jeudi 5 juillet 2012

Mirages dans le ciel



Ma dernière journée à Djibouti a été essentiellement consacrée à la visite de la base de l'escadron 3/11 Corse de l'armée de l'air. Ce qui est singulier, et même unique au monde, c'est que Djibouti est un Etat indépendant dont la défense aérienne est assurée par une puissance étrangère, en l'occurrence la France. Une vingtaine d'appareils stationnent sur le tarmac, dont sept Mirages, pour le combat aérien ou l'offensive au sol. Outre sa mission de défense du territoire, l'escadron a des activités d'entraînements quotidiens, de contrôle et de surveillance de la région, stratégiquement très sensible (la Corne de l'Afrique). Seule limite : la base n'a pas d'avion de ravitaillement en vol, ce qui réduit sa capacité d'autonomie et d'intervention.

Je devais assister à un décollage de Mirage, mais un dysfonctionnement de radar et surtout une tempête de sable ont conduit à annuler l'opération. Le pilote m'a tout de même expliqué dans le cockpit la somme des manoeuvres qu'il doit effectuer pour conduire son appareil (vignette 1). Passionnant. A l'issue, un militaire tout de blanc vêtu est apparu, dont la présence a fait mettre au garde-à-vous le personnel : c'était rien moins que le général français chargé des forces terrestres, aériennes et navales à Djibouti. La plupart des dames se sont faits prendre en photo avec lui, prestige de l'uniforme oblige. Et moi aussi, bien que n'étant pas une dame (voir vignette). Un grand moment (vignette 2).

Mais la partie la plus impressionnante de la visite, c'est le debriefing électronique. Toutes les opérations en vol sont enregistrées puis analysées, ce qui prend beaucoup plus de temps que les vols en eux-mêmes. Que font les militaires ? Ce que je faisais quand j'étais enfant avec mes petits soldats : ils jouent à la guerre à défaut de la faire réellement. Les expressions appartiennent au commandant qui a mené la visite : nous nous inventons des ennemis factices, nous jouons au chat et à la souris, il y a d'un côté les gentils de l'autre les méchants. Autre formule piquante : faire des ronds dans le ciel, pour les avions en situation d'attente en vol. Le ciel djiboutien devient une vaste partie de cache-cache, de leurre et de simulacre en vue de se mettre en situation de combat aérien, d'attaque de l'adversaire. C'est finalement étrange : se préparer à un affrontement qui n'aura probablement jamais lieu, comme si un enseignant répétait ses cours devant une classe virtuelle.

La visite s'est terminée au bar, devant des jus d'orange et des Perrier, bien sûr. Après ces démonstrations de Mirages, j'ai assisté à un miracle dans les rues de Djibouti : la pluie, dans ce pays où il pleut très rarement ! Une pluie violente, accompagnée de vent, qui a vite inondé la chaussée (vignette 3). Oui, un vrai miracle, à quelques heures de mon départ, comme un autre signe venu du ciel.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une pensée pour votre ami le Colonel de Saint Quentin ; ces hommes sont au service de la République comme vous ... ou ont été à ce service avec souvent énormément d'abnégation ... C'est le métier des armes pour la défense de la liberté dans le monde ... En des temps encore bien troublé ...