lundi 27 janvier 2014

Des voeux B2B



Les cérémonies des voeux s'étalent infatigablement tout au long du mois de janvier. Les Saint-Quentinois retiennent surtout le grand raout du maire au palais de Fervaques. Mais il y a d'autres rencontres qui sont assez courues, notamment les voeux de l'Office du Tourisme, parce que le secteur implique pas mal de monde, en particulier parmi les associations. Vendredi soir, le hall d'entrée, rue Victor Basch, était bondé : plusieurs élus, des jeunes UMP autour de Julien Dive, des responsables associatifs, Bernard Delaire, Jean-Pierre Semblat, Roland Lamy, François Gascoin, mais aussi Hervé Halle, Frédérique Macarez ou Jean-Claude Decroix.

En l'absence du président de l'Office, Bernard Lebrun, retenu par un décès, c'est le vice-président, Alain Bacot, qui a fait le discours d'ouverture. Une phrase a retenu mon attention : "Saint-Quentin ne sera jamais une destination touristique de masse". J'ai alors pensé à cette formule de Vincent Savelli, dans le Courrier picard, plus tard corrigée par lui : "Saint-Quentin ne sera jamais une ville universitaire". Il y a bien sûr une suite, chez l'un et chez l'autre : pour le tourisme, c'est le court et moyen séjour de publics ciblés qui est privilégié.

Audrey Labruyère, la très souriante directrice de l'Office, vendeuse dans l'âme, a tenu ensuite un discours commercialement très musclé, où le vocabulaire du merchandising a été omniprésent, un peu trop à mon goût. On y perdait du vue les finalités culturelles qui sont celles d'une politique du tourisme. Il a été notamment question d'un mystérieux "bitoubi" comme ligne directrice, qui s'écrit B to B ou, en plus tendance, B2B. Rien à voir avec un quelconque échange de bises, propre à cette période de bons voeux. Non, il s'agit de la contraction de business to business, qui désigne une offre touristique s'adressant à une clientèle d'entreprise, direction et encadrement. Remarquez qu'on n'est pas très loin de ce que j'ai moi-même proposé dans un récent billet, à propos du développement touristique du centre-ville, à destination d'un public extérieur et choisi. Les anglicismes en moins.

La dynamique directrice a présenté son équipe, des filles et un garçon souriants eux aussi, qui m'ont fait pensé un peu à des hôtesses de l'air accompagnées par un steward. Annette Poulet, à la retraite depuis peu, n'a sûrement plus reconnu l'Office du Tourisme de ses débuts ... Celui-ci est en place depuis 1997, dans des locaux qu'il partage avec l'administration municipale. Bientôt, c'en sera fini : l'Office s'installera quelques centaines de mètres plus loin, dans l'ancien Café français. Ce que je trouve un peu gênant dans cet emplacement, c'est le peu de visibilité : on est certes tout près de la place de l'Hôtel de Ville, mais au milieu de celle-ci, on ne verra rien. Et puis, l'entrée du parking souterrain barre l'accès. Un temps, il était question de rejoindre le parvis de la basilique, qui offre un bel espace bien dégagé et un environnement qui mériterait d'être réhabilité. Le passage des piétons et des voitures est très bon. Je ne sais plus ce qu'il en est de ce projet, qui me semblait meilleur que le choix actuel.

Xavier Bertrand a remis en perspective la politique touristique de la Ville, en soulignant les atouts de notre localisation géographique, la diversification des produits touristiques et la nécessité d'une augmentation du chiffre d'affaires. Par moments, il s'est étrangement comporté à la façon d'un membre de l'opposition qui s'en prendrait à sa propre politique, pour pointer ces manques. J'ai retenu cette phrase : "Saint-Quentin ne joue pas suffisamment la carte touristique". Autrefois, les communistes parlaient d'autocritique ! Même sentiment en lisant L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui, dans laquelle une pleine page est consacrée à la politique touristique : Bernard Lebrun y décrit joliment le musée des papillons sous les traits d'"un cimetière de papillons épinglés dans une boîte".

Le maire a défendu une politique de promotion reposant sur les réseaux sociaux, plutôt que sur de coûteuses campagnes d'affichage, taclant au passage le Département et son opération "L'Aisne it's open" dans le métro de Paris. Il a défendu également, avec ardeur, la télévision locale, MATELE, visant au passage ceux qui reprochent à ce média d'être trop coûteux et trop nombriliste (c'est pour Michel Garand) ou ceux qui veulent en faire un "journal politique" (c'est pour moi). Bref échange après le discours avec Xavier Bertrand : il conçoit la télé locale comme un magazine de promotion de la ville, je souhaiterais une ligne éditoriale plus journalistique, en partenariat avec la presse locale. Comme toujours en politique, personne n'a raison, personne n'a tort, ni lui ni moi : ce sont deux points de vue différents, sur lesquels seuls les électeurs sont amenés à trancher, dans le choix d'un programme plus général.

Quoi qu'il en soit, il se pourrait bien que la question du développement touristique soit un point important de la campagne des élections municipales, entre les forces en présence. Mais lesquelles exactement ? Le compte à rebours a commencé, la grande bataille est pour bientôt. Tic tac, tic tac, tic tac, comme l'écrit le Courrier picard d'aujourd'hui.

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