jeudi 9 janvier 2014

Rien à déclarer



C'est demain soir The cérémonie, les voeux les plus courus de tout le département, où l'on vient parfois de loin pour en être, sous les lambris et les lustres étincelants du palais de Fervaques, à Saint-Quentin. Le champagne coule à flots, les petits fours sont pris d'assaut, des airs de jazz participent à l'ivresse générale, on se souhaite une bonne année même quand on n'en pense pas un mot, les journalistes recherchent les personnalités politiques, parmi les 2 000 à 3 000 invités, pour leur arracher quelques déclarations, l'alcool parfois déliant les langues.

Tout ça pour quoi ? Il ne va rien se passer, il n'y a rien à déclarer ! Xavier Bertrand ne va pas demain se déclarer candidat pour les prochaines élections municipales. Il attend. C'est classique en politique : quand on détient le pouvoir, se déclarer le plus tard possible pour éviter les critiques. A Bohain, Jean-Louis Bricout ne s'est pas non plus déclaré ; de même Marcel Lalonde à Chauny. Les uns et les autres entreront le plus tard possible en campagne, c'est logique (d'autant qu'ils sont en campagne en permanence !). Le choix qu'oblige le non cumul des mandats est une raison secondaire.

La gauche non plus n'a rien à déclarer, du moins pour l'instant. Le programme socialiste sera connu dans 15 jours, et la liste complète au plus tard en début février. A ce propos, il y a eu hier une sorte de quiproquo, un couac de communication : le site de L'Aisne Nouvelle laissait entendre que le projet socialiste était dévoilé, sur la page Facebook de son candidat Michel Garand. Mais à la lecture, ce programme décevait, parce que trop général, sans financement, sans rapport direct et précis avec Saint-Quentin. Michel Garand, alors "injoignable", n'a pas pu rectifier, ce qu'il a heureusement fait dans l'édition papier de ce matin : ce n'est pas le programme municipal qui a été publié sur l'internet, mais la charte nationale du parti socialiste, adoptée en début décembre, édictant des orientations forcément très générales puisqu'elles concernent toutes les villes de France. La confusion vient de l'incrustation du nom de "Saint-Quentin" dans le texte national. C'est un détail, mais il n'y a pas de détails en politique !

Il est certain que le programme municipal du parti socialiste est très attendu, parce qu'il sera décisif pour guider le vote des Saint-Quentinois. N'ayant plus aujourd'hui aucune influence sur la vie et les choix de ma section, j'ai néanmoins avancé publiquement quelques propositions, puisque mon rôle politique est désormais celui d'un agitateur d'idées, de lanceur de débats. De ce point de vue, j'ai des choses à déclarer ! Dès juin, lors de la campagne interne de désignation de la tête de liste, j'avais listé quelques engagements (voir L'Aisne Nouvelle du 25 juin) :

Déclaration solennelle à ne pas augmenter les impôts locaux ; remodelage de l'équipe municipale en regroupant certains mandats (l'éducation, la culture et la petite enfance) et en créant deux nouveaux postes d'adjoint (tourisme, droits des femmes et lutte contre les discriminations) ; mise en place de référendums d'initiative populaire ; création du Conseil économique, social et environnemental à l'échelle locale ; charte de l'élu (engagement à siéger tout au long du mandat et à effectuer son rôle de représentation lors des événements locaux) ; normalisation des rapports avec la presse, par des contacts libres et réguliers.

En novembre, sur ce blog, j'ai prolongé la réflexion par d'autres propositions : implantation d'une ligne de tramway, espace d'art et d'histoire sur la place de l'Hôtel de Ville, plage du centre-ville installée dans le quartier Europe, Village de Noël déplacé sur la place du marché. Il y a quelques jours, j'ai évoqué l'organisation de la bibliothèque municipale, le partenariat avec le multiplexe et l'exploitation de l'Art déco. Le tout est conçu dans la perspective d'une redynamisation culturelle de Saint-Quentin, en vue d'en faire ce que j'ai appelé une ville prestige, son patrimoine historique et culturel étant exceptionnel. Le projet n'est pas intellectuel : il s'agit bien d'une orientation politique, avec des retombées économiques. Par contraste, j'ai expliqué dans le billet d'hier les choix passés qui me semblaient contestables : fermeture du cinéma Le Carillon, construction du multiplexe et de la Base urbaine de loisirs (BUL).

Revenons à la big cérémonie des voeux de demain. A gauche se posent d'éternelles questions : faut-il critiquer ou pas ces voeux dispendieux ? faut-il s'y rendre ou pas ? faut-il que les élus d'opposition montent sur scène ou non ? J'ai mes éternelles réponses. D'abord, soyons logiques : si on choisit de critiquer cette cérémonie à cause de son coût (ce que je conçois parfaitement), alors il ne faut pas y aller, et encore moins se montrer sur scène à côté du maire. Pour ma part, je pense que ce rendez-vous traditionnel mérite d'être honoré, et que les Saint-Quentinois ne comprendraient pas qu'on réduise son éclat (des économies, oui, mais ailleurs). A partir de là, il faut bien sûr participer à la soirée, ce que je ferai demain soir comme je l'ai toujours fait. Enfin, cette cérémonie étant républicaine, j'ai toujours souhaité que les élus d'opposition figurent sur scène, parce que eux aussi représentent la population. C'est d'ailleurs ce que faisaient en leur temps les conseillers municipaux socialistes Odette Grzegrzulka, Jean-Louis Cabanes et Martine Bonvicini.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

c est une tradition d un autre âge, une cérémonie désuète et inutile.
"ma télé" peut très bien diffuser les vœux du maire comme notre président le fait aux français.

Anonyme a dit…

les projets qu'on a envie d'entendre c est la réhabilitation du quartier de Neuville, la rénovation de l' habitat et la construction de logement sociaux répondant aux critères de bien être de notre époque.
Avant d être une ville prestige que st quentin commence par être une ville exemplaire en aménagement urbain, en logement social, en développement durable.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Etant donné le nombre de personnes qui assistent à cette cérémonie, je ne pense pas qu'elle soit désuète.

2- La réhabilitation de l'habitat n'exclut pas la ville prestige. Celle-ci est même la condition de celle-là.

Karim SAIDI a dit…

Emmanuel, tu proposes entre autres la création d'une délégation " lutte contre les discriminations", au risque de te contredire elle existe déjà puisqu'elle fait partie de ma délégation . J'ai d'ailleurs mis en place dès mon arrivée un plan triennal de lutte contre les discriminations avec des mesures concrètes et un financement , plan qui a été reconduit en 2011 ! Voilà pour cette rectification républicaine ! Bien à toi !