mardi 8 novembre 2016

Des évêques pas très catholiques



Les évêques de France demandent pardon aux victimes des prêtres pédophiles, organisent des messes et prières en ce sens. Ce qui retient mon attention dans cette réaction et cette initiative, c'est combien elle est peu conforme à ce qu'on peut attendre du catholicisme.

1- L'Eglise demande pardon parce que tout le monde aujourd'hui demande pardon. Le mea culpa est entré dans les mœurs d'une société qui s'est pourtant éloignée du christianisme. Mais ce pardon n'a pas de sens, d'un point de vue catholique. L'Eglise n'est pas responsable de ses membres pourris, qui doivent, seuls, répondre de leurs actes. Il n'y a pas de responsabilité collective dans cette affaire. S'estimant sainte, l'Eglise ne peut pas se considérer elle-même comme sale. De même, par analogie, en matière politique, la République n'a pas à répondre des crimes du régime de Vichy et à demander pardon pour ce qu'elle n'a pas commis. Sur ce point, je soutiens François Mitterrand contre Jacques Chirac. En vain, je le sais, puisque les temps sont à la repentance.

2- L'inventeur du pardon, c'est le judéo-christianisme. Mais pas à la façon des évêques de France. Il n'y a que le criminel qui puisse demander pardon, et la victime qui puisse pardonner, de personne à personne. Pas une institution à des personnes qui exigent souvent bien autre chose qu'une parole de pardon. D'autre part, quel sens peut avoir cette démarche en direction d'un non croyant ? C'est alors vers Dieu que le fidèle se tourne pour réclamer le pardon.

3- D'un point de vue spirituel, qui n'est évidemment pas le point de vue moral, encore moins juridique, la première victime, c'est le prêtre violeur, victime de ses pulsions et, aux yeux d'un théologien strict, des démons. Car il y a quelque chose de diabolique à ce qu'un prêtre, dans la dignité qui est la sienne, fasse tout le contraire, viole non seulement un enfant mais aussi les commandements de Dieu. Les prières des fidèles doivent aussi et surtout être dites en direction des curés pédophiles, afin qu'ils puissent être sauvés, pour ceux qui croient en un Sauveur. Mais notre époque est-elle prête à ce qu'on se soucie des bourreaux, qu'on songe au salut des salauds ? Je ne crois pas, je pense même que la proposition ferait scandale.

4- Si l'âme de ces prêtres pervers et maudits, serviteurs de Dieu devenus jouets du diable, requière les prières des fidèles, leur corps mérite tout autant la condamnation, par l'exclusion de la communauté chrétienne. Je m'étonne que l'Eglise de France n'ait pas fait usage de la procédure d'excommunication, qui ne vise pas que les hérétiques, même si c'est son motif le plus courant. Si nos évêques était violemment chrétiens, ils appliqueraient à la lettre les recommandations du Christ à l'égard de qui s'en prend à un enfant : lui mettre une meule au cou et le jeter à la mer ( Evangile selon saint Matthieu, 18, 6). Mais ce serait à leur tour d'avoir des comptes à rendre devant la justice !

Il est aujourd'hui difficile à l'Eglise d'être pleinement catholique dans un monde qui ne l'est plus. Nous ne croyons plus au dieu Jupiter ni au Seigneur Jésus-Christ. Les mots de la religion ont perdu de leur sens, et quand ils sont malgré tout utilisés, c'est à contresens. Pour libérer le prêtre pédophile de ses pulsions de mort, ce n'est pas l'exorciste qu'on va aller chercher, c'est le psychologue. La défaite du catholicisme est dans cette abdication, beaucoup plus que dans la libération des mœurs.

9 commentaires:

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, dans la vie, surtout en politique, j'ai toujours été bon joueur et bon perdant. Aujourd'hui, c'est jour de fête pour toi, de tristesse pour moi. Un des tiens est à la tête du plus puissant pays du monde. Il va peser sur le destin de la planète. Champagne pour toi ! Moi, à 10h30, je fais une conférence à l'IUTA de Saint-Quentin sur "La jalousie". Après, je prends le train pour Cambrai, faire une conférence sur le thème "Que nous dit le silence ?" Bonne journée, Erwan, et encore une fois : félicitations !

