mardi 1 novembre 2016
Madame la présidente
Depuis que la candidature de François Hollande est incertaine, chancelante, les postulants à la magistrature suprême se multiplient. Les femmes ne sont pas en reste. Il y en a au moins cinq qui y songent, qui y ont songé ou qui y songeront, sans parler de tous ceux qui y songent pour elles. L'Amérique donne des idées : une femme s'apprête à devenir la présidente de la première puissance au monde. Pourquoi pas chez nous ? Voici donc les candidates supposées, espérées ou fantasmées :
Ségolène Royal. Elle est connue, a du métier et s'est déjà lancée dans l'aventure présidentielle. Mais Ségolène, comme on l'appelait alors, n'a pas digéré que le Parti ne la soutienne pas, ou peu. Si on vient me chercher, c'est pour échouer, répond-t-elle. Il est vrai que la question n'est pas si bête : quel est le meilleur candidat pour perdre ? Certains verraient bien une candidate. Mais il ne faut jamais partir battu, surtout lorsqu'il n'est pas impossible de gagner. Le vrai problème de Ségo n'est pas celui-là : c'est que le socialisme moderne qu'elle a incarné est désormais représenté par Emmanuel Macron, et qu'il n'y a pas de place pour deux sur ce créneau-là.
Christiane Taubira. L'aile gauche en rêve. C'est la candidate du socialisme moral, justicier, pur et dur. Avec elle, le PS se referait une virginité, c'est certain. Et puis, Taubira est tellement détestée par la droite qu'on est sûr, avec elle, d'être à gauche. Mais ce serait une candidature pour se faire plaisir, avec un brin de poésie. Le FN en prendrait un coup, sans avoir rien à faire. Une candidature de témoignage, pour ceux qui désirent ne pas l'emporter. Ce n'est pas comme ça qu'on agit lorsqu'on est un parti de gouvernement.
Najat Vallaud-Belkacem. Il parait qu'elle pense à l'Elysée. Elle a pour elle la jeunesse et le sourire. Les trentenaires l'aiment beaucoup, puisqu'elle en fait partie. La France de la diversité, comme on dit aujourd'hui, s'y reconnaît aussi. Najat est issue d'un milieu populaire et s'est hissée au sommet par son travail et son intelligence : en termes de story-telling, c'est conforme à l'idéal de gauche. Et puis, son domaine actuel, c'est l'éducation : voilà qui parle aux socialistes. La ministre est presque trop parfaite de sa personne pour être candidate. Surtout, quel projet incarne-t-elle ? Où peut-on la situer ? Il faut quand même un dessein pour candidater ...
Anne Hidalgo. Je suis surpris qu'on pense à elle pour la présidentielle, mais la rumeur circule. C'est qu'elle incarne la victoire socialiste dans la capitale, au milieu de tant de défaites. Et Paris, ce n'est pas rien, c'est presque le monde entier ! Et puis, Hidalgo est le signe de la mutation sociologique de la gauche : elle est l'élue des bobos, des classes moyennes supérieures, qui tiennent le haut du pavé, et pas seulement dans la capitale. D'accord, j'aime bien, mais la France, c'est aussi l'inévitable province, son profil bas, sa haine de Paris (parisien, parisianisme sont à mettre au compte des insultes ordinaires, de la xénophobie de terroir).
Martine Aubry. Je l'ajoute à la liste, même si la maire de Lille dit n'être pas intéressée. Mais comme changer d'avis est dans sa nature profonde, autant l'inclure. Malgré son refus provisoire, elle a de nombreux atouts dans son jeu. Sa qualité (et sa bizarrerie), c'est qu'elle est une social-démocrate incontestable qui plait pourtant à l'aile gauche. Elle sait y faire, choisir les mots et pousser les coups de gueule. La plupart du temps, c'est sans effet, mais l'intention est là et convient à ceux qui se contentent de peu. Aubry a l'expérience, elle est rassembleuse. N'ayant pas participé au gouvernement, elle peut prendre ses distances avec un bilan décrié. Il ne lui manque qu'une chose, toujours la même : la volonté. C'est tout le problème des grandes gueules : crier fort, mais agir peu.
Madame la présidente ? Je le souhaite, j'espère le voir un jour, mais je ne crois pas que ce soit pour ce coup-là.
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2 commentaires:
Aubry ?
Vous avez dit Aubry ?
C'est une fille à papa.
Pas plus mauvaise que tous les autres.
Pas spécialement meilleure non plus.
Pour qu'elle devienne cheffe à Lille, il a fallu un maire local qui la prenne sous son aile et la propulse.
Presque idem à Paris pour Hidalgo, même profil, même stature et même propulsion qu'Aubry.
Pour que l'une ou l'autre arrive à l'Elysée, il faudra qu'un mentor y installé, les prennent (l'une ou l'autre) à titre de successseuse désignée.
Ce n'est pas demain la veille.
Une femme présidente, en France, je n'y crois pas avant bien des lustres, même la fifille à papa Le Pen.
Aux Etats-Unis, pour la première fois dans leur histoire ils vont avoir une femme présidente, probablement... La France jusqu'à preuve du contraire est le seul grand pays à n'avoir jamais eu de femme à la tête de l'Etat, et pourtant Nietzsche disait que la France était une femme, un pays féminin, mais toujours gouverné par des hommes. Et ne me citez pas Edith Cresson, première ministre ce n'est pas chef d'Etat.
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