jeudi 24 novembre 2016

Avant la bagarre



Quelques réflexions avant le duel Fillon-Juppé de ce soir :

1- Juppé aurait-il dû se retirer dimanche soir ? Oui, son retrait n'aurait pas manqué de panache. Il est quasiment sûr de perdre au second tour. Surtout, le maintien divise son camp, on le voit bien. Et les fractures seront longues à se refermer. Alors, à quoi bon ?

2- J'aurais bien sûr préféré que Juppé arrive en premier. Comparé à Fillon, il n'y a pas photo : l'européen contre le souverainiste, le modéré contre le libéral, le centriste contre la droite dure. Juppé attaqué par l'extrême droite, pas Fillon : tout est dit.

3- Pourtant, pas d'illusion : à l'origine, Fillon, c'est la "droite sociale", le gaullisme de progrès. Mais il en reste quoi, chez lui, aujourd'hui ? Plus rien. N'est pas Philippe Séguin qui veut. Juppé occupe un créneau, Fillon un autre : allez savoir si les options n'auraient pas pu s'inverser ...

4- L'attraction du pouvoir sera toujours plus forte que les convictions. Le prochain gagnant rallie en masse ceux qui n'ont jamais manifesté aucune sympathie particulière pour lui. Sauf, disent-ils, dans le secret des cœurs et des urnes ! Permettez-moi d'en douter. Beaucoup de potentiels juppéistes se sont transformés en fillonistes de la dernière heure. C'est la vie, c'est humain.

5- Jean-François Copé a fait l'inverse, mais ce n'est guère mieux : ce droitier décomplexé, qui aurait dû logiquement soutenir Fillon, rejoint Juppé. C'est qu'il a une dent contre l'ancien Premier ministre de Sarkozy. Quand ce n'est pas l'attraction du pouvoir qui motive, ce sont les règlements de comptes personnels ... Chez Bruno Le Maire, le choix de Fillon est sans surprise : la droite jeune est aussi une droite dure.

6- Tactiquement, la victoire de Fillon m'arrange. A côté de ce thatchérien, Macron n'est pas loin de ressembler à un bolchevik. Juppé aurait chassé sur les mêmes terres, centristes et sociales-démocrates. C'aurait été plus embêtant. Là, c'est clair.

7- Que vont donc faire les électeurs de gauche qui ont participé à la primaire de droite ? Ils voulaient éliminer Sarkozy, c'est fait. Vont-ils retourner voter dimanche prochain ? Et pour qui ? Puisque leur démarche est purement tactique et manipulatrice, autant qu'ils votent maintenant Fillon, le candidat qui prendra des voix au FN et que la gauche peut battre plus facilement, tellement il est clivant.

11 commentaires:

Philippe a dit…

Un petit bémol …………….
Nous sommes au niveau des diverses postures verbales que prennent les candidats pour se faire élire, ils sont dans le « il faudrait qu’on » …
Ne jamais avec ces zèbres oublier la phrase prêtée à Chirac « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».
Le karcher et autre « mon ennemi c’est la Finance » sont là pour ramener les électeurs au réel … s’ils le désirent.
On verra l’heureux élu, la place est quand même financièrement bonne, réellement dans ses œuvres.
Qui est A Juppé celui qui semble avoir œuvré au club de l’Horloge à la philosophie politique Nouvelle Droite ou celui qui dialogue avec la tendance Frères musulmans à moins qu’il ne soit caméléon ?
Pour Fillon, je ne sais, arrive-t-il 30 ans trop tard comme le dit Zemmour ?
Et si Fillon ne prenait que peu de voix au FN mais beaucoup à tous les autres ?

Anonyme a dit…

Les différences entre Fillon et Juppé sont artificielles, elles n'existent que le temps d'une campagne électorale. Monsieur Mousset préfère l'homme de droite ultralibérale, comme lui le compatible avec la "gauche" de gouvernementale, pour lequel il aurait pu voter au second tour l'an prochain. Leurs politiques économiques seront aussi catastrophiques par leur choc fiscal comme le fût celui de Hollande en 2012 qui a cassé la croissance. Elles font froid dans le dos par leur esprit rétrograde mais ils s'intègrent très bien dans l'Europe ultralibérale entérinée par le banquier Macron. L'UE, cette grande absente des débats actuels. Il sera bien obligé de voter pour Fillon pour lui éviter le FN.

