jeudi 3 novembre 2016

Médiapart en marche



Je ne vais pas trop sur internet. Mais hier, oui : Emmanuel Macron était le premier invité de la nouvelle émission de Médiapart, en accès gratuit. Le social-libéral chez les gauchistes, Macron face à Plenel, il fallait ne pas manquer ça ! Et je n'ai pas été déçu : internet est capable du pire comme du meilleur. Hier soir, c'était le meilleur. A côté, les émissions politiques à la télévision font pâle figure. Qualité, investigation, sérieux, tout y était.

Je m'attendais au clash entre l'invité et ses interlocuteurs. Eh bien non : les échanges ont été courtois, ouverts, sans complaisance certes, mais sans hostilité. Macron a été intéressant, comme à son habitude, et plus que ça, dans un milieu qui ne lui était pas du tout acquis : séduisant. Oui, il me semble bien qu'il a épaté les gauchos de Médiapart, Edwy Plenel en tête. Mais je ne prétends pas non plus qu'il les a convaincus, loin de là. La sympathie simplement passait entre eux. C'est que Macron est un type foncièrement sympathique, bienveillant envers autrui, énergique, enthousiaste : une telle personnalité ne peut qu'irradier autour de elle.

Dans son contenu, rien de très nouveau. Nous avons seulement appris qu'il ne proposerait pas le droit de vote aux immigrés, parce que ce n'est pas leur revendication première. L'aéroport Notre-Dame-des-Landes doit se faire, parce que la population consultée par référendum en a décidé ainsi. La loi El Khomri : il aurait fallu l'annoncer d'avance, être beaucoup plus clair dans sa pédagogie, la pousser plus loin dans sa philosophie. Le grand moment, je crois, en phase aussi avec Médiapart, c'est dans le soutien de Macron à l'accueil des migrants : la France n'a pas été complètement à la hauteur de l'enjeu, contrairement à l'Allemagne.

Et puis, l'inévitable question sur sa candidature à la présidentielle : ira ? ira pas ? Emmanuel Macron a énuméré cinq conditions : se définir par rapport à soi et pas par rapport aux autres, ne pas compromettre l'équilibre des institutions, maintenir l'amitié avec le chef de l'Etat, ne pas renier ce qui a été fait au gouvernement, proposer une offre politique nouvelle. Il y a donc du pour et du contre. Mais, à choisir, j'aurais plutôt tendance à penser que Macron se portera candidat, y compris si Hollande l'est à nouveau.

De ce que j'ai vu et entendu de cette émission, l'exercice d'Emmanuel Macron rencontre-t-il des limites ? Je pense que oui (bien étonnant serait la perfection !). Sa façon de s'exprimer n'est pas totalement accessible au tout venant. Macron est souvent dans l'analyse, très pointue et pas facile à suivre. Il devra en quelque sorte policer sa parole, la rendre plus abordable au grand nombre. Mais ce que je retiens surtout de lui, de son intervention d'hier soir, c'est que son projet, à rebours de la caricature qu'on en fait, est profondément social. Il s'agit, pour lui, de réintégrer à la société, au travail, à la formation, des catégories entières de la population, de nombreux quartiers qui en sont aujourd'hui exclus. Et c'est peut-être ça la sensibilité commune avec Médiapart, qui fait que la rencontre d'hier entre eux et lui s'est correctement déroulée.

