lundi 9 avril 2012

Leçon de conduite.

La trêve pascale qui s'achève fut celle aussi des candidats à la présidentielle, du moins des deux "grands". Ce n'est pas un jugement de valeur mais un constat : j'appelle "grands" candidats ceux qui ont une forte probabilité de devenir président de la République, et je n'en vois bien sûr que deux dans ce cas. Ils se sont signalés, ce week-end élargi, par une pause dans leur campagne. C'est le privilège des grands : pouvoir quelques heures se reposer sur leurs lauriers. Les "petits" ont continué. Pour eux, c'est comme au vélo : il ne faut pas s'arrêter au risque de tomber.

Sans rien faire, Nicolas Sarkozy a quand même fait, parce que cet homme-là ne s'arrête jamais vraiment. Il a proposé de faire passer le permis de conduire au lycée. Drôle d'idée ! Non pas en soi, puisque c'est une proposition comme une autre, mais dans le cadre d'une présidentielle, elle fait un peu bizarre : l'homme qui va avoir en charge la force nucléaire se préoccupe du permis de conduire de nos lycéens ! Vous imaginez de Gaulle faire cette proposition ? J'ai l'impression que le champ politique s'élargit de plus en plus alors que les Français y croient de moins en moins. Paradoxal !

Ceux qui me lisent depuis plusieurs années, qui me suivent depuis six ans savent que le socialiste libéral (pour aller vite et être un peu provoc) que je suis tient cependant à deux nationalisations : les entreprises de pompes funèbres et les auto-écoles, parce que les unes et les autres imposent des tarifs trop élevés à des situations obligées, l'inhumation et la conduite automobile. La proposition de Nicolas Sarkozy pourrait donc me convenir mais elle ne me convient pas : je ne crois pas que le lycée soit approprié à cette mission. Il faudrait penser sa gratuité sous une autre forme, dans un cadre différent.

Car c'est la question des finalités de l'école qui est posée. Comme pour la politique, son champ d'activités s'élargit de plus en plus. A force de charger la barque, on prend le risque de la faire couler. A l'école, on apprend à lire, à écrire, à compter et finalement à travailler, on s'y cultive et on y réfléchit à travers l'apprentissage de plusieurs matières. Mais si on y fait entrer la conduite d'une voiture, que ne va-t-on pas y faire entrer d'autres ? Pourquoi pas la cuisine, le ménage, l'éducation d'un enfant, le bricolage, l'entretien du jardin, le savoir-vivre en société, etc ? Toutes ces activités ne sont pas moins socialement utiles. Je ne pense pas que l'école soit là pour enseigner la vie mais les savoirs fondamentaux et les valeurs de la République. Elle doit faire des citoyens, pas des mères au foyer, des pères bricoleurs ou des automobilistes avertis.

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