mardi 22 novembre 2016

Macron météore contre les dinosaures



France 3 diffusait hier soir un documentaire sur Emmanuel Macron, pas vraiment le projet, mais l'homme. J'avoue avoir été charmé. Ce personnage est follement romanesque, baroque, audacieux. Quel contraste avec les grises mines et les vieilles barbes de la politique ! Bien sûr, ce sont les idées qui comptent. Mais la personnalité qui les porte n'est pas indifférente.

Macron est plein de panache. Ce n'est pas une réaction de midinette : mon jugement est objectif. Il est souvent question de transgression, le concernant. Je ne crois pas. C'est plutôt de sincérité dont il s'agit. Son regard est vif, profond, entre gris et bleu. Il a l'empathie au fond des yeux. Quand Macron écoute quelqu'un, il ne fait pas semblant, comme tant de politiques, qui passent vite à quelqu'un d'autre.

Il y a aussi ce ton de voix, ferme et apaisant. Oui, tout ça joue dans la séduction qu'il opère sur moi. Il donne envie de le suivre, de se battre pour lui. "En Marche !" Le nom de son mouvement lui ressemble : il va vite, par sauts de puce, ne reste pas très longtemps quelque part, mais marque toujours là où il va, banque Rothschild, commission Attali, secrétariat de l'Elysée ou gouvernement Valls.

Il ne donne pas l'impression d'être un carriériste, d'avoir des ambitions précises. C'est un homme qui butine, qui agit par intuition, à l'inspiration. Je pense à la chanson : "Il est libre, Max ..." Oui, il est libre, Macron, et c'est tellement rare en politique. Il n'a que 38 ans, et il a déjà fait tant de choses.

Le documentaire nous a montré des images incroyables : Macron jeune homme, cheveux longs, jouant le rôle d'un épouvantail dans une pièce de théâtre ! C'est un homme de scène, incontestablement. On retient de lui l'énarque, le financier : le fond de sa personne, ce n'est pas ça, c'est la littérature et la philosophie. Ce qui est stupéfiant et original, c'est qu'il a su concilier les deux, généralement opposés.

Emmanuel Macron a rédigé deux gros romans, restés au fond d'un tiroir. L'un d'entre eux s'emparait du conquistador Cortès, retraçait son épopée. Ce n'est pas insignifiant : Macron est épique, chevaleresque. Et puis, il y a Brigitte, son épouse, omniprésente auprès de lui. Dans la bourgeoisie amiénoise, leur union a fait scandale, à cause de la différence d'âge. Un professeur qui a une histoire d'amour avec un élève, ça ne se fait pas, chez ces gens-là. Brigitte elle aussi est une littéraire, une théâtreuse.

Tiens, j'ai oublié de vous donner le titre du documentaire : "La stratégie du météore". Cet objet céleste file vite et droit, très lumineux, éclairant une partie du ciel. Soit il se perd dans la nuit, subit le destin d'une étoile filante ; soit il frappe la Terre, la marque de son empreinte, ébranle le paysage. On dit même que les dinosaures se seraient éteints sous l'impact terrible d'un météore. Macron météore contre les dinosaures : quel titre de film ce serait !

12 commentaires:

C P a dit…

C'est beau comme de l'Emmanuel Mousset...
Vite, il vous faut rebaptiser ce site !
Trois propositions :
J'ai tant de choses à vous dire de lui !
ou
J'ai tant de choses à vous dire d'Emmanuel Macron !
Sinon il reste aussi possible :
Les coups de coeur d'un cireur de pompes...

