mercredi 22 janvier 2014

Lavrilleux l'européen



Les élections européennes, qui auront lieu le 25 mai, font peu parler d'elles, pour le moment. Les élections municipales les éclipsent. C'est très dommage, parce que le scrutin européen est important. A Saint-Quentin, nous avons une candidate, socialiste, ex-députée, Anne Ferreira, mais avec peu de chances d'être élue, étant en 4e position sur la liste. Depuis hier soir, nous avons un deuxième Saint-Quentinois candidat, UMP, certain lui d'être élu : Jérôme Lavrilleux, tête de liste pour la circonscription Nord-Ouest. Ce résultat acquis d'avance aura des conséquences au-delà du scrutin européen : la droite locale, qui a déjà eu Pascal Gruny comme députée européenne, va y gagner. En politique, toute place est bonne à conquérir pour un parti. Et tout nouveau pouvoir renforce les positions du parti.

La droite saint-quentinoise est formidable : Xavier Bertrand et Jérôme Lavrilleux ne s'entendent pas, c'est de notoriété publique. Au niveau national, Lavrilleux soutient Copé et Bertrand soutient ... Bertrand. Mais localement, c'est l'entente cordiale, ils ont l'intelligence politique de s'arranger. Les voeux du maire le laissaient présager : sur la même scène, les deux rivaux étaient (presque) main dans la main, autour de Pierre André, qui avait pris soin de souligner le destin national de l'un et de l'autre. Nous y voilà : la France pour Xavier Bertrand, l'Europe pour Jérôme Lavrilleux.

Pourtant, Jérôme Lavrilleux a de sérieux adversaires. Localement, à gauche, depuis des années, au Conseil général de l'Aisne comme dans son canton, ses absences sont brocardées. Il travaille à Meaux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, et à l'Assemblée nationale, auprès de son chef. Ces critiques ne l'affectent manifestement pas. L'animal a réussi à se faire réélire dans son canton aux dernières élections cantonales. N'y a-t-il pas que les résultats qui comptent en politique ?

Dans son propre parti, on lui en veut beaucoup d'avoir oeuvré contre François Fillon lors du fameux psychodrame pour désigner le chef de l'UMP. C'est que Jérôme n'est pas un tendre et fragile jeune homme à la barbe toujours renaissante, mais un redoutable tacticien, un organisateur hors-pair, un de ces terribles lieutenants qui sont prêts à tout pour servir leur chef. En politique, il n'y a pas intérêt à les croiser, sauf à être pire qu'eux. Malgré l'hostilité qu'il suscite parmi les siens, le très contesté Jérôme Lavrilleux a réussi à se faire désigner tête de liste : chapeau !

Comme Xavier Bertrand, dix ans après lui, une carrière politique au plan national s'ouvre donc à Jérôme Lavrilleux. Son aîné a commencé simple conseiller municipal d'opposition, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, ministre, et chef de l'UMP. Lavrilleux s'est fait élire au département (je n'oublie pas qu'en 2004, aux cantonales, dans une triangulaire avec le FN, je n'étais pas très loin de le battre), et maintenant c'est le Parlement européen qui va l'accueillir. On a beau être de gauche, on ne peut pas s'empêcher d'admirer ces trajectoires ...

Sur Saint-Quentin, Lavrilleux, c'est d'abord un nom connu, une enseigne de garage. D'abord directeur de cabinet de Pierre André, je l'ai rencontré pour la première fois dans le bureau occupé aujourd'hui à la mairie par Xavier Bertrand ! J'avais été frappé par sa clarté, sa concision et son efficacité. De là à imaginer qu'un jour il conseillerait un président de la République et siégerait à Strasbourg ... Je me pose souvent cette question (comme bien d'autres questions) : qu'est-ce qui fait qu'on réussit en politique ? L'intelligence, l'expérience, les relations, les circonstances, le hasard ... Je ne sais pas, j'hésite. En revanche, à la question : qu'est-ce qui fait qu'on perd en politique ? je suis imbattable, j'ai des réponses sûres et précises.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

La mauvaise nouvelle, c'est quand même que Lavrilleux défend une ligne dure, à droite, et qu'il a notamment incarné la ligne Buisson durant la campagne 2012.

L'UMP pourrait choisir des représentants plus modérés pour siéger au parlement européen. La droite dure, ça commence à bien faire.

Emmanuel Mousset a dit…

D'accord avec vous, mais je crains qu'en politique on ne gagne que sur des lignes dures, et pas molles.

Anonyme a dit…

"Gagner sur une ligne dure", c'était justement le pari de Sarkozy en 2012, et ça a raté.

En tout cas, le positionnement de Jérôme Lavrilleux à droite toute m'amènera à ne surtout pas voter UMP aux européennes. Je ne veux pas d'un mini-Buisson pour me représenter au Parlement européen.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Sarkozy aurait adopté une ligne centriste en 2012, son résultat aurait été nettement plus mauvais.

2- Ligne dure ou molle, un vote UMP reste un vote UMP.

Anonyme a dit…

Lavrilleux prochain ministre de l'intérieur si SARKO revient en 2017 ( de source autorisée ... )