vendredi 6 juillet 2012

Aux commandes de l'Airbus



Mon séjour à Djibouti, qui s'est terminé hier, aura été surprenant du début à la fin. En visitant la base militaire (voir le précédent billet), j'étais accompagné par d'autres Français, l'équipe de navigation d'Air France, pilotes, hôtesses et stewards, sur le vol que je prenais le soir même ! Petite causette, d'où il ressort une proposition exceptionnelle : assister au décollage ou à l'atterrissage de l'avion dans le poste de pilotage. J'ai opté pour la descente sur Roissy. Formidable !

D'abord, la cabine m'a paru beaucoup plus petite que je ne l'imaginais, pour les trois pilotes et moi. Le tableau de bord est également moins large, moins imposant que prévu. Ce qui est en revanche bluffant, c'est la décontraction du commandant et de ses collègues : ils sont à la tête d'un monstre, croisent gentiment les bras, blaguent entre eux, sont attentifs mais pas plus que ça, l'un termine un pain au chocolat. A la limite, on ne les croirait pas en train de travailler mais plutôt d'effectuer une formalité, calmement, banalement.

Un pilote me demande d'où je viens. Saint-Quentin, il connaît, il a participé au meeting aérien de Roupy, il me cite Pascal Cordier. C'est tout de même incroyable : je suis en plein ciel et quelqu'un prononce le nom d'un Saint-Quentinois ! Le monde est aussi petit que le cockpit d'un Airbus ... A mes côtés, l'assistant me montre sur des cartes le plan de vol et les pistes où nous allons nous poser.

Au-dessus des nuages, c'est le paradis. On dirait une banquise avec ses icebergs ou bien des oeufs en neige. Un régal ! La descente commence à partir de Troyes, pour une petit demi-heure. Quand l'avion perce la croûte blanche, je comprends que le voyage se termine, que le ciel bleu et le beau soleil vont me quitter, que le couvercle va se refermer sur un sale temps.

L'atterrissage ? Aussi peu impressionnant que tout le reste. Mais c'est justement cette absence qui impressionne. Quand on est sur son siège de voyageur, il y a l'inévitable inquiétude de ce qu'on ne voit pas et qu'on contrôle encore moins. Aux postes de commande, devant la piste qui grossit peu à peu, plus rien ne surprend tellement la maîtrise de l'engin et de la manoeuvre sont grandes, parfaites. C'est une plume qui se pose sur du goudron. Après, ça roule ... Le plus compliqué n'est pas ce qu'on croit, comme toujours : trouver un "tuyau" de terminal qui soit disponible. L'appareil tourne dix minutes pour réussir. Dans le ciel, c'est un géant ; au sol, un véhicule encombrant.

Mais que vois-je ? Des minarets au loin, je les reconnais. Serais-je revenu à Djibouti ? Non, ce sont des cheminées d'usine qui font impression. Autour, tout est vert, je ne suis donc pas dans la Corne de l'Afrique. C'est bel et bien la France, il fait bon mais la grosse chaleur a disparu. Dans l'aéroport, un dernier clin d'oeil d'où je viens, un mendiant qui m'adresse un salamalec en me tendant la main, mais il n'y a pas de misère autour de lui.

Dans le TGV qui me conduit vers la gare de Haute Picardie, personne ne me propose cette fois de prendre place près du conducteur. J'approche de Saint-Quentin et je sais que je ne suis pas prophète dans mon pays. Au revoir Djibouti !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

A vous lire , on aurait pu croire que vous alliez demander aux pilotes d'atterrir à ROUPY !!!

Depuis cette expédition , on vous sent capable de tout ...
Dialoguer d’homme à homme avec un Général … Apprendre à piloter des mirages , un Airbus ( c’est vrai un avion en partie picard de Méaulte … ) traverser le désert ….. Comme un mini Paris – Dakar et encore sans doute nous réservez vous d’autres secrets tirés bientôt de votre carnet de voyages …

aeroclub de saint-quentin a dit…

Connaissez-vous le nom du pilote qui vous a parlé de Pascal Cordier?

Emmanuel Mousset a dit…

Hélas non.