Erwan Blesbois a dit…

Tu exagères un peu, je suis ennemi de l'oligarchie, mais pas si clairement que tu ne le dis partisan de Trump ou de Marine Le Pen. Je ne vois pas le lien entre le néo gaullisme de gauche dont je me réclame et le populisme... Même si le néo gaullisme de gauche représenté par Montebourg prétend combattre l'oligarchie (?), et le cynisme individualiste des bobos contemporains, Montebourg n'est pas un populiste... ça non... Me mettre dans le camp des vainqueurs, c'est un peu rapide... puisque personnellement je prône un renouveau des valeurs catholiques en France, je ne pense pas que ce soit dans le programme de Marine Le Pen... ni dans celui de Montebourg d'ailleurs ! Mais un renouveau de la religion, pourrait constituer un renouveau qui fait partie du néo gaullisme...
Mais oui la victoire de Trump me fait plaisir, car l'oligarchie aura tout fait pour l'empêcher d'accéder au pouvoir, et puis qu'il fallait absolument faire bouger le lignes, on ne peut pas ainsi continuer dans le libéralisme le plus effréné...
Maintenant on va voir les résultats, et je suis d'un naturel pessimiste : je pense que Trump ne modifiera pas d'un iota l'inflexion économique ultra libérale du monde, qu'il ne remettra pas en cause d'un iota la mondialisation...
Je suis d'un naturel extrêmement fataliste, qui croit modérément en la liberté et au libre arbitre, face au destin représenté par nos modes de sociétés basées sur les techno-sciences, et économiquement/moralement sur la doctrine libérale la plus pure, débouchant sur le caractère individualiste et cynique de nos contemporain, voire la pornographisation morale de la société.
Tu fais un amalgame un peu rapide entre cette vision là que j'ai de la société, et le populisme que tu m'attribues, qui selon toi en découle logiquement... De plus ma thèse que j'ai déjà exposé dans un de mes commentaires, est que Trump n'a pas "l'âme pure", comme pourrait l'être celle d'un authentique croyant (ce que je ne suis pas, puisque actuellement je tente de m'initier seulement à la religion catholique, de me faire peut-être baptiser, dans un premier temps), pire qu'il est pourri jusqu'à la moelle, qu'il a peut-être un caractère de serpent fascinant et séduisant, mais avec aucune émotion humaine derrière...
Pour conclure, je ne nie pas que la personnalité de Trump peut constituer un danger, et qu'elle n'a rien à voir, avec celle de de Gaulle, qui était avant tout un altruiste qui voulait mettre l'héritage spirituel de la France au service de tous les Français, avec le succès formidable que l'on sait : les trente glorieuses, le plein emploi, la joie de vivre pour la jeunesse, joie de vivre qui a permis à la jeunesse de faire "sa" révolution de 68, aboutissant aux conséquences mortifères actuelles, si bien analysées et dénoncées par Eric Zemmour...

http://sanscouvertures.blogspot.fr/2016/11/trump-elu-contre-toute-attente.html

Erwan Blesbois a dit…

De plus du point de vue de la personnalité je suis l'absolu contraire d'un opportuniste, j'arriverais à me faire chasser du propre bateau idéologique que j'aurais créé, car l'air du temps est à l'opportunisme le plus effréné, à tous les échelons de la société. Il n'est pas rare que des hommes violents s'emparent de la création d'un autre membre de la communauté, le tue, et s'en attribue la paternité...

Erwan Blesbois a dit…

En tout cas, ton mentor Macron, est mort politiquement...

Emmanuel Mousset a dit…

La vie politique est pleine de morts qui se portent très bien. Allez, Erwan, encore une petite coupe, à la santé de Donald !

Erwan Blesbois a dit…

Emmanuel, "cachez ce sein que je ne saurais voir !" (je parle de l'élection de Donald !)

Erwan Blesbois a dit…

Bref l'église de France n'est plus catholique. Les catholiques reconnaissent leur défaite sur le plan des valeurs, face à celles professées par le docteur Freud... A quand de vrais curés tournant dans des films porno pour arrondir leurs fins de mois...

P a dit…

Rien de tout ce qui est humain ne saurait être parfait : l'homme est imparfait par nature.
C'est un constat suite à l'observation du comportement humain sur des millénaires d'histoire en tous lieux de la planète.
D'où l'idée de péché originel.
Le péché originel c'est l'imperfection humaine.
Les institutions humaines sont donc par essence imparfaites puisque composées d'éléments imparfaits.
Aucune religion, aucun régime politique n'est parfait.
Quant à demander pardon...
Quel sens donner à cela ?
Un être imparfait demandant pardon à un autre être imparfait ?
Demander pardon n'a aucun sens dans ces conditions là.
Le seul sens qui puisse exister et se comprendre (et qui grandit celui qui le fait) c'est qu'un être imparfait pardonne ses imperfections et ses malversations à un autre être imparfait !
C'est qu'une institution imparfaite pardonne ses imperfections et ses malversations à une autre institution imparfaite en se grandissant par ce simple fait.
Voilà ce que moi, je crois : demander pardon, non ! Pardonner, oui !

A a dit…

Voilà ce que moi, je crois : demander pardon, non ! Pardonner, oui !
Idem pour :
demander d'être aimé, non !
Aimer, oui !