samedi 14 avril 2012

Le gagnant est ...

Je vous préviens : je fais faire quelque chose qui ne se fait pas, révéler le nom du prochain président de la République. Non ce n'est une prévision, une conjecture ou un souhait mais une certitude, une évidence, un constat. Le bon ton veut qu'on fasse semblant de faire comme si on ne savait pas, sous prétexte de laisser l'électorat libre de son choix. Je n'attente à la liberté de personne, j'énonce seulement une vérité ! Au risque de passer pour présomptueux ? Je m'en moque, il n'y a que la vérité qui m'intéresse ! Je ne veux pas jouer l'ignorant et ce billet témoignera en ma faveur ou me déconsidérera. D'autres se taisent parce qu'ils sont superstitieux, craignant que le destin ne se retourne contre eux au dernier moment. Ils se racontent l'histoire de la peau de l'ours et redoutent sa fin. Ils ont bien tort.

Ne soyons pas timides ou faussement modestes, disons simplement ce qui est : le gagnant de l'élection, le prochain président de la République c'est François Hollande. Je ne prends pas mes désirs pour des réalités, je prends la réalité pour ce qu'elle est, c'est tout. Jérôme Lavrilleux aura beau travailler, encore travailler, toujours travailler, ça ne changera strictement rien : on ne ramasse pas l'eau de la mer avec ses mains, Nicolas Sarkozy est perdu, fini, battu. Qu'est-ce qui me fait dire ça avec tant d'assurance ? Rien de particulier et tout en général, une ambiance, des réactions autour de moi, une forte intuition du genre de celles qui sont tellement puissantes qu'elles ne se démentent pas. C'est comme le printemps qui vient, ça ne s'explique pas, on y consent forcément.

Il y a bien sûr plus que le sentiment : aussi la réflexion. Les sondages, je n'y crois pas plus que vous. Mais quand une batterie de sondages vous donne sans exception le même gagnant, est-il rationnel de penser qu'un autre pourrait l'emporter ? Non. Une hirondelle n'annonce pas le printemps mais toute une bande oui. Si nous étions à trois mois du scrutin, je dirais que je n'en sais rien, que tout peut évoluer et s'inverser. Plus maintenant. Les jeux sont faits, rien ne va plus pour Nicolas Sarkozy. Il a cru longtemps en une théorie : le croisement des courbes, entre lui et le candidat socialiste. Drôle de théorie : à forcer de monter, Hollande ne pourrait finir un jour que par baisser ; à force de baisser, Sarkozy ne pourrait alors que monter, celui-ci dépassant celui-là à ce moment-là. On se raccroche aux théories qu'on peut mais celle-là ne tient pas : espérée, elle n'a pas été confirmée. Le légendaire croisement des courbes n'a pas eu et n'aura jamais lieu.

Tout cela n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire, n'est que très normal en démocratie. La droite détient la présidence de la République depuis 17 ans, l'UMP gouverne pleinement la France depuis 10 ans, Nicolas Sarkozy a remporté une formidable victoire il y a 5 ans. Les présidents n'ont pas la longévité des monarques. La République vit au rythme des changements, dans un sens ou dans un autre : nous y sommes. Que la droite ne s'en émeuve pas : elle restera puissante, Sarkozy fera un score plus élevé qu'on ne croit et le résultat des législatives ne sera pas automatique. La gauche au pouvoir aura fort à faire, dans un registre qui n'est pas spontanément le sien : redresser les comptes publics. Sa majorité sera fragile, fondée beaucoup plus sur l'antisarkozysme que sur le hollandisme, avec en son sein une composante contestataire importante, l'électorat Mélenchon. Et puis, à l'UMP, la relève est assurée et motivée, Bertrand ou Copé. Cinq ans en politique comme dans la vie, ce n'est rien du tout. Jérôme Lavrilleux aura encore du travail, toujours du travail, beaucoup de travail.

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