Erwan Blesbois a dit…

Nous vivons dans un monde, un paradigme de société, créé par et pour les baby boomers. Nous vivons donc dans la réalité des baby boomers, qui furent au départ globalement d'extrême gauche, et aujourd'hui sont des nababs vivant avec des pensions de retraite faramineuses...
Cette réalité aujourd'hui, qu'il faut répéter, marteler, pour que les gens prennent bien conscience des ravages causés. Cette réalité et les maux qui en découlent sont : destruction de l'école ; destruction du monde du travail ; délocalisations ; mise en concurrence des salariés vers le moins-disant social et salarial, autrement dit dumping social ; déclassement redouté des classes moyennes ou petits bourgeois ; enrichissement éhonté de la classe dominante ; politique géostratégique de destruction des Etats nations au moyen Orient, donc boulevard laissé dans ces pays à l'islamisme, comme conséquence logique de la guerre exportée dans ces contrées lointaines, mais riches en pétrole et où prime la sécurité d'un tout petit Etat, mais qui fut construit sur les cendres du plus grand crime contre l'Humanité de l'Histoire ; migrants économiques ou non, et réfugiés politiques ou non, fuyant vers l'Europe ; attentats sanglants sur le sol européen ; insécurité réelle et incivilités banalisées, voire émeutes urbaines, dans certains quartiers que l'on nomme, selon moi à juste titre, les territoires perdus de la République... et j'en passe et en oublie certainement.
Il n'y a aucune volonté complotiste de la part des baby boomers. Pris individuellement ils ne sont pas responsables, c'est un état d'esprit collectif. Mais il n'y a non plus aucun bienfait qui a pu sortir de l'idéologie collective de cette génération, dont le leitmotiv est "après moi le déluge !"
Ils n'ont créé aucun espace viables pour les autres générations, ils n'ont créé aucun espace viable pour les musulmans qu'en réalité ils ne respectent pas. Le multiculturalisme est une hypocrisie, pour se donner bonne conscience des dégâts que nous causons dans les pays des musulmans. Et qu'ils doivent quitter car ils sont devenus invivables, à cause des guerres et des conflits, puisque par manipulation nous en avons chassé les dirigeants, autocrates certes, mais n'avons nous pas eu des autocrates il n'y a pas si longtemps dans certains pays d'Europe. Et ce ne sont pas les musulmans qui sont venus se mêler de les chasser, et puis quoi encore !
Dans cette réalité il y a l'étalon économie, qui est le veau d'or de la mondialisation et qui nous commande nos orientations spirituelles, et donc politiques. Nos choix politiques, généralement, ne se déterminent que selon cet étalon, non selon d'autres options : libertaire libéral comme Macron ou conservateur libéral comme Fillon, la différence est sociétal, donc selon moi de nuance. Le rapport à l'économie reste le même et entraînera en France toujours plus de dumping social, une explosion des inégalités, des conflits sociaux sporadiques et extrêmement violents. Les partis politiques s'obligent à avoir encore des différences de nuance, pour ne pas montrer qu'il sont globalement d'accord sur le fond : l'adhésion inconditionnelle au mouvement de mondialisation, c'est-à-dire au culte du veau d'or...

Erwan Blesbois a dit…

...Les termes "croissance" ou "réduction de la dépense publique", sont des fables, ou plutôt la réalité du monde des baby boomers qu'ils nous imposent, sans eux même en être victimes. Car leur génération globalement a profité de tous les avantages sociaux et salariaux. Aujourd'hui cette génération est globalement à la retraite avec des pensions faramineuses, alors que leurs enfants galèrent à trouver du travail, un logement. Les salaires ayant stagné, voire baissé, le chômage ayant explosé et le prix de l'immobilier aussi, les enfants des baby boomers sont des pauvres, des misérables, comparés à leurs parents. Bien sûr je généralise, il y a des exceptions, tous les baby boomers ne sont pas riches tous leurs enfants ne sont pas pauvres, mais je dis ça globalement. Aujourd'hui avec la logique du néolibéralisme soit on très riche soit on est très pauvre, et cette logique vise à la destruction de la classe moyenne, trop revendicatrice, trop éduquée, trop râleuse, trop dispersée idéologiquement aussi. Ce qui lui manque c'est un leader pour fédérer sa colère légitime, comme ont eu le courage de le faire les Nord-Américains.
Je disais que "croissance" et "baisse des dépenses publiques" sont des fables, cela est dur à comprendre je sais, c'est parce que par consensus nous adhérons aux valeurs de l'ultra libéralisme, et que ce faux consensus nous est imposé notamment par la doxa médiatique, c'est-à-dire le matraquage idéologique. Or contrairement à ce qu'on voudraient nous faire croire, il existe d'autres alternatives fondées sur d'autres valeurs que celle de la rapacité, et de la course au profit à tout prix. Notre paradigme de société est absurde, féroce, médiocre et futile.
Emmanuel Mousset est un idiot utile de l'oligarchie, ne profitant pas vraiment de sa situation pour en retirer des bénéfices d'ordre sexuel ou financier, à l'instar d'autres gens dans sa situation. Il bénéficie juste d'une petite autorité morale très locale et cela lui suffit : c'est donc un idiot utile probe. Macron a adhéré aux valeurs des baby boomers, alors que c'est un bobo sociologiquement, son admiration pour cette idéologie, s'exprime par la femme qu'il s'est choisie qui elle en est une, de baby boomer. Il est vrai que par rapport au charisme à tous les niveaux des baby boomers, leurs enfants sont tout à fait minables, donc je comprends le choix de Macron.

PS a dit…

Un météore ?
Selon le dictionnaire, les météores au sens littéral passent bien loin au dessus des airs ou chutent, disparaissant en se consumant en dispensant un phénomène lumineux important.
Il ne semble pas que le sens littéral doive s'appliquer à votre champion, qui ne serait qu'une sorte d'étoile filante se fracassant sur Terre ou un rai de lumière passant vivement loin de notre planète.
Toujours selon le dictionnaire, au sens figuré, les météores sont des personnes qui peuvent briller d'un vif éclat et même d'un très vif éclat mais résolument passager, non durable.
C'est bien cela que vous vouliez nous dire de votre politicien préféré (pour le moment)?

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne suis pas l'auteur de cette métaphore. Adressez-vous au réalisateur du documentaire.

Anonyme a dit…

Amusant et même comique de lire la prose du "ravi de la crèche", Emmanuel Mousset, devant une émission-documentaire et docu-menteur consacré à son mentor deavant lequel il se pâme d'admiration comme une midinette, sans aucune réflexion approfondie.
La météore et/ou la comète Macron va s'écraser sur terre face au réel sur lequel il ne pèse que par beaucoup de complaisance politico-médiatique.