Anonyme a dit…

Macron, un bolchevique ? Une vaste plaisanterie voire une fumisterie ! Macron n'est qu'une droite molle !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Ne rêvez pas trop : nous ferons tout pour que Le Pen ne soit pas présente au second tour.

2- Je choisis la plaisanterie.

Philippe a dit…

plaisantons ........
Le "Nous"de notre ami blogueur ...
est sans doute un vaste foutoir hétéroclite
Il signifie, peut être, les multinationales, les rois du golfe arabique, les frères musulmans, les banquiers, les marchands d'armes fournisseurs des armées néo-colonialistes dont celle de Hollande etc. ... j'oublie ! les midinettes
puisque notre prof s’y perd ...
Ah ces lecteurs de "Nous Deux" "Closer" etc ... quelle joie de les lire !

Emmanuel Mousset a dit…

Les midinettes méritent plus le respect que vous ne semblez le dire.

Philippe a dit…

Compte tenu de la complexité du duo inné/acquis je suis comme vous issu d'une longue lignée de midinettes.
Elles peuvent être de « bonnes personnes » et humainement très respectables ...
Mais elles ne s’aperçoivent, par exemple, que très tardivement que leur cher époux mène depuis longtemps une double vie.
On peut respecter un être et le trouver candide et pas encore socialement dépucelé …
Il me semble que vous passez facilement au mépris, et que, par suite, vous prêter cette absence de nuance et cette facilité aux autres ?
Il y a place dans le vie à bien d'autres sentiments adoration/mépris.

Emmanuel Mousset a dit…

Ah ! le coup du mépris ... Vous vous y mettez, vous aussi ... C'est très bien porté ces dernières années, ça vous cloue le bec à un homme. Donc silence, je ne dis rien.

Philippe a dit…

Pour moi, mais c’est mon tempérament, adoration je ne connais pas, les « bons pères » m’en faisaient le reproche …. il y très longtemps déjà !
Le mépris non plus car il me semble que tout homme détient une part de réalité/vérité que je n’ai sans doute pas su lire par ignorance crasse.
Mais heureusement entre les deux il reste un arc en ciel de sentiments possibles allant de l’admiration ponctuelle/partielle à la réprobation ponctuelle/partielle.

Erwan Blesbois a dit…

Juppé et Fillon sont deux baby boomers de droite. Un baby boomer de droite c’est un mélange improbable de gaullisme et d’esprit de mai 68, bref cela ne ressemble pas à grand-chose. Tous les deux sont des libéraux, sur le plan économique, conservateurs sur les problèmes sociétaux : libéraux-conservateurs donc. Sachant que la plupart des baby boomers sont désormais à la retraite avec des pensions plus que confortables, et en profitent pour faire le tour du monde, ou plus prosaïquement du tourisme sexuel, quel intérêt y aurait-il à élire encore un baby boomer à la tête du pays, défendant les intérêts d'une génération globalement corrompue et désormais inactive ?
Dans la génération des enfants des baby boomers, c’est-à-dire de ceux qui sont actifs dans la société, et pour le dire crûment qui « en chient » des excès de leurs parents, je vois Arnaud Montebourg, social... c'est-à-dire favorable à la répartition des richesses, et contre l'enrichissement immodéré et sans limite de l'oligarchie financière... et libertaire sur les questions sociétales. Et encore à gauche, Emmanuel Macron libéral-libertaire. A droite, je vois Marine Le Pen et Florian Philippot sociaux-conservateurs, ces deux derniers ne faisant qu’un et formant un couple idéologique social-conservateur. Alors que Marion Maréchal Le Pen serait davantage libérale-conservatrice, mais pour l'instant cette jeune femme n'est pas réellement encore dans le coup. C’est donc entre ces trois choix possibles : social-libertaire (Montebourg), ou libéral-libertaire (Emmanuel Mousset), ou encore social-conservateur (Le Pen-Philippot), que selon moi les Français devraient se déterminer. Sinon élire encore un baby boomer, ce serait conforter l’intérêt des retraités, c'est-à-dire que l’on bosse toujours plus dur et se sacrifie pour payer leurs plus que confortables pensions. C’est-à-dire pour qu’ils aillent s’éclater en Thaïlande ou aux Antilles, pendant que leurs enfants (dont je fais partie), subissent de plein fouet : chômage ; explosion des inégalités salariales ; mise en concurrence des salariés vers le moins disant salarial et social ou dumping social ; emplois précaires ; insécurité dans les quartiers que l’on nomme les territoires perdus de la République ; abandon des principes qui faisaient l’école de la République, que l'on peut appeler, destruction de l’école ; renforcement de l’oligarchie d’argent ; affaiblissement de l’élite intellectuelle correspondant aux intérêts des enfants des baby boomers... donc non représentation des enfants des baby boomers dans l’espace culturelle français, si ce n’est sous une forme caricaturale, dans l’espace télévisuel notamment.
Donc pour résumer, si vous voulez que cela continue comme ça, c'est-à-dire que le monde soit à deux vitesses au niveau des générations, entre baby boomers et leurs enfants. Mais aussi à deux vitesses dans la génération des enfants des baby boomers, entre hyper riches et hyper misérables et méprisés, selon la logique inégalitaire et néolibérale qui prévaut depuis 40 ans, votez Juppé ou plus probablement Fillon, en mai 2017, au deuxième tour des présidentielles. Avec le chantage au fascisme qui sera probablement fait à ceux qui se déterminent à un autre choix plus conforme à leurs intérêts selon moi. Tout comme le petit peuple d'Amérique du Nord a eu le courage de faire un choix conforme à ses intérêts, en votant Trump, malgré le chantage au fascisme qui fut exercé à son encontre...

