vendredi 13 juillet 2012

Diogène à la plage



L'idée n'est pas de moi mais de la directrice de la bibliothèque Guy-de-Maupassant à Saint-Quentin : proposer aux lecteurs, pendant l'été, un cycle de quatre conférences-débats philosophiques. C'est osé parce que forcément un peu austère, même si je mets toute ma pédagogie en oeuvre pour rendre les penseurs accessibles et actuels. Nous avons choisi ensemble les sujets : les philosophes cyniques, les Pensées de Pascal, Frédéric Nietzsche, la philosophie contemporaine. Philo à la plage, puisque ce programme s'inscrit dans les activités proposées sur le site de la place de l'Hôtel de Ville : à quelques dizaines de mètres de l'eau et du sable, la culture est à portée de tongs. Dans mon langage laïque, on appelle ça l'éducation populaire.

Les projets et les idées, c'est bien beau mais il faut que le public suive. Ce n'était pas gagné. Le café philo mobilise à chaque séance une moyenne d'une cinquantaine de personnes. Mais la formule est libre, attrayante et participative. La conférence-débat, c'est plus classique et plus raide. Pari tout de même remporté : 32 personnes, ce n'est pas la salle du Splendid mais ce n'est pas trop mal non plus (voir vignette). Les gens ont aimé, tant mieux. Les philosophes cyniques sont connu grâce à Diogène et son fameux tonneau. Pour le reste, on ne sait pas. J'ai expliqué, je vous résume :

Cynique, le mot est péjoratif. Mais quand on comprend que l'origine, c'est kunos, le chien en grec ancien, ça change tout. Diogène et ses amis prennent modèle sur la nature animale pour contester la société et la civilisation, jugées artificielles et finalement contre-nature. Les conséquences sont hard et même trash : Diogène se masturbe en public, crée de la fausse monnaie, aboie après les passants, se moque de l'empereur venu de le voir (ôte-toi de mon soleil, lui lance-t-il), mendie à des statues et j'en passe. Le sexe, l'argent, la morale, l'autorité, la religion sont la cible d'incroyables transgressions, qu'on n'imagine pas aujourd'hui sous nos moeurs pourtant libérales. Platon disait de Diogène : "c'est Socrate devenu fou". La semaine prochaine, c'est un tout autre personnage auquel je vais m'intéresser: Blaise Pascal. Un nouveau pari ! (philosophical joke)

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