lundi 28 novembre 2016

Si la gauche était raisonnable ...



En se donnant François Fillon comme leader, l'électorat de droite a incontestablement trouvé son homme, qui lui plait, qui lui ressemble le plus. Mais un choix n'est pas forcément un bon choix, et un succès peut se retourner en échec. Que restera-t-il dans cinq mois, au jour du premier tour, de cette primaire de la droite fort réussie en apparence ? Pour le moment, ce camp vient de durcir son image. Les électeurs qui se sont déplacés, aussi nombreux soient-ils, sont loin de représenter la majorité sociologique de notre pays.

Malgré les retrouvailles obligées d'hier soir, la droite sort profondément divisée de cette primaire, qui n'a pas été de tout repos pour elle. Désormais, le FN devient un concurrent direct, chassant sur des thèmes assez proches, et les centristes, au contraire, ne peuvent qu'avoir des réserves, sinon de l'hostilité, envers le programme de Fillon, libéral et souverainiste, eux qui sont sociaux et européens. Sans compter le rejet des médias, qui pour beaucoup ne portent pas Fillon dans leur cœur. Avec Alain Juppé, la droite se serait à coup sûr donnée un candidat plus crédible, plus modéré et plus rassembleur. Les sympathisants d'une famille politique sont toujours plus radicaux que l'ensemble des Français. Ils ont des réflexes identitaires qui leur sont au bout du compte préjudiciables. C'est ce qui est arrivé hier à la droite.

La gauche ne pourrait que se réjouir de la désignation de François Fillon, y voyant là une belle aubaine et une possibilité de victoire, si elle n'était dans une situation pire que la droite. Ce n'est même plus de division dont il faut parler, mais d'explosion. Dans ces conditions, gagner semble bien difficile. Samedi, un "carrefour des gauches" s'est réuni pour répondre au problème ... et il n'a fait que l'amplifier. "Gauche", c'est vraiment le mot qui convient, mais au sens de "maladroit", et même, en ce qui concerne Claude Bartolone, de carrément très con : le président de l'Assemblée nationale a proposé que Macron et Mélenchon participent à la primaire de la gauche, alors que ni l'un ni l'autre n'en veulent. Et le jour même où Barto a cette idée géniale, le PRG décidait de présenter son propre candidat ... hors primaire (ce qui n'était pas le cas en 2011).

Mais le pire est dans sa proposition d'un double candidature, Hollande et Valls, s'affrontant à la primaire de la gauche. Bartolone est un comique insoupçonné : pour mieux rassembler, il propose que le président de la République et son Premier ministre s'affrontent sur le ring ! En politique, j'en ai entendu, des conneries, mais c'était plutôt réservé aux locaux. Des comme celle-là, venant de Barto, du sommet, je crois bien que c'est la première fois, dans de telles dimensions.

Si la gauche était raisonnable, elle saisirait l'occasion du choix déraisonnable de Fillon pour avancer une candidature progressiste contre le champion des conservateurs, quelqu'un qui rassemble la gauche social-démocrate, les centristes et la droite modérée. Il y a là un créneau assez large à occuper, une belle opportunité politique. Un seul correspond à ce profil : Emmanuel Macron. Si la gauche était raisonnable et si elle avait envie de gagner ...

18 commentaires:

Anonyme a dit…

Pourquoi un "si" dans votre titre la "gauche", votre gauche est déjà si raisonnable qu'elle fait la même politique que la droite. D'où l'appel de votre jeune mentor Macron à ce vieux politicien centriste Bayrou sans troupes. La vraie place de Macron comme celle de tous les libéraux est à droite. Au second tour l'an prochain vous allez bien être obligé de voter selon votre pente naturelle : à droite pour Fillon contre Marine Le Pen. A moins qu'un duel Mélenchon/Marine Le Pen ne vous oblige à voter vraiment à gauche pour Mélenchon.

Philippe a dit…

Il me semble que La Gauche" n'a jamais existé en tant qu'idéologie unique.
Il y a sans doute « les gauches ».
Même raisonnement pour « La Droite ».
Au niveau des représentations politiques, je veux dire des partis politiques officiels, les choses se brouillent encore beaucoup plus car des personnages à l’idéologie très structurée « Nouvelle Droite » peuvent se retrouver dans un parti évanescent comme « Les Républicains ».
De la même façon des trotskistes peuvent se retrouver dans un parti tout aussi évanescent comme le « PS ».
La société glisse inexorablement vers la droite de gouvernement comme dans les années 1970 elle avait glissé inexorablement vers la gauche de gouvernement.
A partir de 2017 un échec de la droite filloniste signerait l’arrivée aux affaires des mouvances « Nouvelle Droite » « chimiquement pures ».

