dimanche 29 juillet 2012

Batman ne meurt jamais



Je suis allé voir ce matin le dernier Batman, The Dark Knight rises, de Christopher Nolan : même choc, même éblouissement que pour le premier, en 1989, de Tim Burton. Depuis, je n'ai pas raté un seul Batman. Chez moi, j'ai même organisé un petit culte à mon grand héros, une collection d'objets Batman, achetés, récupérés, offerts depuis une vingtaine d'années, dont vous voyez en photo une partie seulement. Quand j'étais lycéen, mon prof de philo m'avait dit qu'un film l'avait fasciné au point d'aller le voir une douzaine de fois au cinéma : Il était une fois dans l'Ouest, de Sergio Leone. A l'époque, en 1978, ça me semblait bizarre qu'un prof de philo cède à une telle passion. Aujourd'hui, je comprends.

Pourquoi j'aime Batman ? D'abord parce que les premiers films renvoient à une période de ma vie, les années 90, où je découvrais les Etats-Unis d'Amérique (j'y ai fait six grands voyages), qui exerçaient sur moi une véritable fascination, à partir d'une question, d'une énigme : comment un pays de voyous et de fanatiques religieux, massacreur d'indiens et auto-destructeur (la meurtrière guerre de Sécession) a-t-il pu devenir en quelques décennies une puissance mondiale, qui s'impose sur toute la planète non seulement par les armes mais par les produits ? Je n'ai toujours pas trouvé de réponse convaincante ... Batman, pour le meilleur et pour le pire, c'est l'un des symboles de cette grande Amérique.

Ensuite, j'aime Batman parce que ce héros tranche complètement avec les super-héros un peu niais, manichéens, nationalistes, genre Superman. La "chauve-souris" est un personnage complexe dont la psychologie est déchirée entre le bien et le mal, ce qui en soi n'est pas très américain. De plus, Batman contient à la fois une exaltation mais aussi une dénonciation des valeurs, de la culture américaines. Un anti-américain peut aussi y trouver son compte. C'est cette subtilité, cette ambiguïté de l'oeuvre qui m'intéressent.

Enfin, les Batman sont tous porteurs d'une très belle esthétique, originale, qui d'ailleurs se recrée d'un réalisateur à l'autre. Il y a quelque chose de fort, de puissant dans cette saga. Ce matin, dans la salle du multiplexe, il y avait beaucoup de gamins et d'ados. Quelle erreur ! Batman c'est comme le porno, ce n'est surtout pas fait pour les enfants, qui ne doivent pas y comprendre grand chose.

The Dark Knight rises fait ressortir tous les maux et tous les fantasmes de l'Amérique contemporaine : la délinquance, le terrorisme, la crise financière, la violence et la folie des hommes, les inégalités sociales, la guerre civile, le cataclysme nucléaire. C'est un grand film superbement décadent, apocalyptique, biblique comme tout ce qui est américain (mais pas du tout évangélique). C'est le dernier de la trilogie de Nolan, mais ce n'est pas la fin, "il" reviendra : Batman ne meurt jamais.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

les ennemis sont toujours des citoyens normaux qui ont souffert dans la société, sont devenus des victimes, et qui rancuniés veulent la détruire.
La société crée des monstres.

Batman a lui aussi subit un traumatisme (comme tout les supers héros).
il est milliardaire mais utilise sa fortune pour lutter contre le mal. C est le bon capitaliste sauveur des opprimés et protégeant la planéte.

Emmanuel Mousset a dit…

Votre dernière phrase est un oxymore.

kikidonc a dit…

"comment un pays de voyous et de fanatiques religieux, massacreur d'indiens et auto-destructeur (...) a-t-il pu devenir en quelques décennies une puissance mondiale, qui s'impose sur toute la planète non seulement par les armes mais par les produits ?"
La réponse n'est-elle pas en partie incluse dans la question?