mardi 17 juillet 2012

Bertrand en opposant



C'est toujours une métamorphose incertaine, pour un homme politique, de passer du pouvoir à l'opposition. Comme les entrées et les sorties au théâtre ou bien les victoires et les défaites dans la vie, il faut la réussir. François Hollande défend un principe : se comporter dans l'opposition comme si on était majoritaire, et dans la majorité comme si on était un opposant. Bref, l'homme politique doit être les deux à la fois, indistinctement. Celui qui, au pouvoir, se repose sur ses lauriers ou celui qui s'enrage dans l'opposition à tout contester, ces deux-là ne font pas de politique : le premier gère, le second proteste.

Cette réflexion me vient après avoir regardé hier les passages de Xavier Bertrand à la télévision et entendu ce matin son interview sur RTL. Il a été aux responsabilités nationales depuis près de dix ans, secrétaire d'Etat, ministre, chef du parti présidentiel : comment est-il, que devient-il en opposant ? On pourrait d'abord penser que sa voix douce, son allure calme, ses propos souvent très techniques le prédisposent plutôt à gouverner qu'à s'opposer. Oui, s'il n'y avait ce pas déterminé de l'homme qui prend son temps parce qu'il sait où il va, et surtout ce regard qui plonge dans votre regard et qui ne s'en laisse pas compter.

Pour la gauche, Xavier Bertrand sera un adversaire redoutable. Dans son combat en faveur des heures supplémentaires, il me fait penser aux mousquetaires de la droite défaite en 1981, Séguin, Madelin, Longuet, Léotard, qui se battaient envers et contre tous, à l'Assemblée nationale, contre les nationalisations. Certes, Bertrand ne fait pas dans le lyrisme ni le panache. C'est beaucoup plus dangereux : la lame du samouraï qui vous rentre doucement et froidement dans le ventre (ok, mon image est un peu forcée, mais je n'ai trouvée que celle-là).

Xavier Bertrand est né à la politique dans l'opposition aux communistes de Saint-Quentin, quand ils tenaient la municipalité. C'est là qu'il a fait ses premières armes. C'est donc un opposant d'origine. Encore aujourd'hui, à la tête du conseil municipal, à l'égard de son opposition de gauche et d'extrême gauche, il se comporte plus en opposant qu'en majoritaire, ne cessant de guerroyer contre elle, parfois plus qu'elle contre lui. L'homme est aguerri.

A Djibouti, le jour du second tour des législatives, je demandais à une collègue d'Amiens, ne sachant de Xavier Bertrand que ce qu'elle en voit dans les médias, ce qu'elle pensait de lui. Elle est de gauche, vote écolo ou NPA, jamais à droite, n'y pense même pas : "Bertrand, on ne le voit pas battu, il a l'air compétent et convaincant" (c'est une agrégé de philo, elle fait très attention aux mots qu'elle emploie). Cette appréciation vaut ce qu'elle vaut mais elle mérite d'être écoutée. Xavier Bertrand s'est créé une image médiatique positive, au-delà de ses partisans. Il la gardera dans l'opposition.

Cette dimension nationale, cherchera-t-il à la consolider en se lançant dans la bataille pour la direction de l'UMP ? Il dit qu'il y réfléchit, ce qui signifie qu'il en a très envie mais qu'il doit s'en donner les moyens. Il y a quelques semaines, Xavier Bertrand affirmait qu'il était dans une "logique de soutien" à François Fillon. On voit bien qu'il n'en est plus là. Localement, il n'a pas trop à s'en faire, sauf grosse gaffe de sa part ou de son camp. Donné battu après le résultat des présidentielles, il a redressé la barre aux législatives sur son seul nom. Qu'est-ce que ce sera pour les municipales ! A moins d'une gauche qui change du tout au tout, s'interroge sur sa succession de défaites, se donne d'autres hommes, d'autres méthodes, d'autres alliances et un projet ... Ca fait beaucoup.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Beaucoup le prefere comme maire que ministre.
Il semble gérer correctement la ville et il a toujours fait la promotion de st quentin en usant de son influence pour aider à la rénovation de cette petite ville.
L argent ne semble pas dilapidé dans des projets farfelus.
Il manque une industrie generatrice d emploi dans st-quentin ou sa region mais sans aéroport et tgv, aucun maire ne réussira à séduire les grandes entreprises. Nos attraits touristiques sont également pauvres.
On préfére xb gestionnaire que politicien. les résultats électoraux sont clairs, les st quentinois ont voté à gauche aux présidentielles mais xb quand il s'agit de gérer les interets locaux.