Erwan Blesbois a dit…

Emmanuel Mousset fait mine de découvrir avec une naïveté feinte, ou bien nous prend-il pour des imbéciles... que les hommes ne sont pas si raisonnables que ça ! Il s’en étonne, comme il s’étonne que certains soient nationalistes et non européistes. Comme si les européistes le faisaient par raison et non pour défendre des intérêts particuliers et souvent non avouables, qui ont principalement pour racine, le sexe et l’argent en particulier, et la course aux plaisirs en général. La plupart gens ont aujourd’hui la tête dans le guidon, ils souffrent de leurs conditions de travail, ils souffrent de leurs faibles salaires, ils souffrent de la compétition sur le lieu de travail, de l’absence de solidarité entre travailleurs. Emmanuel Mousset, cerise sur le gâteau de la mauvaise foi, leur demande de réfléchir, et de faire preuve de raison ! Or c’est bien l’aspect libéral de la société, qui encourage la déculturation généralisée, qui favorise les réflexes pulsionnels, en lieu et place des actes raisonnés. Qu’est ce que l’Europe a donné aux gens pour l’instant... rien ? L’Europe est un monstre bureaucratique abstrait, qui profite à une minuscule oligarchie d’argent. Emmanuel répondra : "tu n’as qu’à être un oligarque bourré de fric comme tout le monde, ou un philosophe comme moi, qui se passe très bien de sexe et d’argent et qui trouve son plaisir dans l’obéissance à la partie influente de la génération des baby-boomers". L’Europe de Bruxelles telle que définit selon les accords de Maastricht, puis le traité de Lisbonne, ne génère aucune culture, aucunes valeurs, susceptibles de faire sens. Comment les gens pourraient-il adhérer à un tel monstre froid, et n’est il pas normal qu’ils se retournent par réflexe à ce qui fait sens dans leur vie : leur famille, leur proches, leur ville, leur région, leur pays, qu’ils voient tous les jours se dénaturer un peu plus, sous les coups de boutoir du libéralisme économique (est-il besoin de dire toujours "ultralibéralisme", il n'y a qu'un seul libéralisme dont les racines ont environ 300 ans, et qui sont anglaises). Et Emmanuel Mousset en donneur de leçon nous demande de garder notre sang froid. Ce dont les gens manquent et qui explique des phénomènes comme le "burn out", ce n’est même pas la fatigue au travail ou la compétition avec les autres, mais c’est l’absence de sens, le sentiment d’absurdité, induit par le monde contemporain. Or l’Europe pour l’instant est bien un monstre absurde, qui n’a pas de sens, contrairement à la culture, ou la notion de République qui elles, sont vectrices de sens et sont liées à l’Histoire. Or depuis 40 ans l’oligarchie a entrepris un lavage de cerveau généralisé, notamment par le biais de l’école, afin que les gens perdent toutes leurs valeurs ancestrales. Avec la destruction de l'enseignement de l'Histoire de France, et l'attachement à des valeurs Ex nihilo que l’on tente de leur imposer de l’extérieur : comme l'amour du réfugié, avant l'amour de soi...

Erwan Blesbois a dit…

...Non il n’y aura pas un second tour Macron/Fillon, et dieu merci ! Car contrairement aux vœux d'Emmanuel Kant (encore un Emmanuel !) ; le monde n’est pas gouverné par la raison mais par les instinct de l’animal appelé Homme, dont la raison est l'un des multiples aspects, mais non exclusif, loin de là. La volonté d’hégémonie absolue de la raison par Kant notamment, a abouti je pense en Allemagne à un pétage de plombs collectif, et finalement à une absurdité comme le nazisme. La raison pure... c’est beaucoup trop de douleurs pour le commun des mortels, et cela exige même le sacrifice de la plupart des gens qui en sont exclus. A la fin la raison elle-même, et la pression énorme et inhumaine, qu'elle engendre sur le comportement du mammifère appelé Homme, génère des monstruosités comme les génocides. Alors qu’Emmanuel Mousset ne vienne pas se réclamer de la raison, du Siècle des Lumières, on nous a déjà fait le coup ! Et l'on voit le résultat aujourd’hui : le monde est plus utilitariste et plus laid que jamais, il souffre d’un déficit d’art et de beauté, uniquement préoccupé de l’aspect utilitaire des choses et non leur aspect esthétique. "La laideur conserve !", m’avait dit un étudiant en philosophie, un rien hurluberlu de la Sorbonne... comme il avait raison ! Or aujourd’hui seuls les bobos ont reçu l’éducation qui leur permet d’avoir une ouverture sur l'art, et vivent dans des villes gentrifiées, dont Paris est le modèle idéal typique (ville soi-disant de gauche ...), d’où ont été chassées les classes populaires et moyennes. Ils voudraient que le monde soit à leur image, exclusif, débarrassé des Français "xénophobes", nationalistes, "sans dents" et puants. Mais cela ne se passera pas comme ça ! J’espère un sursaut en 2017, que ce soit du côté de Mélenchon, toujours sympathique quand il ferme son caquet à Cohn Bendit en pleine soirée du second tour des primaires de droite. Mais plus probablement du côté d'un parti populiste, que je qualifierais de populaire, mais qui puise ses racines dans une idéologie dangereuse d’extrême-droite, même si il prétend s’en être totalement affranchi, et se réclame désormais du gaullisme.

