dimanche 20 novembre 2016

Retour sur candidature



La déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, bien qu'attendue, a été l'événement politique de la semaine. Mais le plus surprenant est moins le propos de l'intéressé que les réactions qu'il a suscitées. Jusqu'à sa démission du gouvernement, Macron était généralement apprécié : à gauche, parce que celle-ci était fière d'avoir un ministre si jeune, si intelligent, dont elle avait fait son chouchou, à juste titre ; à droite, parce qu'elle pensait y reconnaître quelqu'un pas si différent d'elle, à tort. Eh bien, les louanges et les sympathies ont volé en éclat, surtout depuis mercredi dernier : pour une partie de la gauche, Macron est un traitre ; pour une partie de la droite, c'est un incompétent. Bref, le gentil qu'on félicitait est devenu le méchant à abattre. Je suis toujours stupéfait comment, en politique, les positions des uns et des autres varient, fluctuent, se retournent selon les situations et les circonstances. On brûle très vite ce qu'on a adoré, et inversement. J'espère échapper à ce vice.

Durant cette semaine, une critique a été récurrente : Emmanuel Macron s'en prend au système, alors qu'il en est le produit, lui, l'énarque, le banquier, le ministre. Alors, contradiction, démagogie, imposture ? Non, rien de tout cela, mais inintelligence, volontaire ou non, de ses contradicteurs. Etre antisystème n'a pas de sens tant qu'on ne dit pas à quel système on s'oppose. Car il y a plusieurs systèmes, comme j'expliquais dans un récent billet qu'il y a plusieurs élites : Macron n'est pas contre le système économique (le marché), mais contre le système politique. Avec cette précision, tout redevient très clair.

Macron n'est pas le produit du système politique actuel : il n'a jamais été élu (on le lui reproche d'ailleurs), il n'a jamais été responsable de parti. Ce système politique, il le conteste fortement, en critiquant les formations politiques, leurs jeux d'alliance, en refusant les clivages traditionnels. Il met cette pensée en pratique, en créant un mouvement dont le fonctionnement ne doit rien aux appareils classiques. C'est déroutant pour certains, rebutant pour d'autres, mais c'est bien la preuve qu'Emmanuel Macron est un candidat antisystème.

On lui reproche de diviser la gauche, en même temps qu'on lui reproche de n'être pas à gauche : j'aime beaucoup ce genre d'argument, qui n'en est pas un parce qu'il est contradictoire. Il faudrait savoir ! Arnaud Montebourg, de son côté, ne trouve pas mieux que lui reprocher d'être "le candidat des médias", tropisme ancien d'une vieille gauche hostile aux moyens de communication, qu'elle n'applaudit que lorsqu'elle croit en bénéficier. Il n'y a jamais eu de "candidat des médias", qui ne vont que vers la lumière, dont Montebourg ne peut pas, hélas pour lui, se targuer.

Florian Philippot fait plus fort, que Montebourg n'a pas osé : Macron, c'est "le candidat des banques". Sûrement parce que Macron a travaillé dans cette branche. Et quand un enseignant se présente à une élection, je suppose qu'on lui reproche d'être "le candidat des enseignants" ? Comme on est bête quand on a aucun argument à opposer à l'adversaire, ou bien qu'on reprend la vieille antienne fascisante sur et contre la finance cosmopolite, apatride (enjuivée, on ne se risque plus à le dire).

Ce que je retiens de cette semaine qui a affolé la classe politique, c'est que les propositions d'Emmanuel Macron, qui sont nombreuses, ne sont JAMAIS débattues ou contestées : durée légale du travail en fonction de l'âge, retraite à la carte, droit à l'indemnité chômage pour les salariés démissionnaires, les autoentrepreneurs et les travailleurs indépendants, nationalisation de l'Unedic, etc. Voilà qui devrait faire réagir et s'opposer les opposants, je suppose. Mais non : ils préfèrent s'en prendre au banquier, au traitre, à l'incompétent, à la créature des médias, à l'ultralibéral (dixit Marine Le Pen). Normal : quand les idées dérangent, quand elles bousculent l'ordre établi, quand on est soi-même en manque de projet, on préfère s'en prendre à l'homme, c'est plus facile. Mais pour ses partisans, c'est de bon augure.

