lundi 21 novembre 2016

Réactions primaires

Alors, les résultats d'hier soir, qu'est-ce que j'en ai pensé ? D'abord, j'ai envie de répondre : rien du tout ! Quand on est de gauche, on ne s'occupe pas des affaires de la droite, ayant suffisamment à faire avec son propre camp. Mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir ma petite idée, de réagir. En premier lieu en étant narquois, à plaisir : les cocus de l'histoire, ce sont ces électeurs de gauche, infidèles à eux-mêmes, qui ont cru bien faire en allant voter Juppé, afin d'écarter Sarkozy (mais de quoi se mêlent-ils ?), et qui se retrouvent avec Fillon, beaucoup plus à droite, beaucoup plus libéral. Ils ont l'air malin, maintenant ! Moralité : il faut toujours, en politique ou ailleurs, se laisser guider par ses seules convictions, et pas jouer les stratèges à la petite semaine.

Mon ironie, facile je l'avoue, s'exerce aussi contre les commentateurs et les sondeurs qui avaient fait de Juppé le futur candidat, pourquoi pas le futur président. Même si un rebond de Fillon avait été détecté par eux ces derniers jours, l'écart entre les deux concurrents restaient notables. Les experts de tout bord n'ont nullement perçu la percée de Fillon. Ils se sont magistralement plantés ! Que cela puisse servir d'exemple à tous pour les prochains mois.

Sinon, les électeurs de droite ont eu du nez : ils ont bien senti, comme moi aussi, dès le premier débat, quel était le candidat le plus sérieux, le plus solide, mais aussi le plus à droite, le plus libéral. Juppé, c'était le candidat de l'ambiguïté, celui qui plaisait aux socialistes dans mon genre, donc un mauvais cheval pour la droite. Non seulement les électeurs de gauche qui ont participé à la primaire ne l'ont pas servi en échouant à le placer en premier, mais ils l'ont même desservi, car un citoyen de droite ne peut que se méfier d'un candidat qui attire des citoyens de gauche, qui plus est malhonnêtes, puisqu'ils ont détourné le sens de la primaire (qui ne s'adressait qu'aux sympathisants de droite). Juppé aura été puni par où il a péché : jeter ses filets en dehors de son camp.

Pour le reste, NKM m'a beaucoup amusé hier soir : il y a quelques jours, elle savait qu'elle ne serait pas élue et s'en contentait ; à l'annonce des résultats, elle semblait presque heureuse d'avoir perdu, elle en parlait comme d'une victoire ! Le pauvre Copé ne mérite aucun commentaire : qu'est-il allé faire dans cette galère de la primaire ? Mais le vrai perdant, c'est Bruno Le Maire, parce qu'il avait tout d'un possible gagnant. Bien à droite pourtant, les électeurs lui ont préféré Fillon, moins novateur, plus traditionnel. C'est un mystère. Sarkozy ? Pas trop de surprise : les gens n'ont pas voulu d'un revenant, qui fait peur à la gauche mais ne séduit plus la droite.

Et maintenant ? François Hollande devrait y réfléchir : les ex n'ont plus la cote. Fillon n'est certes pas un perdreau de l'année, mais il n'a jamais exercé la plus haute responsabilité. L'avantage pour la gauche, c'est qu'il est un ultralibéral assumé et un conservateur en matière de mœurs. Avec Juppé, ni chair ni poisson, c'aurait été moins évident. Bien sûr, la désignation de Sarkozy aurait été préférable pour la gauche, tant l'ancien président représente une droite caricaturale, un utile épouvantail. On ne peut pas tout avoir ... En tout cas, Fillon est un adversaire honorable : convaincu, intelligent, déterminé. Emmanuel Macron l'a fort bien défini : porteur d'un thatchérisme à la française. Est-ce cela que nos concitoyens veulent ? Le débat ne fait que commencer (vous avez remarqué que je parle comme s'il n'y avait pas de second tour ? Quand les carottes sont cuites, on court d'autres lièvres ...)

11 commentaires:

Le futur a dit…

"celui qui plaisait aux socialistes dans mon genre"
Juppé vous plaît ?