Même à l’école pour des élèves de primaire, les activités s’enfoncent dans une abstraction de plus en plus opaque et qui fait difficilement sens, pour des enfants. La stratégie des oligarques est aussi de rendre le monde opaque et compliqué en apparence, afin de légitimer son caractère exclusif et discriminant pour les simples et les pauvres... alors qu’au fond il est si simple...
Ils ont tout le fric et le sexe qui va avec pour eux, ont-ils l’amour ? Pas sûr ! Les loups entre eux ne s'encombrent pas de sentiments, la course aux plaisirs est une ascèse des sentiments humains, jusqu'à la notion d'attachement maternel, qui lui est sacrifiée.

Anonyme a dit…

Si la gauche était raisonnable ...

Elle penserait en premier aux législatives à préparer dans un objectif d'union compléte , ensuite à partir de ces candidats ; on fait une pré - selection pour la primaire et on y vote en rangs sérrés ... Seules conditions pour faire plus que sauver les meubles ....

Anonyme a dit…

Les gens raisonnables comme Monsieur Mousset ont choisi, voté et soutenu Pétain entre 1940 et 1944. La bourgeoisie dont Macron est un nouveau membre de par la méritocratie républicaine a soutenu Pétain et l'occupant nazi jusqu'à la fin, elle disait plutôt Hitler que Blum, le déraisonnable. Elle renait un discours filloniste, celui de la variante de droite de l'oligarchie libérale. Comme le dit l'économiste Jacques Sapir le programme économique et social est totalement faisable et cohérent dans le cadre de l'Europe actuelle fondée sur les règles de l'ordolibéralisme allemand. Monsieur Mousset qui aime tant Madame Merkel doit apprécier cela sinon il est incohérent, peu crédible voire naïf : la régression sociale commencée par le social-traitre Schröder et largement poursuivie par la droite allemande dans le cadre d'une cogestion droite-gauche.
En 1940 il était totalement déraisonnable de soutenir le général de brigade à titre temporaire et déchu, rebelle : le Général de Gaulle. L'on sait bien ce qu'il en est advenu les gens déraisonnables avaient raison. Comme toujours !

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne savais pas que j'étais pétainiste. On apprend tous les jours ... En revanche, je savais que l'économiste Sapir était favorable à une alliance avec le FN. Et vous aussi sûrement, caché derrière votre logorrhée antilibérale.

Anonyme a dit…

Mais c'est bon sang bien sûr : Pétain a reçu les pleins
pouvoirs de détritus de la chambre du front populaire: on prend les arguments qu'on mérite.

Philippe a dit…

Les députés PS peuvent tout à fait donner les pleins pouvoirs à Marine.
Il y a un précèdent célèbre mais que l’évite d'évoquer car pas très glorieux pour la nature humaine !
Le fameux Front Populaire …
Sur les 649 parlementaires présents, 569 votent les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain. Parmi eux 283 de droite et 286 de gauche. 80 parlementaires s'y opposent, dont 73 de gauche conduits par l'ancien président du Conseil Léon Blum.
Bref pour l’écrasante majorité des humains les convictions humaines varient avec les circonstances … tout s’achète, tout se vend … Je pense que Guizot disait quelque chose comme … le tout est de connaître le prix.
Dans ce contexte de la politique politicienne les convictions évolutives de notre sympathique hôte distraient mes vieux jours.

