vendredi 17 janvier 2014

Debriefing



Dans un événement public, il y a le fond et la forme. A Saint-Quentin, l'événement politique de la semaine aura été, mardi soir, la conférence de presse de Michel Garand, tête de liste socialiste aux prochaines élections municipales. J'ai parlé du fond, l'essentiel, dans mon billet de mercredi, je veux aujourd'hui aborder la forme, l'anecdote.

La difficulté de l'exercice, pour Michel Garand, c'est qu'inévitablement on compare ses voeux avec ceux de Xavier Bertrand, le Vasco de Gama avec le palais de Fervaques. Or, c'est incomparable : le candidat socialiste n'est pas le maire, ses voeux aux Saint-Quentinois ne sont pas l'objet d'une cérémonie mais d'un point à la presse. Cependant, dans les deux cas, il y a une forme de solennité qui demeure, j'ai presque envie de dire de mise en scène, qui est à soigner dans ce genre d'intervention.

La perception de la presse, à travers ses articles, est plutôt mitigée. Le titre du Courrier picard n'est pas très encourageant : "Le PS se lance petitement". Je me suis demandé pourquoi les journalistes avaient eu cette impression un peu flottante. La forme y est sans doute pour beaucoup. En matière de disposition, Michel avait choisi la station assise, dos au mur, derrière une table, ses colistiers en rang d'oignons à ses côtés, immobiles, un peu tassés sur la banquette. La position debout, au centre de la pièce, son équipe légèrement en retrait, aurait donné une dimension plus dynamique et plus solennelle.

Et puis, je crois que Michel est fatalement touché par le syndrome de la strip-teaseuse, qui doit en montrer un peu, lentement, sans tout dévoiler d'un coup. Là, il ne s'agissait pas du corps du candidat, mais de son programme. Car la presse n'attend que ça : la liste et le programme. Or, ni l'une ni l'autre ne peuvent encore être rendus publics, le programme à cause du danger de "pillage" (j'ai alors imaginé Xavier Bertrand, un bandeau sur l'oeil, en pirate à l'abordage du vaisseau socialiste). Michel se retrouvait donc dans la situation délicate d'une effeuilleuse qui ne peut montrer qu'un bout de sein ou une moitié de fesse. Au début, la curiosité est excitée, mais très vite la frustration l'emporte. On veut en savoir plus, mais il faut se contenter de ce qu'on a.

Chaque article de presse se termine en titillant le candidat sur un point de ses propos. Le Courrier picard s'étonne que Michel Garand ne connaisse pas le nombre de caméras de vidéo-protection dans la ville, tandis que L'Aisne Nouvelle se montre sceptique sur son projet de véhicules mis à disposition pour les associations. La personnalité du candidat a retenu l'attention, mais le programme a semblé laisser les journalistes sceptiques. Problème de communication (donc de forme, pas de fond) : un début de programme ne va pas sans sa fin. Mais le menu complet, c'est pour bientôt, patience.

Sinon, mes camarades ont été parfaits dans leur silence, laissant à Michel la vedette, comme il se doit. Stéphane Andurand est malgré tout intervenu, en qualifiant de "verrue" le MacDo du quai Gayant (bon appétit !). A la question de savoir si elle serait sur la liste, Anne Ferreira a répondu, par un éclat de rire, que la liste n'était pas encore connue. Carole Berlemont s'était faite une tête d'Amélie Nothomb et Stéphane a sorti, à l'ancienne, sa cravate (le seul cravaté de l'équipe). Michel s'essaie à la blagounette (Xavier Bertrand, "futur ex-maire"), mais sans abuser du procédé, pour lequel Jean-Pierre Lançon reste imbattable. Parmi le public, un jeune restaurateur d'une excellente table de la ville se montrait tout guilleret : un sur la liste ? Mais chut, les journalistes écoutent ...

Le Vasco de Gama, nom du restaurant, lui aussi excellent, qui nous accueillait, est porteur d'une évidente symbolique : ce grand navigateur est le premier à avoir ouvert, au XVe siècle, la route des Indes par mer. Michel Garand est lui aussi un audacieux conquérant, à la recherche de la route qui conduit jusqu'à l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, à condition que les pirates ne lui barrent pas la route.

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