vendredi 3 janvier 2014

Le livre à la page



La campagne des élections municipales ne sera vraiment intéressante pour nos concitoyens que si les candidats entrent dans le détail de leurs propositions, nous présentent des mesures concrètes, utiles, novatrices. On peut toujours dire qu'on fera baisser le chômage et qu'on n'augmentera pas les impôts : il faut aller plus loin, descendre au plus près dans la vie des gens. Les sujets sont nombreux ; aujourd'hui, je veux évoquer le rôle et le fonctionnement de la bibliothèque municipale de centre-ville, qui est fréquentée par beaucoup de monde, qui brasse de nombreuses activités.

Cette bibliothèque Guy-de-Maupassant dispose de riches atouts : sa localisation, son architecture, ses fonds bien achalandés (notamment les rayons enfance et jeunesse, BD, arts, CD et DVD). Depuis quelques années, diverses animations ont redonné de la vie à la structure, élargi son public. Bref, nous pouvons dire que nous avons à Saint-Quentin une belle bibliothèque. Mais elle peut encore mieux faire, et sa redynamisation passe par des décisions municipales. On se souvient d'une visite de Xavier Bertrand qui avait fait trembler les murs !

Il y a d'abord la question importante des horaires, qui n'ont pas changé depuis bien longtemps, alors que les habitudes ont changé depuis longtemps. La bibliothèque est ouverte sur cinq jours, avec quatre horaires différents, qui font qu'on s'y perd un peu. Une simplification serait nécessaire, avec deux horaires seulement à retenir, mieux adaptés aux besoins et aux attentes : deux journées non stop, mercredi et samedi, de 10h30 à 19h00, et trois après-midi, mardi, jeudi et vendredi, de 14h30 à 18h30. Ce qui équivaut, à 30 minutes près (supplémentaires), au volume horaire actuel (28h30 d'ouverture hebdomadaire au public).

Il y a ensuite la question de l'internet, des outils informatiques, qui ne sont pas au top (ce qui avait fait rugir le maire). Il faudrait que les accès soient plus nombreux. Le livre, les documents sont à notre époque autant sur écran que sur papier. La bibliothèque doit suivre le mouvement, si elle veut conserver et accroître son public de scolaires et d'étudiants.

La salle du deuxième étage, petite, isolée et parfois méconnue, devrait être réservée aux chercheurs et à la consultation d'archives. En revanche, la presse locale, très lue, n'a rien à y faire : mieux vaut la mettre à disposition au rez-de-chaussée, avec la presse nationale et les magazines.

Le rayon DVD est très bien fourni, trop à mon goût : il y a des films qui n'y ont pas leur place, qui sont de pur divertissement, qu'on peut trouver fort bien dans le commerce, à prix raisonnable. Il faut que l'établissement conserve sa vocation originale, culturelle, en se concentrant sur les classiques (ce qui ne veut pas dire élitisme).Il y a donc un tri à faire.

Les activités d'animation, ateliers, concerts, conférences, connaissent des succès variés. La projection de films dans la petite salle du premier étage n'attire pas la foule, le lieu n'est pas aménagé pour cette activité, c'est la vocation exclusive du cinéma. Il faut arrêter. La plupart des activités se déroulent dans le hall d'entrée, qui n'est pas du tout fait pour ça, c'est un lieu de passage, où l'on vient faire enregistrer ses emprunts, qui est donc bruyant. La mise en place n'est pas pratique (il faut installer les chaises, comme dans les salles polyvalentes des années 70). Bref, la bibliothèque gagnerait à disposer d'une vraie salle de réunion. S'externaliser ? Fervaques, c'est trop grand et mal insonorisé ; Jean-Vilar, c'est bien pour le théâtre ; il reste l'auditorium de l'Ecole de musique, mais qui est trop loin de la bibliothèque. Mon projet d'installer un Centre de culture, d'art et d'histoire au milieu de la place de l'Hôtel de Ville permettrait de répondre à ce besoin, qui n'est pas aujourd'hui satisfait.

Le programme des animations est très dispersé. La diversité c'est bien, mais il faut un fil directeur, qu'on a présentement du mal à suivre. Toutes ces manifestations devraient quand même être reliées, beaucoup plus directement, au livre. La ligne éditoriale, si on peut dire, n'est pas assez repérable. Le nombre des inscrits devrait normalement augmenter beaucoup plus. La bonne stratégie, c'est de sortir la bibliothèque des murs pour attirer plus de public. Ce qui se fait déjà avec un stand l'été sur la plage de l'Hôtel de Ville. Mais pourquoi n'y aurait-il pas des interventions personnelles, des informations orales dans les écoles et établissements scolaires de la ville ? Une bibliothèque municipale réclame plus une politique offensive de la lecture vers les milieux en nécessité qu'une politique passive du livre s'adressant aux seuls habitués. En d'autres termes, une bibliothèque est une école de lecture (sous toutes ses formes) plus qu'une banque de prêt.

Cette nouvelle approche de la bibliothèque municipale n'est pensable que dans le cadre plus général d'une redynamisation culturelle de la ville, après la redynamisation ludique et festive opérée par Xavier Bertrand dans les années 90-2000 (la plage de l'Hôtel de Ville, le village de Noël principalement). C'est ce que j'ai exposé dans le billet du 14 novembre ("Des projets pour notre ville") : faire de Saint-Quentin une ville prestige, autour de son centre historique, ses architectures (art déco, basilique, théâtre, hôtel de ville), ses lieux de culture en synergie, musée, écoles de dessin et de musique, espace Saint-Jacques et bien sûr la bibliothèque Guy-de-Maupassant.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez évoqué la question de la simplification des horaires, mais celle de l'augmentation du volume horaire se pose aussi.

Dans la ville de la taille de Saint-Quentin, Il est quand même dommage de ne pas pouvoir bénéficier d'un espace public de documentation et de travail ouvert aussi bien le matin que l'après-midi. Cela peut constituer un vrai inconvénient, notamment pour les étudiants préparant les concours qui n'ont pas la possibilité de rester dans une grande ville après la fin de leurs études. Je suis sûr que l'on peut aussi trouver beaucoup d'autres cas...

Emmanuel Mousset a dit…

C'est par prudence que je n'ai pas osé aborder cette question. Mais il est certain que les heures d'ouverture de la bibliothèque sont insuffisantes. Autre question délicate : l'implication, la motivation et la formation du personnel. Il y aurait là aussi beaucoup à dire ...

Anonyme a dit…

Bonjour bonne année
Le choix des livres achetés est parfois surprenant voire ésotérique
Par contre très peu d essais actuels et sciences dont humaines
Scandaleuse destruction de livres anciens souvent rares dont le choix semble tout à fait arbitraire
Un personnel agréable sans plus pas toujours compétent ni passionne
Je parle bibliothèque bien sur. Yg