lundi 13 janvier 2014

Trois idées



Demain soir, à 18h30, au restaurant le Vasco de Gama, boulevard Cordier, à Saint-Quentin, Michel Garand, tête de liste du parti socialiste pour les élections municipales, présentera ses voeux aux Saint-Quentinois(e)s, à travers une conférence de presse. Ce sera incontestablement un moment important de la campagne, quelques jours après les voeux du probable candidat de l'UMP, Xavier Bertrand. Quelques éléments du projet municipal de la gauche seront peut-être dévoilés, notamment pour corriger l'impression de "coquille vide", selon l'expression du Courrier picard de samedi dernier, qu'a donnée la publication de la "Charte nationale" (en réalité, un couac de communication, voir mon précédent billet de jeudi).

En attendant, je veux continuer à faire des propositions, ou plutôt revenir sur certaines mesures et les étayer. Le Courrier picard, dans sa page "Municipales 2014", a consacré un article à l'absentéisme et à l'inactivité de certains conseillers municipaux. Cette attitude des élus est évidemment scandaleuse : on méprise le suffrage universel, on tourne le dos à ses engagements, on met en difficulté son propre camp.

Dans la majorité, ces comportements passent presque inaperçus, le nombre d'élus les masquant, les présents et les actifs faisant oublier les autres. Dans l'opposition, où les représentants sont peu nombreux, cette irresponsabilité est beaucoup plus visible et problématique (et puis, je suis plus sévère avec mon propre camp, parce que je veux qu'il gagne). J'ai participé en spectateur à trois mandatures : à chaque fois, il y a eu des absences prolongées, définitives et coupables à gauche. Le pire, c'est que ces élus pouvaient fort bien démissionner : découvrir le dur métier de conseiller d'opposition et y renoncer, ça ne me choquerait pas ; mais ils ne l'ont pas fait, pour ne pas laisser la place au représentant d'un autre parti !

Pour remédier à cette faute, je propose une charte du candidat et de l'élu, amenant chaque personne sur la liste à prendre des engagements, en toute connaissance de cause : siéger en séance tout au long du mandat, remettre sa démission en cas d'empêchement, assurer son rôle de représentation dans les événements locaux. Je parle bien sûr de l'opposition : dans la majorité, les indemnités invitent, sinon obligent à plus d'esprit de responsabilité.

Dans un récent billet, j'ai traité de la gestion de la bibliothèque municipale. A sa suite, un excellent commentaire m'a fait remarquer que le problème, que je n'avais pas osé aborder, était surtout dans l'amplitude des heures d'ouverture, trop peu nombreuses. Mon interlocuteur soulignait judicieusement qu'une ville à prétention universitaire se devait de fournir un meilleur accueil à ses étudiants, notamment en matière de fréquentation de la bibliothèque.

Le hasard a voulu que dans la même semaine, une pétition soit lancée par l'ONG Bibliothèques Sans Frontières, qui va exactement dans ce sens et qui s'adresse aux candidats aux élections municipales. En moyenne, les bibliothèques dans les villes françaises (à l'exclusion des grandes villes) ont une ouverture moyenne de 30 heures hebdomadaires. A Saint-Quentin, nous sommes en dessous : 27,30. En Europe, les durées d'ouverture sont très supérieures, parfois le dimanche ou jusqu'à 22h00. Je ne demande pas qu'on aille jusque-là, mais une nette augmentation des périodes de fréquentation me paraît indispensable.

Dernière mesure en vue d'un programme municipal : le sort de MATELE, la télévision locale, sur laquelle Xavier Bertrand a beaucoup insisté lors de ses voeux. L'opposition l'a beaucoup critiquée, estimant que son financement aurait dû être affecté à autre chose, par exemple la réforme des rythmes scolaires. Michel Garand lui-même a tenu des propos similaires. D'autres reprochent à ce média d'être un instrument de propagande en faveur de Xavier Bertrand. Je ne partage aucun de ces points de vue, mais je ne pense pas non plus que cette chaîne puisse rester en l'état.

Le travail qu'y fait Bertrand Samimi est remarquable, mais la ligne éditoriale, qui consiste à positiver et optimiser les événements de la ville, aura ses limites : on aseptise l'actualité, on écarte ce qu'il y a de plus vif, de plus douloureux, on tombe inévitablement dans les redites. Je ne serai pas surpris qu'au bout d'un certain temps, MATELE ne finisse par lasser, nonobstant la qualité de ses reportages. On ne fait pas de bonne information, de bonne presse ou de bonne télé, uniquement avec l'actualité heureuse : c'est anti-professionnel. Ce qui mobilise et intéresse lecteurs et spectateurs, c'est l'actualité problématique, conflictuelle, parfois dramatique. On connait la célèbre formule sur les trains qui arrivent à l'heure ...

Je comprends que l'actuelle équipe municipale ne souhaite pas s'embêter avec une télévision qui diffuserait de véritables informations journalistes, évoquerait par exemple les conflits sociaux, organiserait des débats dans le cadre des élections municipales, susciterait des polémiques, etc. Mais je crois que la gauche doit oser le faire, parce que l'audimat en serait amélioré et surtout préservé pour l'avenir. Pourquoi ne pas envisager une collaboration avec des journalistes professionnels, des partenariats avec la presse locale ? L'idée serait plus séduisante qu'une pure et simple suppression de MATELE, une télévision à laquelle je tiens, à condition de revoir son cahier des charges.

Une charte qui responsabilise les élus, une bibliothèque beaucoup plus adaptée au public scolaire et universitaire, une télévision qui s'ouvre à toute l'actualité, voilà trois idées que je soumets aujourd'hui au débat.

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