13 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Macron est un politicien pour bobos. C'est-à-dire des gens qui n'ont rien compris, se croyant libertaires, et par là même implicitement soutiennent le libéralisme, qui est de la pornographie morale que les musulmans à juste titre méprisent, car eux seuls ont encore des valeurs spirituelles en France, qui découlent d'une religion vivante ; la religion catholique étant pratiquement morte, ayant été méthodiquement arrachée du terroir et des villes, sur plusieurs siècle, et laissant pour héritage les différents mythes spirituels de la République, comme l'autorité ou "nos ancêtres les Gaulois" ou autres, eux-mêmes sérieusement menacés et bien entamés. Alors maintenant que l'on ne vienne pas pleurer qu'une religion nous envahit, nous n'avons aucune contre-valeurs décentes à leur proposer, si ce n'est le culte du fric. Les bobos même si ils disent se désintéresser de l'argent, adhèrent à la pornographie morale que nous diffuse à longueur de temps la doxa médiatique, et surtout l'enlaidissement du monde par la publicité, dont la propagande se fait à flux tendus, venant polluer jusqu'à notre intimité. En tout cas Macron, ne s'en désintéresse pas, lui, de l'argent : il conseille même d'en gagner beaucoup et cela séduit beaucoup de bobos hypocrites qui disent ne pas s'y intéresser. Quant à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est une manipulation du gouvernement, qui savait très bien qui consulter pour que le référendum soit valide : c'est-à-dire uniquement la population d'un département qui devrait au passage, par son ancrage historique, être rattaché à la Bretagne : la Loire-Atlantique. Seuls les habitants de ce département, peuvent être intéressés par l'attrait économique éventuel que pourrait susciter un tel projet, et surtout manipulés peut-être par leurs élus qui leur font prendre des vessies pour des lanternes. Sinon si l'on consulte les Français, ou même seulement les Bretons, ils sont globalement contre. A une époque où l'on voit se détruire l'environnement naturel à l'échelle mondiale, à une vitesse exponentielle, il est consternant qu'un pays comme le France montre l'exemple d'un pays qui ne respecte pas un écosystème remarquable, et qui est prêt pour le profit à le détruire, et qui participe ainsi à l'enlaidissement du monde, et à l'éradication de toute valeur spirituelle, après celles suscitées par la religion, puis par la République, celles, je parle des valeurs, de l'harmonie avec la nature, que les Grecs nommaient réconciliation avec le cosmos, et où ils voyaient la sagesse ultime. En système capitaliste, l'argent noie toutes les valeurs, et devient la seule valeur de référence, laissant derrière lui, l'argent, un monde ruiné. On s'apercevra avec le temps que cet écosystème avait finalement plus de valeur, spirituelle c'est évident, mais y compris peut-être économique : notamment pour le tourisme... qu'une dérisoire et affreuse dalle de béton polluée ! Que les zadistes résistent jusqu'au bout, je soutiens leur combat. La plupart des observateurs, de toute façon, prédisent que l'aéroport ne se fera jamais, car il n'a aucune utilité, vu qu'il existe déjà un aéroport à Nantes, qui pourvoit largement aux besoins.

Erwan Blesbois a dit…

...Nous vivons un temps d'éradication des valeurs spirituelles, noyées par la valeur d'échange que constitue l'argent, et qui pourrait se traduire, si nous n'y prenons pas garde, à un mouvement de chute dans l'abîme. Si un jour vous êtes malade spirituellement, ne faites jamais confiance à la corporation des psys, ils sont aujourd'hui totalement corrompus par l'argent, comme en son temps la religion catholique en son cœur, au Vatican, chez les papes eux-mêmes, fut totalement corrompu par l'argent, ce qui a expliqué le mouvement de réaction, qui se manifesta par la Réforme protestante.
Les psys ne pensent pas avec leur cerveau, mais avec leur portefeuille. J'en ai beaucoup connu dans mon entourage, très peu dérogent à cette règle. C'est pour cela qu'il vaut mieux ne pas avoir besoin de faire appel à cette corporation, et les fuir comme la peste.
Pour finir, contrairement à la religion ou à la République, une idée en voie de péremption, l'argent ne suscitent pas de valeurs selon moi, si ce n'est la seule valeur d'échange : pur nihilisme... Et Pascal Bruckner d'en faire une sagesse : toute une pensée un brin emberlificoté pour servir l'idéologie bobo ? Mais bon... Bruckner est plus un homme de culture que d'argent, et finalement chez lui, c'est la culture qui suscite des valeurs, dont la valeur qu'il attribue à contresens à l'argent, qui n'en comporte aucune, hormis la valeur d'échange, qui "in fine", peu à peu finit par noyer toutes les autres valeurs, suscitées par de grands systèmes, comme la religion catholique en France, puis la République, je le répète en voie de péremption, sous l'effet du libéralisme.

Anonyme a dit…

Cette relative bonne entente entre deux serviteurs du Capital, c'est normal. Macron est un internationaliste comme Médiapart qui ne remet pas en cause la mondialisation et l'Europe néolibérales. C'est pas un hasard s'il va à Londres chercher l'argent pour financer son action politique.

Anonyme a dit…

@ Erwan Blesbois
Le libéralisme économique dominant est un matérialisme comme son frère jumeau le communisme. Tous deux n'envisagent l'Homme qu'en tant qu'un homo-économicus.Tous deux ne s'épanouissent mieux que dans des régimes autoritaires comme le Chili de Pinochet, et la Chine sous la férule du Parti communiste chinois.