Anonyme a dit…

Etant donné le score de Juppé il faut croire que bien peu de gens de gauche soient allés voter Juppé, en fait les électeurs de droite ont voulu par ce vote exprimer le refus de la pré-sélection par les médias d'un duel de second tour Juppé/Sarkozy ce qui n'est pas de bonne augure pour vous et votre candidat préféré des médias, Macron.
Ce choix des médias s'est retourné contre Juppé et les électeurs de droite ont comme vous le dites choisi l'un d'entre eux qui les rassure et leur convient mieux.Celui qui leur parait le plus susceptible de gagner et selon leurs intérêts. Les médias ne travaillent pas vraiment mais se contentent d'être les agents d'un politiquement correct sans chercher à connaître le peuple et ce qu'il pense, à tort ou raison. Parce qu'en régime démocratique le peuple, par son vote, a raison quoiqu'en pense notre caste médiatique.
Entre 7 candidats ils ont choisi le plus ultralibéral d'entre eux, ce notable de la bourgeoisie catholique de province: François Fillon. Ce qui ne l'empêchera d'emporter haut la main le second tour en raison de son score et de son avance pour Juppé. C'est la première surprise de la présidentielle et j'espère que les Français nous en réserveront d'autres.
Si Fillon n'a pas exercé la plus haute responsabilité, Macron n'a exercé que bien de postes à responsabilité, il est co-responsable de la désastreuse gestion de Sarkozy à tout point de vue : l'agression de la Libye, et le désarmement de notre pays en supprimant 13000 policiers, gendarmes et militaires, agents de renseignement. Ce que les gouvernements Hollande, Ayrault et Valls n'ont que trop peu réparé étant donné leur soumission aux règles économiques imbéciles de l'UE.

Un fait significatif que je tiens à souligner : dans sa tournée d'adieux en Europe le Président Obama s'est volontairement abstenu de passer par Paris. En effet il est inutile d'aller saluer un président tellement dévalué et soumis à la double tutelle germano-américaine. Quand l'on n'a pas de temps à perdre comme un président US on ne va voir que le maître du continent européen et non pas le valet. Et même il a daigné aller visiter ce "petit" pays qu'est la Grèce. Tout est dit !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Oui, Juppé était le candidat le moins à droite, le plus centriste.

2- Obama n'est pas passé par Paris, précisément parce que la France n'est pas subordonnée aux USA.

Anonyme a dit…

La France, pas subordonnée aux USA, vous prenez vos désirs pour la réalité ! En peu de mots vous étalez votre ignorance en la matière puisqu'Hollande s'apprête à parachever le travail de Sarkozy, comme en tous domaines, en prolongeant la réintégration de la France du commandement militaire de l'Otan, ce bras armé des US sur le continent européen. Comme tout socialiste vous êtes un atlantiste donc un partisan de la soumission de notre pays aux USA comme du temps de la IVè République. Vous avez un goût prononcé pour la servitude parce que vous êtes un fédéraliste européen donc d'une Europe où l'Allemagne domine de tout son poids en laissant l'illusion aux Français de peser sur le cours des choses. Depuis sa réunification l'Allemagne a bien d'autres centres d'intérêt que l'UE: l'Europe centrale et orientale où elle fabrique à bas coûts et a une main d'oeuvre bon marché pour nous tailler des croupières en bien domaines notamment agricole. Vous faites preuve d'une naïveté bien française: l'Allemagne pense monde, la France UE, UE, UE.

Anonyme a dit…

Oui, Juppé le moins à droite, le plus socialo-compatible pour compenser la probable déroute électorale de l'an prochain de la "gauche" gouvernementale. Donc vous pourrez une nouvelle fois voter à droite, votre vrai positionnement politique.

Le futur a dit…

Non mais de la à dire qu'il vous plaît ? Juppé reste un homme de droite. Il n'est pas social-démocrate. Pas du tout. Il adhère aux valeurs du parti "Les Républicains", anciennement "UMP", anciennement "RPR". Tout comme Sarkozy et Fillon.

Erwan Blesbois a dit…

On a fait de l'économie un absolu indépassable, un problème, et l'étalon de toute pensée politique. Or l'économie ce n'est rien, c'est un chiffre avec des zéros derrière, et ce néant occulte toutes les autres valeurs.
Fillon particulièrement est un fanatique de ce mode de pensée, il n'y a que des chiffres dans sa tête. On le dit catholique, vraiment ! Je ne vois pas les valeurs, je ne vois ni l'esprit ni la conscience... je ne vois qu'une machine à calculer, et un genre de radinerie congénitale.
Ça c'est sûr qu'avec lui on va en baver, ça va être une période très sévère de vaches maigres pour les classes populaires et moyennes, pendant que les riches vont continuer à s'engraisser. Puisqu'il a le toupet d'annoncer une politique à la Thatcher, 37 ans après, alors que l'on ait vu le résultat d'une telle politique désastreuse, à l'échelle mondiale. Comme on dit chez les gens des classes populaires, Fillon semble avoir de la merde dans les yeux ! Entre Fillon et Macron, je préfère encore Macron. Si il voulait faire élire Marine Le Pen, il ne s'y prendrait pas autrement selon moi. Non mais je rêve, le PS se félicite officiellement que les Français de droite aient voté pour Fillon, un candidat qui ne cultive pas l’ambiguïté à droite, selon lui. Non rien n'y fera je pense, le PS aimerait nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ou alors exploiter un espoir, l'espoir d'un second tour PS/Fillon, or non, rien ne pourra stopper désormais la fureur populaire. Les Français ont pris conscience qu'ils étaient manipulés, comme tous les peuples des pays occidentaux (manipulés et finalement détruits en réalité par la génération des Baby Boomers, pervers narcissiques globalement, mais chut, il ne faut pas le dire : c'est un "mauvais roman") et le second tout opposera bien Fillon à Le Pen, pas la peine de se voiler la face : "faut pas se mentir", comme il est d'usage de dire aujourd'hui. Les Nord-Américains sont les premiers qui ont dit "merde" à la génération des Baby-Boomers, mais ils ont simplement dit "merde", sans réel projet constructif derrière. Oui mais parce qu'ils ont été comme les Français et tous les peuples des pays occidentaux, laminés moralement, spirituellement, matériellement, culturellement par 40 d'idéologie néolibérale, voire ultra libérale, qui découlait des mouvements des jeunesses de tous les pays occidentaux à la fin des années 60 (mai 68 en France). Qui de l'extrême gauche au départ, sont pratiquement tous passés à l'ultra libéralisme : il est a noter que nous sommes beaucoup plus proches idéologiquement des Nord-Américains, que nous le pensons...