Erwan Blesbois a dit…

...Là Emmanuel Mousset jouera certainement à fond, son rôle d’idiot utile des intérêts de la génération des baby boomers, d'avantage finalement que celui des intérêts de l’oligarchie d’argent, puisque l'argent ne l'intéresse pas. Mais il ne voit pas ou feint de ne pas voir, que les intérêts des deux sont très souvent liés dans la réalité. Car ne rêvons pas, il me paraît hautement improbable que Montebourg ou Macron arrivent au second tour des présidentielles, et si par le plus grand des hasards c’était le cas pour Montebourg, j’inviterais alors avec bonne conscience les lecteurs de ce blog à voter Montebourg, et son engagement pour le néo-gaullisme de gauche.
Car il évident que voter pour un parti dont l’ostracisation fait partie de la stratégie politique des autres partis, donne mauvaise conscience.
Sachant aussi que la hiérarchisation de la société que l’on connaît, et dont Emmanuel Mousset est un des nombreux chiens de garde, permet aux fort de se mettre à l’abris des faibles, et les beaux de se mettre à l’abris des laids ou encore ceux qui sentent bon de ceux qui puent, et pour finir ceux qui ont des dents des sans dents etc.
Sachant aussi que l’arrivée au pouvoir du FN serait susceptible de remettre en cause les vieilles hiérarchies, notamment entre baby boomers et enfant de baby boomers qui leur sont soumis, et bien inférieurs sur le plan du charisme. Et aussi entre aristocratie financière et fonctionnaires miséreux notamment : comme le montre de façon paradigmatique et spectaculaire, l'exemple de la Silicon Valley, comme possible modèle idéal typique d'une société du futur cauchemardesque. Ou encore entre classe moyenne et hyper classe. Ou bien encore entre aristocratie intellectuelle des baby boomers, et leurs enfants déculturés et biberonnés à l’image et aux jeux vidéos notamment.
Quel notable relativement influent de province prendrait le risque que sa position de domination culturelle, soit remise en question par un gouvernement ne mettant plus l’intérêt des baby boomers en premier, mais celui de leurs enfants ?
Je n’ai pas non plus sur ce blog envie de porter le costard du facho de service, que l’on encourage à assumer ce rôle, par lâcheté soi-même de ne pas ouvertement afficher sa couleur politique et d’assumer les conséquences qui en découlent... en préférant se cacher comme dans une salle de classe, derrière la tête de turc du prof, mais qui lui rentre ouvertement dedans.
Le surmoi, la censure et les tabous imposés par la génération des baby boomers sur leurs enfants, interdit à la plupart de ces derniers, fanatisés à l’antiracisme et au multiculturalisme, d’envisager ne serait que l’éventualité d’une option sociale-conservatrice.
Pour ma part je me définis comme un social-conservateur, mais qui se sent plus proche d'un de Gaulle que d'un Philippot. Et donc s'éprouvant plus proche de l'original à l'attitude aristocratique, que de la copie clairement petite-bourgeoise.