Erwan Blesbois a dit…

Macron ne propose pas de vrais solutions.
On nous rabâche en ce moment constamment les oreilles avec le miracle économique allemand, et leurs 6% de chômage. Sauf que je vais vous la donner moi la clef de ce miracle et elle ne réside pas dans l'économie qui n'en est qu'une conséquence, or quelle est la cause ? La cause est assez simple mais personne en France ne fait mine de la voir. La cause est dans la qualité de leur système d'enseignement et d'éducation. Et en quoi leur système d'éducation est-il différent du nôtre ? Il est évident que l'éducation génère des valeurs et les Allemands ont su créer ces valeurs, pour mettre tout le monde correctement dans les rails de l'économie de marché, personnellement je suis contre l'économie de marché, mais tel n'est pas le problème ici...
La suite dans...
http://sanscouvertures.blogspot.fr/2016/11/les-clefs-du-miracle-economique-allemand.html

Anonyme a dit…

@ Erwan Blesbois
Ce que l’on fait subir à nos flics et à nos profs est une parabole de ce que l’on fait subir à notre pays et à son peuple, depuis déjà trop longtemps. Toujours plus malmené, méprisé, moqué, roulé, manipulé, livré toujours plus à la barbarie et prié de s’en satisfaire sous peine de reductio ad atchoum…

Un scandale permanent dont l’un des derniers avatars voit la mise en cause judiciaire de Zemmour pour un bout de phrase mal tournée, alors que tant d’autres qui ont chantonné des odes aux Kouachi ou à Merah, jusque dans des médias “consacrés”, continuent de couler des jours tranquilles, où une Bouteldja peut professer son racisme anti français, son antisémitisme, à longueur de torchons en toute impunité…

Anonyme a dit…

Le catholicisme susceptible de ressusciter un monde de valeurs... laissez moi rire Erwan Blesbois ! En fait de leçon de politique, on apprend par l’Eglise de France que c’est l’agressé (le Français de "souche" pour faire court, ou au moins d'origine chrétienne et européenne) qui est coupable de l’agression dont il est victime, et en guise de dialogue théologique ou politique avec l’islam, c’est à la soumission compassionnelle qu’elle nous invite, sous les applaudissements de l’Eglise médiatique. "Soumission" en somme : voilà le plaidoyer, paru dans "Le Monde", des évêques de France en faveur d’une société multiculturelle : on a affaire à une critique implicite des catholiques trop attachés aux racines chrétiennes de notre pays. L’Eglise de France y souligne que les personnes d’origine étrangères sont partie prenante du contrat social...

Anonyme a dit…

"sympathique, bienveillant envers autrui, énergique, enthousiaste" , l'enfer est pavé de bonnes intentions ! Surtout quand toutes ces qualités sont au fond au service d'une mauvaise cause : l'ultra libéralisme.

Emmanuel Mousset a dit…

En enfer, il n'y a que de mauvaises intentions. Evitez les lieux communs. Quant à la mauvaise cause, vous êtes d'accord avec Macron, puisque c'est ce qu'il combat.

Anonyme a dit…

"En enfer, il n'y a que de mauvaises intentions" Et l'accueil des migrants, et la régularisation des clandestins? vous ne croyez pas qu'à terme ce sentimentalisme, n'aboutisse à la dissolution de ce qui fait le bien commun en France, à savoir la République?
Macron combat l'ultra libéralisme? Développez, ça m'intéresse.

Emmanuel Mousset a dit…

1- La France n'est pas l'enfer.

2- La République, c'est la fraternité avec les malheureux.

3- Macron contre l'ultra-libéralisme : lisez mes billets précédents sur le sujet.

Anonyme a dit…

La France, comparée à celle de votre jeunesse, c'est l'enfer. Votre fonction "protégée" actuelle vous empêche d'en faire l'expérience.
Macron est un ultra libéral, tout dans son comportement, ses attitudes, ses saillies sur les milliardaires, l'indique

Erwan Blesbois a dit…

"L'enfer est pavé de bonnes intentions", ce dicton frappé au coin du bon sens populaire, exprime-t-il une certaine forme de vérité ? Prenons l'exemple du génocide des Indiens d'Amérique, les Américains actuels ont fait la chose suivante : leur "paradis" est pavé de mauvaises intentions... puisque leur pays repose sur des millions de cadavres qui ne trouveront jamais à se venger, et dont la mémoire ne sera jamais honorée. Comme le "paradis" peut être pavé de mauvaises intentions, j'en conclus que la proposition : "l'enfer est pavé de bonnes intentions", est vraie aussi. Pure logique, principe d'identité entre deux propositions qui se valent : puisque l'enfer est le contraire du paradis et que les mauvaises intentions sont le contraire des bonnes intentions, j'en arrive à A=A , et j'ai démontré par la logique la validité de cette proposition : "l'enfer est pavé de bonnes intentions"