mardi 7 janvier 2014

Projection sur le cinéma



Dimanche, après avoir vu le dernier Scorsèse, "Le loup de Wall Street" (très réussi), je suis allé manger, pour la première fois, au Mac Do du quai Gayant (très réussi aussi). L'aménagement de l'endroit est vraiment beau. Avec la salle du Splendid, le multiplexe est le deuxième poumon du coin. Le restaurant japonais fermé est une vilaine verrue. Pourquoi l'avoir installé ici ? C'était condamné dès le départ à ne pas marcher. Par quoi le remplacer ? Un autre type de restauration, plus populaire, plus accessible, ou bien une boutique dédiée au cinéma, avec DVD, CD, affiches de films, livres, comme il y en a dans d'autres villes.

On ne va pas se le cacher : le cinéma vit des moments difficiles, avec la concurrence du multimédia. Pourtant, ce loisir est toujours en vogue : rien ne remplacera le plaisir du grand écran et sa dimension collective. Le cinoche reste une sortie prisée. Quand on veut se changer les idées, quoi de mieux ? Mais les salles du multiplexe ne sont pas faciles à remplir. Je me demande même si ce choix a été le bon : l'ancien Carillon, au centre-ville, était opérationnel, et beaucoup plus à la dimension de la ville. Mais ce qui est fait est fait : la gauche, d'ailleurs, à l'époque, ne s'est pas opposée.

Les solutions ? D'abord, multiplier les animations autour des films. Les spectateurs d'aujourd'hui sont friands de bonus de toutes sortes. Je le constate avec le ciné philo : ce soir-là, il y a un pic de fréquentation, comparé aux séances ordinaires de la semaine. Il manque sans doute à Saint-Quentin une association de cinéphiles pour les oeuvres d'art et essai, comme autrefois avec Objectif cinéma, même si on ne reviendra pas au bon vieux ciné club d'antan. De même que la bibliothèque municipale ne peut plus attendre passivement ses lecteurs (voir billet de vendredi dernier), le cinéma ne peut pas attendre passivement ses spectateurs : il faut aller les chercher ! Dans "Le loup de Wall Street", le héros joué par Di Caprio" explique comment vendre un simple stylo : partir du besoin de l'utilisateur, montrer en quoi l'usage est indispensable. Le cinéma doit donner l'envie irrépressible d'y aller, imposer l'idée que sa fréquentation est irremplaçable !

Je ne sais pas si Olivier Tournay, tête de liste communiste aux élections municipales, a la nostalgie ou le projet d'un cinéma municipal, puisqu'il veut ramener beaucoup d'activités dans le giron de la Ville. Pas moi, mais il est certain que les liens entre la Municipalité et le multiplexe doivent être plus étroits, et que sur ce coup-là il doit y avoir un fort volontarisme municipal. Dans une ville comme la nôtre, il est difficile de réussir un projet sans l'aide de la Municipalité (sauf à se contenter d'un public restreint, sinon confidentiel). La plaquette des programmes et horaires pourraient être plus attractive. Il y a aussi toute une dimension méconnue : on ne passe pas que des films au cinéma ! on y organise aussi des assemblées, des formations, des conférences, des séminaires. Ce n'est pas un palais des congrès, mais ça s'en rapproche, et ce serait à développer.

Il y a des contacts à établir ou à renforcer entre le cinéma, le BTS audio-visuel du lycée Henri-Martin et les établissements scolaires en général. Le multiplexe lui-même doit produire ses propres événements, pas forcément coûteux ou gigantesques (je pense par exemple à un festival de films dans le cadre du centenaire de la guerre 1914-1918). Et puis, il y a une question au moins à poser : les séances du soir se terminent assez tard, sans moyen de transport pour ceux qui ne sont en véhicule (j'ai à l'esprit les personnes âgées ou les plus jeunes). N'y a-t-il pas quelque chose à faire ? Ce sont des idées en vrac, pertinentes ou pas, à prendre ou à laisser. Mais le cinéma, établissement privé et commercial, entre aussi dans une logique de projet municipal, culturel, festif et même de lien social.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

il y a déjà beaucoup d animations et d évènements au cinéquai, concerts , opéra, ballets, en direct, festival, connaissance du monde, ciné débat, avant première chaque semaine,... vous pouvez en faire toujours plus mais ca n'augmentera pas la fréquentation, au bout d'un moment c est uniquement le prix qui bloque.
Malgré les réductions possibles ca reste beaucoup trop cher, surtout pour les familles et les jeunes.

Emmanuel Mousset a dit…

Ah l'argent, l'argent, toujours l'argent ! Non, les tarifs du CinéQuai sont parmi les moins élevés de France. D'expérience, je sais que la fréquentation de n'importe quelle activité publique est liée non au prix mais au produit. Et la gratuité ne fait pas venir plus de monde. Il y a au Splendid des salles combles pour des artistes aux entrées fort chères. L'obstacle par l'argent, c'est un préjugé pour se faire plaisir.

Anonyme a dit…

en France en 2012 le prix moyen plein tarif d une entrée au cinéma était de 6,40 €, st quentin 8,50 €.
vous comparez probablement les prix entre multiplex pour placer celui de cinequai02 dans les plus économiques mais en s'offrant ce type de structure habituellment réservé a des vilels de plus de 100 000 habitants st quentin n'a t'il pas surestimé le pouvoir d'achat de ses habitants ?
le cinéma à st Quentin est cher si on compare les prix pratiqués dans des villes de même taille.

Emmanuel Mousset a dit…

Je compare bien sûr ce qui est comparable : CinéQuai, par rapport à Gaumont ou Pathé, est bon marché. Quant à la structure multiplexe, j'ai écrit dans mon billet que j'aurais souhaité qu'on conserve l'ancien cinéma Le Carillon.