8 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Une fois encore tu t'échines contre la morale et tu défends un état d'esprit ultralibéral, sans même te soucier une seconde de toutes les victimes qu'engendre un tel système. Qu'importe pourvu qu'il y ait de la spiritualité et plus de morale. Par essence tu es dans le camp des privilégiés, par une sorte de ruse, puisqu'au départ tu n'y étais pas destiné par ta naissance dans un milieu défavorisé. Mais le hasard et les circonstances t'ont porté au pinacle, et désormais tu ne fais que défendre les intérêts de ta caste en culpabilisant ceux qui éprouvent du ressentiment d'en être exclu (ceux qui votent FN ou Trump, notamment). Ne faudrait-il pas réfléchir à un monde où la majorité des hommes appartiendraient à cette élite spirituelle que tu appelles de tes vœux ? Et où ils seraient en mesure par la force qu'ils représenteraient, de tendre la main aux plus fragiles. Mais non ton attitude est toujours toute de raideur et de mépris pour les victimes, parce que toi-même par le hasard, je le répète, tu est un gagnant. Tu ne trouves pas tout cela profondément dégueulasse, tu ne culpabilises pas une seconde ? Mon ressentiment m'autorise même à te dire que je ne suis pas jaloux de toi, la caste oligarchique au triomphe de laquelle tu participes, va bientôt s'effondrer, sous les coups de boutoir de la fureur populaire, d'une façon ou d'une autre. Donc la postérité retiendra que tu fus dans le camp des perdants, et elle jettera le souvenir de ton existence dans les oubliettes de l'histoire, dans la fosse commune.
La logique de la société actuelle, dans le monde du travail et jusque dans l'éducation des enfants puis des ados, c'est "sabrons, sabrons, dieu reconnaîtra les siens !" Non Emmanuel, le peuple va dire stop ! Nous allons certainement vers la ruine et le chaos, mais il ne faut pas désespérer d'une reconstruction postérieure. Tout ce que l'Histoire retiendra dans cette affaire, c'est que la génération de mai 68 aura construit un monde sans morale non viable pour leurs enfants, notamment bobos, qui ne se rendent pas compte qu'en adhérant aux valeurs de leurs parents, ils causent leur propre destruction psychique. Des petits malins tel Emmanuel Mousset surent tirer leur épingle du jeu, mais tout cela est anecdotique. Comme il ne faut pas désespérer que la vérité et la justice ne finissent par l'emporter : les tenants de l'idéologie de mai 68 passeront devant le tribunal de l'histoire, au même titre que les nazis y passèrent, de façon sans doute moins spectaculaire, et sans doute pas de leur vivant, mais ils y passeront.

Emmanuel Mousset a dit…

Après tout, ce n'est pas désagréable d'être le personnage principal d'un mauvais roman.

Philippe a dit…

En attendant la suite et les autres "boules puantes" E.Macron devient "populiste".
La campagne démarre ... et en route pour avoir le même sort que JMLP ou MLP ....et Trump !
Bienvenu au club !!!!!
lire :
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2016/11/18/emmanuel-macron-main-dans-la-main-avec-les-guerinistes-a-marseille_5033376_4854003.html

Emmanuel Mousset a dit…

Comparaison n'est pas raison. Ce sont les projets qu'il faut comparer, pas les personnes. Mais c'est tellement plus facile ...

