mardi 3 juillet 2012

Une vie au Sheraton



A 24 heures de mon depart de Djibouti, je ne vous ai pas encore parle de la vie dans l'hotel Sheraton, qui est devenu en trois semaines ma chambre et ma cantine. C'est ce qu'on appelle un grand hotel, avec un sol de marbre a l'entree. Mais le standing a ete depasse par le Kempinski, qui merite, lui, le nom de palace(j'y suis alle prendre un verre). Sheraton, c'est d'abord un batiment hyper-securise, avec barriere, guerite et soldats armes. Passe ce premier barrage, il faut se soumettre au detecteur de metaux, au cas ou l'un d'entre eux aurait un chargeur et des balles, voire une simple lame. A l'interieur, dans le hall, le garde du corps du directeur dissuade tout mouvement d'humeur.

A quoi reconnait-on le luxe de ce type d'etablissement ? Sa piscine, sa plage privee, sa vue sur mer bien sur. Son bar aussi, tres grand, qui accueille presque chaque soir un petit orchestre et une chanteuse. Surtout, ce sont les chambres. La mienne, 615, est a l'etage des VIP. Si je vous dis qu'elle est magnifique, ca ne vous dira pas grand chose. C'est par les details, comme en toutes choses, qu'on peut juger : le peignoir, le coffre-fort personnel, le fil au dessus de la douche pour etendre son linge, l'employe qui passe chaque fin d'aprse-midi pour voir si tout va bien ...

Le personnel, justement : ils sont toute une armee, j'ai l'impression d'en voir derriere chaque porte, qui du coup s'ouvre toute seule sur mon passage. On a plus affaire a des domestiques qu'a du personnel de service. Souriants, serviables, meme si parfois il faut attendre un peu avant d'avoir ce qu'on veut, parfois aussi le repeter pour l'obtenir. Mais nous sommes en Afrique ... Certains m'appellent Monsieur Emmanuel, l'emploi du prenom etant d'usage.

Autre signe de distinction : le buffet, qui est royal et qui incite aux abus alimentaires, dont mon ventre ne s'est pas prive pendant le sejour (tant pis pour mes lecteurs moralistes qui vont encore me tancer, a juste titre). Je retiens egalement les odeurs : d'abord celle du tabac, puisqu'ici fumer est autorise. Mais surtout l'odeur completement singuliere d'une sorte d'encens que le personnel fait bruler un peu partout pour chasser ... les odeurs. Au bord de ma fenetre viennent parfois s'accrocher des perroquets : pas de doute, nous sommes bien en Afrique !

Ne croyez pas que les clients soient de richissimes personnages. Les riches vont au Kempinski. Non, les principaux usagers sont ... des militaires allemands qui se baladent en uniforme kaki. L'Allemagne a une base mais pas d'hebergement. C'est donc le Sheraton qui fait office. Il s'en degage une curieuse atmosphere, qu'on ne s'attend pas a trouver dans ce type d'endroit. Des informaticiens italiens sont aussi de la partie, mais peu nombreux. Et bien sur les quatre profs de philo francais, qui detonnent un peu.

On se fait a tout, meme au confort. Au debut, j'etais fascine par la baie de Tadjourah sur laquelle donne ma fenetre de chambre, devant laquelle je m'installais pour lire et mediter. Aujourd'hui, je n'y fais plus attention, je m'en detourne. Il n'empeche que j'ai pris mes habitudes dans cet hotel, que je me verrais bien maintenant y continuer ma vie, toute une vie au Sheraton. Mais demain ce sera fini.

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