Emmanuel Mousset a dit…

Si je vous ai amusé, c'est déjà ça.

B A a dit…

Cher professeur, je vous estime trop pour vous laisser sur cette réplique même pas amusante : "Si je vous ai amusé, c'est déjà ça."
Vous n'êtes pas Monsieur Petites Blagues !
Il y a un écart, un hiatus quelque part entre vous et nous.
Le hiatus est (à mon sens, du moins) celui que je vais vous exposer ci-après avec mes excuses anticipées si ce laïus pourra vous sembler long :
jusqu'ici vous étiez (apparemment - mais sait-on jamais, depuis qu'une sorte de rappeur, quelque peu mélodiste toutefois (ce que vous n'êtes pas à moins d'avoir des ressources insoupçonnables) soit devenu Prix Nobel de Littérature) un homme de parti, le parti socialiste, le PS...
C'est quand même quelque chose de véhiculer le concept de "socialisme", non ?
Et voilà (bien que quelque peu échaudé par l'épisode peu glorieux de votre maître à penser en pseudo social-libéralisme, je veux évoquer ici les mânes du symbole même de la mondialisation et du mondialisme, votre bien regretté DSK) que vous vous jetez (ce n'est pas lui qui est venu vous chercher, quand même, rassurez-moi) dans les pas d'un pseudo-marcheur (je connais le monde de la marche, qu'elle soit athlétique ou de randonnée, et je ne l'y ai jamais, au grand jamais ni vu ni évoqué et encore moins rencontré [que pourrait bien être un "marcheur" qui ne "marcherait pas ?]) pour vous auto-promouvoir "marcheur" du mouvement "En Marche"...
Imposture ?
Pénurie de moyens intellectuels ?
Dégénérescence ?
Sénilité ?
Quel malheur !
Ressaisissez-vous, cher professeur de philo à Henri Martin !
Nul doute que vous valiez mieux que toutes ces dernières logorrhées dont vous abreuvez votre blogue !
Abandonnez ce soi-disant "marcheur" à sa "marche" et revenez-nous au monde du socialisme !
Vous vous dites "républicain" et je ne veux pas en douter, alors pensez qu'au temps de Robespierre et de Babeuf, la notion de "République" n'était absolument pas dissociable de celle de "sociale". Trouvez un seul texte de Robespierre, signé Robespierre (pas des interprétations ou des exégèses), infirmant cela (laissons de côté par pitié la parité des droits entre les hommes et les femmes comme les différents droits, apparus par la suite, tels enfants, vivants, nature, genre et ainsi de suite) !
Ce n'est qu'à partir de 1848 et en droit fil de diverses prises de positions ou des compromissions plus ou moins excusables, que sont apparues diverses notions dont celles de "la république sociale" et la "république tout court" à proposer aux électeurs du suffrage toujours censitaire et pas du tout universel !
De quel côté vous rangez-vous, cher professeur ?
La sociale ? La république (la raie publique) ?
Il n'y a d'évidence de république que sociale...
Donc de république que socialiste...
Le reste, ce n'est que de la littérature !
Revenez à vos fondamentaux, cher professeur !
Revenez-nous au socialisme et laissez tomber le libéralisme trompeur !
Si je ne vous ai pas convaincu, du moins, j'aurais accompli ma "BA", je crois avoir saisi que vous n'étiez pas contre les "BA", les "Bonnes Actions" style catho, bon chic bon genre...

Emmanuel Mousset a dit…


Eh bin !

Philippe a dit…

Je suis d’accord avec ce que dit B A.
E.M. exprime sur ses blogs successifs des amours de midinette.
Appliqué à la politique cela me plaît … au second degré … par son décalage avec la réalité des humains.(obsédé sexuel, fiston à sa maman etc. autiste à l’Élisée etc. ….. )
Mais la gestion d’un blog prend du temps et lui demander de construire des discours originaux au plan des idées est «inhumain» !
Il n’a pas que cela à faire dans la journée … comme nous tous !
Mais grand merci à lui car il nous permet, si on le désire, de nous exprimer, sans avoir à se farcir l’intendance pénible du blog.
Le petit reproche que l’on pouvait lui faire et celui de n’avoir pas percuté ces aphorismes :
« Aucune doctrine n’est intégralement fausse. Elle contient toujours des éléments de vérité. » et celui de mon cru, terre à terre et vulgaire « les humains ne sont pas finis, car Dieu est parti en congé dominical et n’est pas revenu finir le boulot ».
Mais il me semble que son mépris initial pour tout ce qui n’est pas sa pensée du moment s’est largement gommé depuis quelque temps.
Bon je l’irrite il n’aime pas la psychologie qui nous fout à poil sur le divan … mais personne n’aime !

Anonyme a dit…

Monsieur Mousset, je vous invite à lire l'analyse du politologue Laurent Bouvet parue ce jour dans "le Figaro" que vous pouvez lire en ligne. Une saine lucidité !

Emmanuel Mousset a dit…

Le "Figaro" n'est pas ma tasse de thé. Mais puisque vous me le demandez ...