jeudi 5 avril 2012

Les intellos patati patata.

Mardi soir, comme à peu près chaque mardi soir, j'ai regardé à la télé l'émission de Frédéric Taddéï, Ce soir (ou jamais). Le principe est intéressant : inviter des intellectuels et les faire réagir sur un sujet d'actualité qui n'est pas de leur partie. Mardi dernier, c'était bien sûr les élections présidentielles : que pensez-vous de la campagne ? leur a demandé l'animateur. Ils étaient sept autour de la table basse : deux philosophes, deux sociologues, un écrivain, un metteur en scène, un consultant et une ethnologue. Du beau monde, quoi ! des gens intelligents, forcément. Sauf que leurs réponses ont été très ... bêtes.

La tonalité était la même : gémissement et déception. La campagne est ennuyeuse, les candidats ne sont pas à la hauteur, les propositions sont inexistantes, et patati et patata ... Je me suis dit, au fur et à mesure que passait la parole : l'un d'entre eux va réagir, dire quelque chose de dissonant, d'original, de réfléchi. Mais non ! J'ai assisté au déballage du conformisme le plus plat, celui qui consiste à critiquer sans de sérieuses raisons la classe politique et le fonctionnement de la démocratie (parce qu'au bout du compte ces récriminations reviennent à ça). On s'en prend parfois au café du commerce, aux discussions de bistro : au moins le peuple n'a pas le privilège universitaire de ces messieurs-dames, et ses souffrances excusent bien des comportements injustes et excessifs. Les intellos, aucunement.

Moi je l'aime cette présidentielle, je la suis passionnément, comme je le fais pour toutes les présidentielles depuis 1974. Son niveau ? Je n'en sais rien, la question est idiote, on ne juge pas une campagne comme on évalue une classe. Ce que je constate, c'est que Hollande fait des propositions, que Sarkozy fait des propositions, que Mélenchon réussit une percée intéressante, que la chute des petits candidats nous apprend quelque chose, que le maintien de la détestable Le Pen nous en apprend une autre, que Bayrou continue à faire son trou, que tout ça est un grand moment de démocratie. Les intellectuels devraient avec le courage et l'intelligence de le reconnaître, au lieu de geindre médiocrement.

Quant aux citoyens qui s'évertuent à trouver la campagne inintéressante, qu'ils se demandent plutôt si ce ne sont pas eux qui n'ont pas la force de s'y intéresser. Nous vivons dans un monde où la faute vient toujours des autres, généralement des politiques. Et le citoyen dans tout ça ? Blanc comme neige ? Lavé de tout soupçon ? Que non ! A l'heure où les sondages annoncent un taux record et historique d'abstentions, les intellos devraient prendre conscience de leurs responsabilités. Ils sont porteurs d'une parole publique qui est écoutée. S'ils se mettent à dénigrer la politique, c'est la République qui est touchée. Moi qui ne me suis jamais reconnu dans ce monde des intellectuels (c'est pourquoi sans doute je n'ai pas quitté Saint-Quentin), je dis à tous qu'il faut s'intéresser à cette campagne parce qu'elle est intéressante, qu'il faudra bien sûr aller voter, massivement, pour qui vous voudrez, mais aller voter. Ne faites pas comme les intellos qui donnent le mauvais exemple.

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