jeudi 30 janvier 2014

L'Aisne toute nouvelle



Un journal qui change de peau, c'est un événement pour la ville. Samir Heddar, rédacteur en chef de L'Aisne nouvelle, justifie ce matin, dans son éditorial, le changement de formule, par quatre arguments principaux : faciliter le cheminement à travers les différentes rubriques, rendre complémentaires les supports de lecture (papier, ordinateur, smartphone, tablette), donner davantage la parole aux lecteurs et internautes, préserver l'actualité d'hyper-proximité.

Pas de gros scoop au milieu de l'actualité ordinaire du jour, mais un petit, tout de même, pour la route : Jérôme Lavrilleux, qui essuie les plâtres dans une grande interview, annonce qu'il sera candidat à sa propre succession ... aux prochaines élections cantonales, l'an prochain. Il y a quelques jours, le conseiller général de Saint-Quentin nord suggérait la candidature de Pascale Gruny aux sénatoriales, en remplacement de Pierre André. Toujours très organisée et soudée, la droite saint-quentinoise !

Etant bon public, c'est-à-dire passionné de presse locale, je ne suis pas un juge objectif et impartial. Je lis tout (sauf les pages sportives) et j'aime tout. Simplement, cette nouvelle formule me plaît et je continuerai à lire chaque édition de L'Aisne nouvelle, comme je le fais avec les autres journaux. Ce changement n'est d'ailleurs pas un bouleversement, plutôt un rafraîchissement. Le titre inverse les couleurs : de rouge sur blanc, il devient blanc sur rouge, à la façon du Courrier picard, avec un L' assombri.

Je me demande même si la nouvelle Aisne nouvelle ne se courrier-picardise pas un peu ? A première vue, non, mais si vous prenez les dernières pages, oui, c'est flagrant. Les rubriques télévision, programme, cinéma, magazine ont une même maquette dans les deux journaux. Le Courrier picard, dans son numéro d'aujourd'hui, lance un "clin d'oeil amical" à son concurrent et à sa nouvelle formule, qu'il juge malicieusement ... "plus Courrier picard !", tout en prenant garde de préciser que "les deux journaux se différencient sur l'essentiel : le contenu". Il n'empêche qu'il est légitime de se demander si le Courrier picard ne va pas fusionner à terme avec sa filiale Aisne nouvelle.

J'ai vu disparaître La Voix de l'Aisne et L'Union délaisser Saint-Quentin. Dans beaucoup de villes moyennes, il n'y a plus qu'un seul organe de presse. Ce qui est bien sûr dommageable en termes de pluralisme et de vitalité démocratique. Mais les impératifs économiques sont là aussi. Il est urgent de re-populariser la presse locale, d'étendre sa lecture, de revaloriser son indispensable fonction, de relancer ses ventes. L'école peut jouer un rôle, ainsi que les hommes politiques, qui ne montrent pas toujours l'exemple en dénigrant trop facilement la presse, à défaut de l'instrumentaliser.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce qu'on ne nous dit pas, c'est que ce changement entraîne aussi la suppression de presque la moitié de l'effectif de l'Aisne Nouvelle.

Quand vous dites que l' AN se "Courrier picardise", c'est tout à fait vrai.

L'Aisne Nouvelle appartient désormais au CP. Qui lui-même appartient au groupe Voix du Nord (détenu par le belge Rossel).

En résumé, la pluralité n'est pas quasi-réelle : tous les quotidiens de la Marne, la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, appartiennent à la même famille.

La mutualisation des moyens, présentée comme une avancée sur le papier et le web, est un prétexte pour supprimer des postes et privilégier la précarité des CDD.