lundi 23 avril 2012

Transformer l'essai.


Au lendemain du scrutin présidentiel, la gauche saint-quentinoise se retrouve avec de nouvelles responsabilités. Elle n'est plus simplement une force d'opposition, elle peut prétendre à remporter les prochaines élections locales, législatives et municipales, donc à gérer la ville. En effet, dans 30 bureaux sur 39 au total, François Hollande arrive en tête, ce qui est énorme. Nicolas Sarkozy résiste bien dans ses places fortes traditionnelles, le centre ville et quelques quartiers. De 2007 à 2012, il y a eu quasi inversion à Saint-Quentin des rapports de force entre UMP et PS.

Très inquiétant : le FN est en deuxième position dans 22 bureaux, dont la plupart sont dans les quartiers populaires. L'extrême droite est la force politique qui réalise la plus grande progression : plus 7 points par rapport à 2007 ! A noter aussi que François Bayrou réalise ses meilleurs scores dans les bureaux traditionnellement classés à droite, preuve que son électorat, à Saint-Quentin, est plutôt de ce côté-là. Enfin, plus anecdotique, Nicolas Dupont-Aignan dépasse Eva Joly (1,78 contre 1,29) : c'est Freddy qui doit être content, c'est Nora qui doit être marrie !

En situation de l'emporter, le parti socialiste doit capitaliser le succès d'hier. Les conditions de la réussite sont là, encore faut-il en faire quelque chose. Car ce serait un tort de croire qu'il y aura un report mécanique des voix de la présidentielle à la municipale en passant par la législative. Il faut nécessairement transformer l'essai, comme on dit en langage sportif. L'analyse des résultats du premier tour invite la gauche locale à trois responsabilités nouvelles :

1- Face au dramatique et puissant vote FN, la gauche doit reconquérir les quartiers et les populations abandonnés. Ce vote n'est hélas pas uniquement un cri de colère ou l'expression d'une souffrance : c'est l'adhésion à des valeurs, à une idéologie opposées à celles de la gauche. Ces électeurs ne reviendront pas spontanément vers le PS (au contraire, beaucoup seront plus enclin à se reconnaître dans le discours de l'UMP). Le PS ne doit donc pas se cantonner à l'activité électorale, militante et partisane, aussi noble et utile soit-elle. Mais c'est en investissant le monde associatif, la base sociale, ce qu'on appelle le terrain qu'une véritable reconquête des esprits pourra s'effectuer. La gauche, si elle veut gagner, ne pourra pas faire l'économie de ce travail de fond et de fourmi. C'est une stratégie de la présence, y compris médiatique, qu'il faut adopter.

2- Le proche avenir du PS saint-quentinois n'est plus du côté de l'extrême gauche, si tant est qu'il n'y ait jamais été. Les positions radicales, en soi estimables, ne sont pas électoralement profitables (sans parler de l'incohérence politique qu'il y a pour le PS de s'allier à l'extrême gauche, que je ne cesse de dénoncer depuis plusieurs années). Il me semble que l'heure de vérité a enfin sonné : le social-démocrate Hollande largement en tête, le radical Mélenchon en deça de son score national, l'extrême gauche marginalisée (la présence de trois conseillers municipaux n'a eu aucune influence électorale), il est temps d'en tirer les leçons, de tourner la page, d'adopter une ligne politique plus conforme à celle du PS national.

3- A Saint-Quentin, l'histoire récente nous a appris que de très bons scores du PS au niveau national ne se traduisaient pas forcément ensuite par de très bons scores aux élections locales. Entre les deux moments, il y a incontestablement une perte de crédibilité. Il y a surtout une droite locale, en la personne de Pierre André et Xavier Bertrand, influente, efficace et populaire. Le défi pour le PS, le challenge des semaines et des mois à venir, c'est de créer une véritable gauche locale, crédible, énergique, enthousiasmante, qui ne se contente pas de reprendre les discours nationaux mais avance des propositions pour Saint-Quentin, utiles, convaincantes, originales. A défaut, il y aura un rêve, un espoir de victoire, comme aux dernières cantonales, mais pas de réalité effective.

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