Erwan Blesbois a dit…

...La vague populiste, je préfère dire populaire passera en France aussi, c'est pratiquement inéluctable, nous ne serons pas "épargnés", malgré la propagande médiatique actuelle, hexagonale, et c'est peut-être sain, car cela pourra ouvrir de perspectives nouvelles, même si la transition du populisme vers une forme plus construite politiquement, sera un passage obligé, mais très dangereux à emprunter, pouvant mener au totalitarisme. On ne peut pas continuer ainsi avec les maux suivants qui découlent tous logiquement du néolibéralisme, comme 2+2 font 4 : destruction de l'école, destruction du monde du travail, délocalisations, mise en concurrence des salariés, déclassement redouté des "classes moyennes" ou petits bourgeois, enrichissement éhonté de la classe dominante, politique géostratégique de destruction des Etats nations au moyen Orient, donc boulevard laissé dans ces pays à l'islamisme, comme conséquence logique de la guerre exportée dans ces contrées lointaines, mais riches en pétrole et où prime la sécurité d'un tout petit Etat, mais qui fut construit sur les cendres du plus grand crime contre l'Humanité de l'Histoire, migrants économiques ou non, et réfugiés politiques ou non, fuyant vers l'Europe, attentats sanglants sur le sol européen, insécurité réelle et incivilités banalisées, voire émeutes urbaines, dans certains quartiers que l'on nomme, selon moi à juste titre, les "territoires perdus de la République"... et j'en passe et en oublie certainement. Il faut avoir le courage de dire NON, il faut botter le cul au système, ici et maintenant. Tant que l'on continuera sur cette pente savonneuse, du néolibéralisme, sur laquelle droite et gauche s'accordent à glisser, le pays appelé France, et tous les autres pays impliqués dans la mondialisation, déclineront jusqu'au chaos et la destruction finale. Mais il ne faut pas désespérer d'une reconstruction postérieure, sur des valeurs qui ne seront plus celles du veau d'or, qui est bien la valeur suprême de la mondialisation. Croissance, baisse de la dépense publique, tout ça c'est du pipeau, qui traduit bien notre manque d'imagination collectif à imaginer un monde meilleur et fécond pour l’élévation des esprits, et particulièrement celui des enfants, quand Fillon s'apprête à des coupes sombres en matière d'éducation. Jamais dans l'Histoire de l'Humanité, société ne fut aussi médiocre, aussi futile, aussi absurde, aussi féroce.

Erwan Blesbois a dit…

Précision : encore une fois je n'appelle pas explicitement à voter Marine Le Pen, mais j'appelle nos concitoyens à réfléchir au plus vite à comment rendre un mouvement populaire inexorable, plus réfléchi, afin qu'il ne débouche pas sur le totalitarisme. De par ma classe sociale d'origine, bobo, j'ai moi aussi des tabous très forts concernant les mouvements populistes ou populaires, qui actuellement balaient les pays occidentaux, car ils embrassent aussi les idées les plus abjectes. Même si le mouvement de fond, de dire non au système me paraît sain et absolument nécessaire, et qu'Emmanuel Mousset traite la question par le mépris.

Philippe a dit…

Quand la "jungle" de Calais a été dispersé je m'étais dit : c'est tout bon pour la Marine ...
Les aggressions atteignent les endroits qui se croyaient à l'abri ...et je ne parle pas de lieux éloignés !
no comment ... plus avant ...

Philippe a dit…

Erwan,

Le FN n'est qu'un des partis politiques reconnus et autorisé.
Il n’est pas plus ni moins raciste ou xénophobe que les autres.
Bombarder des pays musulmans depuis 25 ans n’est pas tellement moral …
Que dirions-nous si Syrie nous bombardait ????
et pourtant de nombreux partis acceptent de le faire tout en prêchant le vivre ensemble.
On a tout à fait le droit de voter FN qui est pacifiste et aux élections suivantes PS qui est belliciste !
Les politiciens et leurs servants ne détiennent pas toute la vérité, par contre ils passent leur temps eux et leurs officines satellites à la farder …
Umberto Eco pourrait ajouter un grand nombre de chapitres à son livre « La guerre du faux ».