vendredi 27 juillet 2012

No sport



C'est parti aujourd'hui pour quinze jours de JO barbants ! Dans quelques siècles, les historiens qui se pencheront sur notre époque seront stupéfaits de constater que la grande religion universelle de notre temps était le sport. Autant vous dire que je suis athée de cette religion-là, et même anticlérical ! Personne n'ose le dire : le sport est dangereux, le sport tue. Ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est une très sérieuse étude de l'Inserm, par Xavier Jouven, chercheur en cardiologie (citée par Iegor Gran dans Charlie hebdo du 18 juillet dernier, "Ce footing dont on ne revient pas") : le sport fait 800 morts par an, des types en bonne santé, 46 ans en moyenne, sans antécédents cardiaques.

Un vrai scandale sanitaire, presque autant de victimes que la grippe, contre laquelle on mobilise toute une campagne de prévention. Mais contre le sport mêmement mortel, rien du tout ! Pire : les pouvoirs publics participent au crime en encourageant la pratique sportive dès l'école, sous prétexte de santé, comble de l'absurdité ! Heureusement, 30% seulement des Français ont une activité physique régulière, d'après les statistiques connues : le sport est une religion qu'on pratique affalé devant sa télé. Imaginez un peu que cette activité soit effective et répandue : les 800 morts seraient très largement dépassés, ce serait l'hécatombe !

Attention : je ne parle pas desexcès dans le sport, formule qui n'a d'ailleurs aucun sens. Par définition, le sport est excessif, puisqu'on pousse son corps à faire une activité que normalement il ne ferait pas. Le sport n'est pas dans la nature de l'homme. Notre corps est fait pour les plaisirs de la table ou du lit, pas pour souffrir dans un exercice sportif. La preuve : les animaux, plus sages que nous sur ce point, ne font pas de sport. Les grandes civilisations ont honoré l'art, la spiritualité, la science, jamais le sport.

A l'époque contemporaine, Nicolas Sarkozy, en donnant le footing comme modèle de vie, entraînant son Premier ministre à sa suite, n'a pas été un bon exemple. Aucun président précédent n'avait osé commettre une telle erreur. Pourtant, un malaise vagal lui a adressé, en vain, un sérieux avertissement. Je pense à mon malheureux camarade Olivier Ferrand, dont j'ai appris la disparition alors que j'étais à Djibouti : 42 ans, en pleine forme, venant juste d'être élu député, quelqu'un de prudent, de raisonnable, terrassé à l'issue d'un simple footing ! Mais personne n'ose remettre en cause la grande religion, le sport.

Et puis, il y a cet autre argument contre le sport : la laideur, l'excentricité de ses tenues et postures. Les joggeurs en sueur, écarlate, la chair qui ballote de partout, quelle horreur ! Et les cyclistes déguisés en extra-terrestres, quel ridicule ! Churchill avait raison quand on lui demandait le secret de sa santé, de sa longévité et de sa bonne humeur : no sport, répondait-il ! Les sportifs sont les tristes ascètes d'aujourd'hui, qui ne l'avouent pas, à la différence de ceux d'autrefois.

Il n'y a qu'une seule activité physique honorable, naturelle et nécessaire (mon médecin me la recommande) : la promenade, que personne ne pratique plus, à part Alain Gibout à Saint-Quentin. Je dis bien la promenade, à la Jean-Jacques Rousseau, une heure de déambulation tranquille, de préférence dans la nature. La marche, elle, est dangereuse et désignée comme telle par le rapport de l'Inserm plus haut cité (surtout pour les plus de 60 ans). Je déteste tout particulièrement cette nouvelle mode de marche nordique, avec ses bâtons de ski sans neige. Tant pis si en rédigeant ce billet j'ai commis un blasphème, un sacrilège contre la nouvelle religion !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

le plaisir à pratiquer un sport collectif chaque semaine avec ses copains.
le plaisir à pédaler en campagne à la fraiche ou en foret.
le plaisir à ramer sur un cours d'eau en equipe.
Le plaisir à disputer un match de tennis.
Le plaisir à saisir la bonne vague qui va vous faire surfer sur une belle plage.
Le plaisir à pratiquer un sport, vous n avez jamais entendu parlé ?
Ne croyez pas que les citoyens prennent du plaisir à souffrir, ils prennent surtout du plaisir à se dépenser en s'amusant aprés une journée abrutissante de classe, de bureau ou d'usine qui met souvent à rude épreuve leur santé psychique.
On parle bien de (jeux) olympiques , il y a bien notion de s'amuser, de se divertir.
Votre étonnant et risible plaidoyé contre le sport révele simplement votre frigidité au sport. Par contre j avoue qu il m a donné bien du plaisir.

Lormont a dit…

Il faut admettre que,pour les allergiques au sport spectacle, les épreuves on été dures ces dernières semaines:tournoi de rugby, euro foot avec ses gentlemen, Roland Garros, Wimbledon,Tour de France(qui permet toutefois d'admirer de merveilleux paysages)et, apothéose, les J.O. Ils implorent pitié, n'en peuvent plus, le souffle court et savent pourtant que, une fois le calme revenu sur Londres,il faudra compter sur la reprise des joutes du ballon rond et que ce n'est pas demain qu'on va leur foot la paix