Anonyme a dit…

Mais quand donc cesserez-vous d'étaler votre ignorance, inculture économique ? Je doute fort que vous le fassiez muré que vous êtes dans des certitudes trentenaires en voie d'obsolescence. Dimanche prochain vous allez pouvoir pleurnicher sur le résultat du référendum en Italie, et le deuxième tour de la présidentielle autrichienne.
Les réflexes pavloviens d'Emmanuel Mousset sont inentamables, inaccessibles à toute argumentation.

Anonyme a dit…

Les gens raisonnables, comme Emmmanuel Mousset, pensaient élire Mendès-France en 1956 mais ils ont investi Guy Mollet qui, sous couvert de "pacification" a envoyé l'armée pour mater l'insurrection algérienne nationaliste. Les gens raisonnables se fourvoient souvent, font les pires politiques, les gens déraisonnables ont souvent raison et au pouvoir ils font des politiques plus raisonnées que les gens dits raisonnables.

Anonyme a dit…

La légèreté et l'insignifiance des arguments du tenancier de ce blog est remarquable.

49-3 a dit…

A l'Anonyme de 12h21 du 28 novembre qui a dit entre autres : "votre gauche est déjà si raisonnable qu'elle fait la même politique que la droite"...
Qu'est-ce qu'être de gauche ou à gauche ?
Même chose : qu'est-ce qu'être de droite ou à droite ?
Pour un extrémiste de droite, tous les autres sont de gauche ou à gauche...
Pour un extrémiste de gauche, tous les autres sont de droite ou à droite...
M Macron et son supporter, M Mousset, pensent ne pas être de droite parce qu'ils estiment se situer à gauche... De qui ? De Mme Le Pen, de M Fillon ou entre autres de Mme Marie ou M Juppé, des Républicains, du Modem et tutti quanti.
M Macron et M Mousset pensent ne pas être du même côté que M Laurent ou M Mélenchon qui eux se croient de gauche mais Mme Artaud ou M Poutou ne les voient pas du tout de gauche et sans doute tout à fait ne pas les assimiler aux Le Pen, les classent à droite.
Le bipartisme en France (et vraisemblablement partout) est une vaste blague. Ils y a d'innombrables sensibilités d'ordre politique qui devraient pouvoir être représentées toutes au niveau législatif.
Comment gouverner (pouvoir exécutif) dans ces conditions de proportionnalité ?
En finir avec ce qui a créé le bolchevisme (dont la signification, c'est d'être majoritaire au niveau parlementaire au contraire des mencheviques dont la signification est d'être minoritaire) et accepter que ce qui obtient le plus de voix sans s'occuper des 50% minimum prend force de loi.
OK, il y aurait de l'instabilité.
Et alors ?
Est-ce que ça irait plus mal pour autant ?
En tout cas, plus d'indigeste 49-3...

Emmanuel Mousset a dit…

Introduire une dose de proportionnelle, oui, mais supprimer le 49-3, non. Ce dispositif est précieux pour maintenir une majorité, rendre le pays gouvernable et échapper à la tyrannie des minorités.

49-3 a dit…

"échapper à la tyrannie des minorités"
Parce que vous pensez peut-être que parce qu'il vient d'être élu démocratiquement, M Trump ne va pas exercer en quelque sorte une tyrannie des milliardaires sur le reste des états-uniens ?
Parce qu'inversement, vous estimez que Mme Clinton, minoritaire il y a trois semaines, va tyranniser ses concitoyens ?
Les minorités ne tyrannisent personne ou alors c'est que cette minorité s'est imposée de façon révolutionnaire, M Mousset.

Emmanuel Mousset a dit…

Je reste un incurable républicain : c'est la loi de la majorité qui prévaut.

49-3 a dit…

Je vais vous laisser le dernier mot, cher incurable républicain, en toute logique puisque je suis votre commensal et que m'avez laissé picorer librement à votre table internetable.
Toutefois je considérerai quand même toujours que ce n'est pas parce qu'une motion a recueilli une majorité de suffrages qu'elle est forcément plus pertinente qu'une autre ayant obtenu moins de voix.
Être républicain, ce n'est pas forcément seulement accepter la loi de la majorité.
Les républicains d'après juin 1848 comme ceux d'après 1940 en sont les seules preuves que je vous rappellerai.
Je n'affirme pas que les majorités ont toujours faux, je dis que les minoritaires peuvent avoir mieux pensé parfois que les majoritaires.
En 1917 en Russie, en 1940 en France, pour ne vous servir que deux exemples et clore cette discussion arrivée à un point de non-retour.

Emmanuel Mousset a dit…

Le principe majoritaire est nécessaire mais non suffisant.