dimanche 1 juillet 2012

Nuit a Tadjourah



J'ai pris ce matin une vedette pour traverser la baie de Djibouti et me rendre dans la ville de Tadjourah. La mer, les vagues, la vedette petite et rapide, j'apprehendais un peu, je n'ai pas trop le pied marin. A tort : c'etait un moment delicieux, 45 minutes a filer sur les flots dans un bateau tres rudimentaire, comme ceux que les enfants creusent en miniature dans le bois, mais equipe d'un moteur, tres stable sur une mer tres calme. Me voila reconcilie avec la navigation !

Tadjourah, c'est l'endroit ou a vecu pendant un an Arthur Rimbaud, qui attendait une livraison d'armes dont il faisait trafic. Il n'en reste plus grand chose, seulement un cercle de pierres a l'emplacement de sa cabane, pres d'un puit. J'ai quand meme vecu, par la force de l'imagination, mon moment rimbaldien. Je me suis lu quelques poemes face a la mer mais je n'ai touche a aucun fusil.

Nous avons ete accueilli par le proviseur du lycee technique, vetu d'une fouta, une sorte de kilt africain, le Coran bien en vue sur son bureau. Il nous a poliment quittes au moment de la priere, qu'il a faite a quelques metres de nous, devant la porte d'entree, puis nous a rejoints cinq minutes plus tard, comme si de rien n'etait. Je n'ai pas pu m'empecher d'imaginer mon propre proviseur Monsieur Meitinger dans ce role !

Le lycee, que le chef d'etablissement nous a fait visiter, a ete construit par une entreprise chinoise. Celle ci n'a pas fait gaffe, elle a bati sur le passage de l'ecoulement des eaux de pluie, qui ne tombent pas souvent mais font des degats. Des machines outils ont ete installees mais n'ont pas encore servi parce que tout n'est pas fini et les fonds sont incomplets. Elles reposent sous des baches recouvertes de dejections de pigeons et seront probablement inutilisables, a cause du sable qui s'infiltre ! C'est ca aussi l'Afrique ... A cote, un lycee d'enseignement general sort petit a petit de terre. Mais il manque de professeurs de philo. Et si je m'installais ici ? A moins que pour regler le probleme du recrutement, la philosophie ne soit tout simplement supprimee du secondaire dans quelques annees ...

Les rues de Tadjourah sont livrees aux enfants et aux chevres. Ces animaux sont incroyables, capable de bouffer n'importe quoi, presque les cailloux. Tout respire ici l'Islam : 25 000 ames, sept mosquees. Sous la chaleur encore plus ecrasante qu'a Djibouti, je comprends mieux pourquoi le Coran nous parle tant d'un paradis fait de jardins et de ruisseaux, pourquoi aussi le destin pour un musulman est entierement entre les mains d'Allah : on ne peut rien contre la chaleur qui envahit tout, sauf quand une legere brise venue du large apporte un tres modeste rafraichissement. Mais la encore, l'homme n'y est pour rien, c'est le Tres Haut qui decide.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez souvent dit que vous n'eprouviez pas le besoin de voyager pendant les vacances, c'est dommage car lire votre carnet de route est tres interessant, on aimerait avoir votre ressenti sur bien des regions du globe.

Anonyme a dit…

"Mais la encore, l'homme n'y est pour rien, c'est le Tres Haut qui decide. "..à condition qu'il existe ,ce à quoi je ne crois pas et ça me repose