vendredi 18 novembre 2016

Au ciel et sur terre



La salle des mariages de l'Hôtel de Ville était pleine, hier soir, principalement des étudiants de l'Insset et d'Elisa, pour assister en direct au lancement de la fusée emportant Thomas Pesquet vers la station spatiale. Madame le maire était présente, sacrifiant, comme moi, la première heure du dernier débat des primaires de la droite. Mais la conquête de l'espace, c'est quand même plus intéressant ! Au moment où commencent à vibrer les moteurs, une vieille superstition incontrôlable me prend : et si tout allait exploser ?

Pourtant, je le sais : c'est très rare. A la limite, le départ d'une fusée est sans suspense. L'émotion est tout de même là, quand l'engin s'arrache à la terre. J'aurais pensé que le public aurait à ce moment-là applaudi. Non, aucune manifestation de joie : l'évènement est maintenant banal. Nous avons suivi aussi loin que possible la torche dans la nuit, jusqu'à ce qu'elle devienne un petit point lumineux, presque invisible. Sur l'écran qui retransmettait le lancement, nous avons vu apparaître les astronautes, tranquilles, nous faire un petit coucou de la main. C'est quand même fabuleux !

De retour, j'ai suivi le débat des candidats à la primaire, moins extraordinaire que l'événement précédent. Deux d'entre eux sont vraiment too much : Jean-François Copé qui se prend pour Bonaparte au pont d'Arcole (dans le débat précédent, il avait cité Zorro ; y en aurait-il eu un quatrième qu'il aurait été capable de s'identifier à Batman ...). NKM a conclu en disant qu'elle ne serait jamais ... élu, qu'elle le savait, et que c'était la raison pour laquelle il fallait voter pour elle (c'est une logique très spéciale).

Le candidat raté, qui s'est crashé depuis le début, c'est Bruno Le Maire, qui avait pourtant tout pour plaire : une taille de présidentiable, des yeux bleus pour charmer et des cheveux blancs pour rassurer, une belle voix posée, grave.  Surtout, il est le plus intelligent de la bande, avec mille pages d'idées et une plume. Un littéraire, ce n'est pas si fréquent en politique. Il aurait pu incarner une droite moderne, jeune, enthousiaste. Eh non, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. La mayonnaise n'a pas pris. Trop intello pour l'électorat ? Je ne sais pas, c'est un mystère.

Sarkozy et Juppé ont été égales à eux-mêmes. Pas grand-chose à en dire, de ces deux-là, qui seront peut-être les vainqueurs de dimanche prochain. François Fillon a, en revanche, été conforme à ce que j'avais perçu dès le premier débat : le meilleur, sur le fond et dans le ton. Il a réussi quelque chose de difficile en politique : se différencier (ce que Le Maire n'a pas réussi). Quant au dernier candidat, Jean-Frédéric Poisson, il ne vaut même pas la peine d'en parler. C'est comme les starlettes dénudées sur les plages au festival de Cannes : elles attirent les photos avant l'arrivée des vedettes, et puis on ne parle plus d'elles.

Ce dernier débat aura été le moins bon des trois (et le premier le meilleur, le plus professionnel). Les journalistes se sont laissés à la fin déborder, ne maîtrisant plus rien. Quelle idée a pris Pujadas de vouloir opposer les candidats sur de petites phrases ! Il n'était pas au niveau, malgré un sourire qui tentait de sauver en vain les meubles. Quelle idée aussi d'aller chercher Elkabbach, qui a voulu faire du mauvais Elkabbach ! Voyant cela, j'avais envie de retourner au ciel, avec Thomas Pesquet.

2 commentaires:

A A a dit…

Il est quand même extraordinaire que des partis s'en remettent à des électeurs (pas forcément de leur bord pour déterminer qui sera le "champion".
Cette Vème République n'a pas été bâtie pour que ça se passe ainsi.
Quel est le pouvoir d'un parti qui passe par des primaires pour choisir ses candidats ?
Tout ça, ça lasse le citoyen qui finira bientôt par se désintéresser totalement de ces jeux incongrus.
Et qui n'ira plus voter du tout, se disant que les sondages ça vaut élection.
Quand je parle autour de moi, l'écho que je reçois, c'est qu'une bonne partie de l'électorat n'y comprend plus rien (mes relations sont loin d'avoir un bagage scolaire impressionnant dans leur majorité).

Erwan Blesbois a dit…

Oui Pujadas fait partie de notre système de contrôle de la population par une volonté de manipulation diffuse. comme toutes les images des médias, il renvoie l'image d'un séducteur dont le leitmotiv est "je te séduis, tu m'aimes et je te détruis". Pujadas est un petit serpent télévisuel et donc qui s'introduit dans l'intimité des gens, par sa position particulière il a un fort pouvoir de manipulation sur les consciences individuelles, beaucoup plus qu'un curé, ou même que le pape, aujourd'hui. Je ne dis pas qu'il s'agit d'une volonté consciente de sa part, donc l'expression d'une volonté diabolique, mais qu'en tant qu'élément du système il participe de sa logique propre, qui je le répète est une volonté de manipulation diffuse obéissant aux intérêts globalement de l'oligarchie qui nous gouverne, il suffit d'aller faire ses courses au supermarché pour sentir l'emprise de l'oligarchie financière sur les consciences. Certes il y a des éléments concrets de cette domination comme le pouvoir de l'argent ou le pouvoir politique qui protège les intérêts du pouvoir de l'argent. Répétons le il n'y a aucune volonté individuelle particulière diabolique complotiste, à l'origine de cette domination. Cette domination participe d'un système dont nous sommes nous tous, individus, partie prenante dans notre façon de nous définir à autrui non plus selon un système de valeur intérieur, mais selon l'image de soi que nous essayons de vendre aux autres, par la séduction. Nous sommes tous à petite échelle, des clones en plus petits, de cette volonté de manipulation diffuse, nous sommes tous à petite échelle de petits manipulateurs, donc ne venons pas nous plaindre que le pouvoir nous manipule.
Une vrai révolution ne viendra pas par l'élection de Trump, ou autre, ou de Marine Le Pen en France, mais par un travail sur nous même, demandant que nous sortions de cette façon de nous définir par rapport à l'image que nous voulons renvoyer aux autres, mais par un système de valeurs que nous aurions intériorisé et que nous pourrions proposer aux autres dans notre relation avec eux. Pour ma part je préconise un retour aux sources du système catholique, mais quel parti politique proposerait une telle réforme archaïque des consciences (pour ma part j'ai opté pour le baptême) ? Ou alors un retour intransigeant aux valeur laïques de la république et de l'école républicaine, ce serait un moindre mal que se qui se passe aujourd'hui et le lavage de cerveau généralisé imposé par une volonté de manipulation diffuse, à laquelle peu ou prou nous participons tous, et qui pourrait expliquer bien des choses, dont les attentats sanglants sur le territoire français, qui sont l'expression d'un conflit d'intérêt entre les valeurs d'une volonté de manipulation diffuse et les valeurs directement héritées de l'islam. Les musulmans virulents ne sont pas de mauvaise foi et ont une démarche sincère au fond, ils se définissent ainsi : nous ne voulons pas nous laisser manipuler par les valeurs de l'occident, et c'est bien une volonté diffuse de manipulation, qui semble caractériser aujourd'hui les valeurs de l'Occident.