jeudi 19 juillet 2012

Le non-cumul des pouvoirs



J'ai pris ce matin mon petit déjeuner avec Xavier Bertrand. Pareil avant-hier. Non, ce n'est pas ce que vous croyez, je ne suis pas devenu un intime, c'est à cause de la radio : l'ancien ministre était l'invité aujourd'hui du journal de France-Inter, comme mardi de celui de RTL. Si j'étais un fidèle des chaînes télé, je suis sûr que je le rencontrerai chaque jour, au déjeuner et au dîner. Sans même parler de la presse ! Dans L'Aisne Nouvelle d'hier, il damait le pion à Anne Ferreira, vice-présidente chargée à la Région de l'enseignement supérieur, en annonçant l'ouverture d'une école d'ingénierie des sciences de l'aérospatiale à Saint-Quentin. Star Wars ! En revanche, c'est la paix avec Gewerc et Daudigny, Xavier Bertrand prônant désormais le "travailler ensemble" ...

Parmi mes désaccords politiques avec le maire de Saint-Quentin, il y a le non-cumul des mandats : il veut garder la possibilité pour un député d'être maire, au nom de l'ancrage sur le terrain. Je pense au contraire qu'il faut séparer ces mandats, du moins pour les premiers magistrats des grandes villes, qui peuvent difficilement satisfaire aux deux charges. Quant au fameux terrain, il s'acquiert autant au contact d'une circonscription que d'une localité, dans les permanences d'un député que dans le bureau d'un maire.

Mon seul point de convergence avec Xavier Bertrand, c'est de dire qu'il ne sert à pas grand chose de limiter les mandats si le député devient premier adjoint, faisant à peu près tout comme s'il était resté maire. C'est pourquoi la question du non-cumul doit être traitée moins quantitativement que qualitativement : ce n'est pas le nombre de mandats qui pose problème, c'est leur importance. Pour les élus qui ne sont pas parlementaires, je parlerais plutôt de non-cumul des pouvoirs, c'est-à-dire des charges exécutives. Etre maire ou adjoint d'une grande ville ET président ou vice-président d'une collectivité, c'est trop, ça ne va pas. Que des individus en soient néanmoins capables, je n'en doute pas, mais n'est pas Napoléon, faisant plusieurs choses en même temps, qui veut.

Surtout, il y a un objectif qu'on évoque assez peu : en matière de classe politique, en France beaucoup trop restreinte, il faut élargir l'assiette, comme on dit en termes fiscaux. Je suis toujours surpris, dans une réunion d'élus et de responsables, de constater que tout le monde se connaît, le plus souvent depuis très longtemps. Il y a une endogamie de notre classe politique, un entre soi de mauvais aloi. Il faut ouvrir les portes et les fenêtres, recruter, renouveler, il faut mieux répartir les responsabilités et les pouvoirs. La classe politique ne doit pas être en République une élite ou un club, aussi éminents soient-ils, mais un service public où les charges sont accessibles à tous, où la cooptation est exclue, où la durée des mandats ne devrait pas couvrir trop de temps. Montesquieu à son époque a pensé la séparation et la limitation des pouvoirs, immense progrès. Il faudrait maintenant songer à leur distribution et à leur non-reconduction. Immense programme !

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