissements scolaires ne sont pas toujours empressés de les accueillir, craignant que leurs statistiques de réussite aux examen n'en pâtissent. Enfin, à 18 ans, ils sont expulsables. Les cours de soutien, d'apprentissage du français, proposés par l'ASTI le mercredi après-midi, n'ont pas lieu pendant les vacances, les neuf bénévoles, pour la plupart grands-parents, s'occupant alors de leurs petits-enfants !

Il arrive que des sans papiers se retrouvent au centre Cordier, parmi les SDF, alors que les problématiques sont différentes. Avec famille et enfants, les problèmes récurrents sont le logement, l'éducation et la santé. La complexité des démarches administratives pousse souvent au découragement. Au niveau local, trois propositions pourraient être avancées :

- Un lieu d'accueil des familles, notamment pour la cuisine. Le local de l'ASTI, rue Sainte-Catherine, est vaste mais vétuste et mal adapté.

- Un appel à bénévoles pour l'apprentissage des enfants pendant les vacances scolaires.

- La mise en réseau ou en partenariat de l'ASTI avec d'autres structures, sur le mode de RESF (réseau d'éducation sans frontière), afin que l'association sorte de l'isolement.

Je sais bien que "ces gens-là" ne rapporteront pas beaucoup de voix, peut-être même en feront perdre, mais ce serait l'honneur de la gauche d'en parler et de les intégrer à son projet.

Hormis Jocelyne Nardi et Viviane Caron, les responsables de l'ASTI saint-quentinoise sont Claudette Lemire et Marcel Ouillon, membre de la commission juridique, Henri Bailleul pour l'accompagnement social et Maurice Gomis, salarié chargé de la médiation. Pour information, le traditionnel repas africain aura lieu cette année le 12 octobre, au centre social Artois-Champagne. En présence de la gauche, c'est à souhaiter ...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'Etat se repose sur les associations d'aide à la personne. La profusion d'associations montre combien le désengagement de l'Etat est grand dans l'aide social.
Il y a bien des suventions qui sont données mais c est quand meme honteux qu il y ait en France besoin d autant d associations pour rendre la vie du peuple plus supportable.
Les associations connaissent les mesures à prendre, les lois à voter pour que cela change mais rien y fait, l'Etat me fait honte. gauche ou droite, même hatitude du pouvoir.c'est probablement pour cette raison que les représentants politiques locaux ne viennenrt pas, ils n ont rien à proposer.