mercredi 15 janvier 2014

Garand en bon maire



Xavier Bertrand, lors de ses voeux à la population, avait fait fort, en invitant à ses côtés, intervenant de concert, Pierre André. Michel Garand, qui a présenté hier soir lui aussi ses voeux lors d'une conférence de presse, a fait encore plus fort, puisqu'il était accompagné par ... François Hollande, également en conférence de presse, sur l'écran de télévision au fond de la salle (voir vignette).

D'emblée, la tête de liste socialiste aux élections municipales à Saint-Quentin a tenu à préciser que ses voeux s'adressaient à l'ensemble des Saint-Quentinois(e)s, et pas seulement à ses ami(e)s socialistes. Son dernier point presse remontait à octobre. Il était entouré de Carole Berlemont (n°2 sur la liste) et de Jacques Héry (n°3), ainsi qu'Anne Ferreira, vice-présidente du Conseil régional de Picardie. Parmi le public étaient présents Nora Ahmed-Ali (EELV) et Jean-Robert Boutreux (PRG).

Michel Garand a, dans un premier temps, défini ce que devait être, selon lui, un bon maire. D'abord, quelqu'un au service de tous, désintéressé, aimant les gens et au milieu d'eux. Il a ainsi justifié sa présence dans le hall d'entrée du palais de Fervaques, vendredi soir, lors des voeux de Xavier Bertrand (le maire sortant discourant au premier étage).

Un bon maire, c'est aussi un excellent gestionnaire, puisqu'il gère l'argent des contribuables. Sur ce point, Michel Garand a mis en avant son expérience personnelle à la tête des IME (Instituts médico-éducatifs) de l'Aisne : 40 millions d'euros de budget, 3 mois d'avance de trésorerie, une gestion saine. Un bon maire, c'est un véritable chef d'entreprise, qui sait utiliser les ressources humaines et qui a des capacités de prospective. Il est animé par des sentiments de probité et de dévouement, il est le maire de tous, des plus démunis aux mieux lotis.

Michel Garand a complété ce portrait, qu'il fait sien, en affirmant qu'il avait une mentalité de gagnant, qu'il écartait tout esprit de défaitisme. Enfin, il ne cache ni ne renie ses engagements personnels : il sera un maire socialiste. Mais sa campagne sera locale, et il ne l'inscrit dans aucun plan de carrière.

Dans un deuxième temps de la conférence de presse, quelques orientations du programme municipal ont été exposées, sachant que le projet complet et définitif sera rendu public d'ici la fin du mois. Ces orientations, je les résumerais en une formule : un déclic contre le déclin ! Ces grandes lignes, le candidat les a puisées lors de ses porte à porte, elles tiennent en trois points : développement économique, fiscalité, sécurité.

Sur le premier point, Michel Garand s'engage à travailler avec rigueur, en mettant en synergie toutes les forces et les compétences. Sur le volet fiscal, où il était très attendu, il affirme avec une absolue certitude qu'il n'y aura pas d'augmentation des impôts locaux, qu'une baisse serait même souhaitable dans l'idéal. Il ouvre une piste, du côté des économies à faire, principalement dans le budget de la communication. Sur la sécurité, sujet également sensible, Michel Garand prône une politique de la réparation pénale, sous toutes ses formes possibles. Quant à la vidéo-surveillance, il souhaite en rester à l'existant, en soulignant cependant, en des termes que ne renierait pas la tête de liste communiste Olivier Tournay, que les caméras ne règlent pas les délits les plus graves.

Michel Garand a terminé son intervention par quelques points plus particuliers : la couverture de la ville en fibre optique, qu'il veut accélérer ; les transports urbains gratuits pour les aînés, sans conditions de ressources ; pour les plus jeunes, la mise à disposition de véhicules aux associations, notamment pour les déplacements lors des manifestations sportives ; l'aménagement du temps de l'enfant (préféré à l'expression trop réductrice de réforme des rythmes scolaires) en maternelle et en primaire, en partenariat avec les associations, les enseignants et les parents (c'est la première initiative qu'il prendra en tant que maire).

Comment ai-je personnellement perçu l'intervention de celui qui occupe aujourd'hui la place que j'aurais aimé occuper ? Je crois que Michel Garand a su dépasser hier soir deux défauts de la gauche locale (mais qu'on retrouve aussi ailleurs). D'abord, l'incapacité à se donner un chef, je dirais même : le rejet de toute notion de leader, qui traîne malheureusement dans la culture de gauche, certes pour de légitimes raisons (l'idée d'égalité discréditant toute forme de supériorité). Garand a montré qu'il pouvait être un chef pour les socialistes (personne d'autre que lui n'a pris la parole hier soir, et c'est très bien comme ça) et un maire pour les Saint-Quentinois (il est entré dans les habits de la fonction).

Deuxième défaut que Michel Garand a su corriger : la propension à se déterminer en négatif, à cultiver l'esprit de protestation, à faire une fixette sur Xavier Bertrand. Le candidat a parlé de lui et de nous, il ne s'est pas commis en plaisanteries faciles sur son adversaire, c'est aussi très bien comme ça. Oublions la droite, ne pensons qu'à la gauche et à ses projets, c'est là-dessus que les Saint-Quentinois nous jugeront.

Bien sûr, le chemin est encore long et, paradoxalement, la durée est courte, puisque les semaines vont passer très vite, l'élection municipale étant dans seulement un peu plus de deux mois. L'acquis de la gauche, que nous n'avions pas depuis la défaite et le départ d'Odette Grzegrzulka, c'est de disposer maintenant d'un possible maire. Reste encore à découvrir la liste, son ouverture à la société civile, et le programme, avec quelques propositions mobilisatrices. Le déclic contre le déclin viendra aussi de ces deux annonces et de leur perception par les Saint-Quentinois. En attendant, une réunion publique a été annoncée pour le 3 février, sur l'aménagement du temps de l'enfant, en présence d'une spécialiste de la question.

Au moment où Michel Garand terminait sa conférence de presse, François Hollande finissait la sienne, sur l'écran de télévision. Je me suis rendu compte, pendant tout ce temps, que l'un et l'autre utilisaient à peu près les mêmes mots, pour la France ou pour Saint-Quentin : développement, économies, entreprise, concertation, fiscalité, réforme, ... De la ville de Tulle au palais de l'Elysée, le chemin était long. Du restaurant Le Vasco de Gama, où Michel Garand a tenu hier soir sa conférence, à l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, le chemin est beaucoup plus court. Alors, pourquoi pas ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le titre aurait du être Garand se rêve en bon maire.
Celui qu'il sera, celui qu'il croit pouvoir être,
une seule chose est sure aujourd'hui,
maire, il ne l'est pas.

Emmanuel Mousset a dit…

Non, en politique, on habite la fonction avant de l'occuper. Mitterrand avait une stature de président avant d'entrer à l'Elysée.

Anonyme a dit…

Ce qui donnait sa stature à Mitterrand,
c'était d'avoir fait l'union de la gauche et d'avoir échoué de nombreuses fois à se faire élire.
Il était le seul à gauche dont le parcours lui permettait de pouvoir devenir président.

Michel Garand n'habite pas la fonction de maire, il habite surtout la fonction de Michel Garand car il ne parle que de Michel Garand.

Emmanuel Mousset a dit…

Michel Garand, à la différence de François Mitterrand, se présente pour la première fois; C'est donc normal qu'il parle de lui, qu'il se présente aux Saint-Quentinois. Mais il ne se limite pas à ça : il avance aussi des propositions, sur lesquelles j'aimerai avoir votre avis.