lundi 16 avril 2012

100 000 contre 100 000.

C'est amusant, les deux chiffres symétriques du match d'hier, la Concorde-Vincennes, ronds comme un ballon. La vérité, c'est que personne ne sait, qu'il est plus simple de renvoyer droite et gauche dos à dos : ils étaient des dizaines de milliers de chaque côté, on ne peut rien dire d'autre. D'ailleurs, quelle importance ? Ce ne sont pas des rassemblements de partisans véhiculés par cars entiers qui font l'élection. Je me demande même si ce genre de meetings ne sont pas d'abord organisés parce qu'il est impossible de vraiment comptabiliser leurs participants.

Car leur vogue, en ces élections présidentielles de 2012, est étrange. Elle nous fait revenir à la première moitié du 20è siècle, jusqu'aux années 1960, où le meeting en plein air était très répandu, de Jaurès à de Gaulle. Avec la civilisation du confort, les réunions publiques ont privilégié presque exclusivement les salles, où l'on est au chaud, assis, où c'est beaucoup plus confortable, sécurisé. Il y a cinq ans, Ségolène Royal avait même lancé le débat participatif, sans discours solennel, où les citoyens étaient disposés circulairement et invités à prendre la parole : tout l'opposé du meeting géant sur la place publique !

Qu'est-ce qui s'est donc passé pour que nous en arrivions là, à contre-courant des tendances de l'époque ? C'est Jean-Luc Mélenchon qui a commencé, suivi ce dimanche par Hollande et Sarkozy. Mon explication de l'engouement pour ces meetings risqués et compliqués à organiser, c'est qu'il donne autant la vedette au candidat qu'au peuple rassemblé ainsi massivement. Dans un monde fondamentalement individualiste, dans lequel le collectif a du mal à exister, où les élites sont continuellement contestées, le meeting de masse à ciel ouvert permet de prouver que le peuple est bel et bien là, visible, ce qui est bien le moins dans une démocratie.

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