vendredi 20 avril 2012

Vive le pap !

Ces derniers temps, quand un socialiste rencontre un autre socialiste, de quoi parlent-ils ? Non, pas seulement des résultats de la présidentielle, mais surtout du pap. Nous ne sommes pas tous devenus catholiques, ce n'est pas non plus une grossière faute d'orthographe : le pap est un sigle, puisque notre société, éducation nationale en tête, est siglée de la tête aux pieds. Dans mon lycée, les "professeurs principaux" n'existent plus mais les pépés (pp) sont bien vivants. C'est partout comme ça : il faut aller vite, ne pas perdre de temps, même en parlant. Et puis, un sigle ça fait plus chic, plus technique, un peu mystérieux, moins trivial. Allons donc pour le pap !

Mais ça veut dire quoi ? Porte à porte, tout simplement (oui, vous voyez, pap rend mieux). C'est la grande nouveauté de cette campagne, du moins côté socialiste. La nouveauté c'est vieux comme le monde, comme disait le directeur du théâtre des "Enfants du Paradis". Car le porte à porte est une très ancienne activité militante des partis politiques. Je la crois surtout efficace quand elle est répétée régulièrement, pas seulement en période électorale, et quand elle est pratiquée par des militants dans leur quartier (c'est la technique maoïste du poisson dans l'eau !)

Pourtant, ce fameux pap a bien quelque chose de totalement inédit, aussi important pour le parti socialiste que l'instauration des primaires citoyennes et le fichier Rosam des adhérents. Les trois dispositifs, très différents, répondent à une même philosophie, une évolution que je trouve excellente pour mon parti : un meilleur contrôle des sections, de leurs actions, de leurs résultats puisque le pap nécessite une remontée assez scrupuleuse de ce qui est fait sur le terrain. L'objectif à long terme est de forger un parti vraiment ancré dans la population, comme le sont les grandes organisations sociales-démocrates en Europe, au lieu de sections indépendantes ne réunissant que quelques militants autour d'élus. Cette transformation ne se fait pas sans mal tant elle bouscule les habitudes. Mais je la crois positive et inéluctable.

Ceci dit, ne jurons pas que par le pap ! Ce n'est pas la solution miracle (son inspiration est essentiellement américaine, reprise de la campagne d'Obama). La tradition française de présence sur les marchés et de distribution de tracts doit être maintenue. Le marché, c'est le coeur de la ville, la rencontre des citoyens, le brassage des populations : si les militants en disparaissaient, si la politique n'était plus visible dans cet espace populaire et public, ce serait dramatique pour la démocratie. Pire : ce serait laisser les marchés aux militants d'extrême droite, qui eux y sont bel et bien présents. Vive le pap oui, mais vive la pmm aussi ! (Présence Militante sur les Marchés)

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