Anonyme a dit…

Votre surprise quant à des évolutions de prises de position de tel ou telle homme ou femme politique, est, une fois de plus, le signe de votre naïveté. L'officialisation de la candidature de Macron pour attendue qu'elle soit clarifie les choses.
La position de Macron sur son opposition au système politique et non au système économique (le divin marché comme l'écrivait Dany Robert-Dufour) est artificielle et ne trompe que ceux qui veulent bien être trompés. Toute la classe politique, Macron n'y faisant pas du tout exception, est acquise au système ultralibéral qui consiste à s'en remettre à un marché supposé réguler et harmoniser les activités humaines dans le sens de l'intérêt général ce qu'un auteur libéral n'a su et pu démontrer comme la prétendue existence d'une main invisible, même l'un des penseurs du libéralisme cf Adam Smith, à la libre circulation intégrale des hommes et des capitaux. Ce en quoi la gauche dite de gouvernementale pratique la même politique que la droite.
Macron est bien le favori des médias comme on peut le voir en leurs unes respectives. Le problème est que lesdits médias ont une tendance de plus en plus marquée à se tromper avec constance sans en tirer la moindre autocritique ni remise en question. Rien n'est plus trompeur, souvenez-vous de Barre, Rocard, Delors, Balladur et Jospin qui furent en leur temps favoris des médias. On sait bien ce qui leur est advenu.
Pompidou a travaillé pour Rotschild mais nul ne lui a reproché parce qu'à son époque les banques n'étaient pas toutes puissantes et qu'elles ne pouvaient pas agir selon leur bon plaisir assurées qu'elles sont maintenant d'être sauvées par de l'argent public de leurs seuls errements. Elles et leurs dirigeants ne se gavaient pas alors qu'il est demandé au citoyen ordinaire toujours plus de travail pour moins de salaires et de protection sociale. Du moins pour ceux qui en ont mais nul ne se soucie, surtout pas Monsieur Mousset et son mentor Macron des 5 millions de gens sans travail ou sous-employés contre leur gré, et moins encore des 8 à10 millions de pauvres dont ils font partie. Mousset et Macron adoptent des postures d'hommes de gauche mais ils ne sont que des imposteurs. Le banquier Macron ne connait pas son pays et son inconscient culturel, sinon il ne serait pas étonné ce reproche d'avoir été banquier. Cet inconscient culturel est donné par le vieux fonds catholique de notre pays, même déchristianisé, parce qu'il a été renouvelé et approfondi lors de la Révolution française où l'aspect et les tendances égalitaires ont fortement imprégné le pays. L'un de ses aspects est l'hostilité envers l'argent et sa toute puissance et un fort anticapitalisme et ce n'est pas parce que les traductions politiques de cela (l'Eglise catholique, le PC, et la tendance la plus à gauche du PS) sont très affaiblies qu'elles ne perdurent pas dans notre inconscient collectif. Mélenchon peut en tirer profit.































Anonyme a dit…

Ne vous en déplaise Macron n'est qu'au service des riches et des banques, il suffit de connaître la liste de ses donateurs, financiers ce qu'il refuse à communiquer pour d'évidentes raisons. De plus il n'a pas de vraie expérience politique, son bilan de ministre des finances contesté et contestable comme le loi Macron sur la déréglementation en matière de transports en autobus. Lisez donc "Introduction inquiète à la Macron-économie" ce livre indique bien tous les poncifs sur lesquels a reposé son action et ses déclarations publiques. Toutes les propositions économiques s'inscrivent parfaitement dans le cadre ultralibéral plus que trentenaire qui satisfait le patronat, défavorable au monde du travail. Le travail et ses modalités ne sont que les seules variables d'ajustement économique en raison des dogmes ultralibéraux de l'UE gravés dans le marbre d'une constitution de façon imbécile et dogmatique. Aucun gouvernement de la zone euro, en sus des "two packs" et "six packs" de l'UE, ne peut jouer comme ajustement économique de la valeur de la monnaie, des déficits budgétaires et de l'inflation de façon réaliste et pragmatique selon la conjoncture. Normal, Monsieur Mousset n'a aucune culture économique hormis le prêt-à-penser de ses maîtres tout-puissants du jour. Il ne connait rien au libéralisme économique, cette vieille idée de plus de 2 siècles, d'avant la Révolution française, toute puissante au 19è siècle jusqu'à la montée en puissance et l'influence des mouvements socialistes puis communistes. Le libéralisme façon Thatcher et Reagan est de droite comme le vrai positionnement politique de Macron.

lecteur du blog a dit…

encore lui..pitié Monsieur Mousset..svp..pourquoi publier en permanence les écrits de ce narcisse ;certains s'écoutent parler lui se regarde écrire; c'est d'un pénible

Emmanuel Mousset a dit…

Comprenez ma faiblesse : c'est un vieil ami, nous avons fait nos études ensemble ...