samedi 4 mai 2013

On ne lâche rien !



C'est assez singulier : deux manifs totalement différentes, et même opposées, vont se dérouler à Paris ce dimanche derrière un slogan identique, "On ne lâche rien !". D'un côté les anti-mariage homo, qui ne désarment pas malgré le vote de la loi, de l'autre le Front de gauche, très remonté contre la politique social-démocrate du gouvernement.

On ne lâche rien ? Ce slogan m'est totalement étranger. Je ne l'ai jamais prononcé pour quoi que ce soit, je n'y pense même pas. Pourquoi ? Parce que je considère que c'est un mot d'ordre obtus, fanatique, irréaliste. C'est tout le contraire de l'ouverture, de la négociation, du compromis qui sont chers à ma culture social-démocrate et à ma pratique de vie. "On ne lâche rien", c'est le cri de ralliement des partisans du rapport de force. Et qui débouche sur quoi ? A force de ne "rien lâcher", ils perdent tout. Mélenchon ne sera jamais Premier ministre (quelle lubie, quelle folie !), les anti-mariage pour tous ne verront même pas la loi honnie d'eux abrogée lors d'un éventuel retour de la droite au pouvoir. "On ne lâche rien !" c'est le cri de rage des impuissants, c'est une clameur de défaite et de désespoir.

En bonne politique républicaine, il faut lâcher d'un côté pour gagner de l'autre, savoir transiger, chercher si possible une formule de consensus, pratiquer le donnant-donnant (que Ségolène Royal avait rebaptisé le "gagnant-gagnant"). Quand deux parties s'affrontent en démocratie, ce n'est pas le combat du bien et du mal, de la lumière contre les ténèbres, mais des points de vue différents qui débattent, qui essaient éventuellement de s'accorder, qui donnent au peuple le soin de trancher. Lâcher du lest (comme on le dit d'une montgolfière), ce n'est pas se compromettre, c'est s'élever.

Attention, je ne mets pas les deux manifestations de demain sur le même plan : Mélenchon conteste la politique actuelle, c'est son droit, il fait son travail de militant mais je n'adhère pas à sa radicalité. Il n'empêche que cet homme et son mouvement sont de gauche, ont appelé à voter Hollande l'an dernier et méritent donc, à ce double titre, d'être écoutés. En revanche, les adversaires du mariage homo s'opposent à une loi qui vient d'être votée, qui ne pourra être remise en cause que par une autre majorité, qui ne devrait donc souffrir, du point de vue des principes juridiques et de l'esprit républicain, d'aucune contestation (pour ma part, je n'ai jamais dans ma vie militante manifesté contre une loi que la représentation nationale venait d'adopter).

A ceux qui s'écrient "On ne lâche rien !", je conseille de se relâcher un peu, cool et zen, en leur rappelant que la passion politique, qui est une très belle chose, n'exige pas l'intransigeance mais au contraire le discernement et l'esprit de composition.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"On ne lâchera rien", c est aussi ce qui a permis les grands moments de notre histoire à chaque fois ou la négociation et le compromis n'ont pas pu avoir lieu.
en premier lieu la révolution française.
Ce fut aussi le mot d ordre des résistants pendant l'occupation allemande.

quand à la politique du gouvernement j espère qu'il ne lâchera aucun de ses engagements , droit de vote des immigrés, créer l Europe de l énergie, et surtout obliger l Europe à s engager dans un grand plan de relance.