lundi 6 mai 2013

Le compte y est



Un an aujourd'hui de présidence Hollande : contrairement à ce que disait hier Mélenchon, le compte y est, et très largement ! C'est parce que je suis socialiste que je dis ça ? Eh oui, encore heureux ! Un socialiste est forcément satisfait d'une politique socialiste. Quoique j'ai quelques camarades hésitants, voire critiques. Moi pas : je prends tout en bloc, j'adhère entièrement. Soutien aveugle ? Non, soutien objectif et argumenté. Ecoutez-moi un peu :

Le but, il n'y en a qu'un seul, c'est l'emploi, car le chômage frappe d'abord les couches populaires (les autres, elles arrivent toujours à se débrouiller). Pour relancer l'emploi, il faut relancer la croissance, l'activité des entreprises, notre système de production. Pour ça, le gouvernement a sorti la grosse artillerie : pacte de compétitivité et réforme du marché de l'emploi, qui porteront inéluctablement leurs fruits, assez vite. L'emploi, c'est la première des justices sociales. Mais il y a aussi la solidarité nationale. Ecoutez-moi encore :

Le gouvernement a rétabli la retraite à 60 ans. Pas mal, non ? La taxe sur les plus hauts revenus à 75% a butté sur des réserves constitutionnelles, mais l'idée, d'une façon ou d'un autre, passera. Et puis, il y a toutes ces réformes de société, qui vont changer la vie : les rythmes scolaires, en vue d'une transformation plus globale du système éducatif ; le mariage pour tous, bien sûr ; le non cumul des mandats, pour bientôt.

Y a-t-il des échecs, des renoncements dont on pourrait se plaindre ? Aucun ! Ah oui, il y a des résistances qui empêchent certains projets de se faire, mais le gouvernement n'y est absolument pour rien : par exemple, le vote des étrangers, à cause du Sénat qui bloque (la majorité de gauche est insuffisante). Même en cherchant bien, je ne vois pas en moi une trace de déception, une petite contrariété, un zeste d'hostilité.

Alors, tout va bien ? Non, rien ne va jamais bien tant que la courbe du chômage n'est pas inversée. Mais nous y allons, les outils sont là. Les seuls reproches que je fais dans cette première année du quinquennat, ce sont les fameux "couacs", quand des ministres, des députés ou des responsables du parti ne se montrent pas solidaires. C'est insupportable, et on pourrait vraiment s'en passer ! Je crois aussi que le gouvernement devra songer à élargir sa base électorale en s'ouvrant au centre, puisque Mélenchon nous claque la porte au nez.

Mais, me direz-vous, tout ce mécontentement qui monte, ça ne vous dérange pas ? Non, ça ne me dérange pas. En tout cas, pas plus que ça. Cette insatisfaction me semble même "normale", pour reprendre un terme à succès. Et elle ne préjuge absolument de la suite, pour laquelle je suis assez optimiste (une réélection d'Hollande est envisageable en 2017, contre toute apparence). Pourquoi ? Parce que l'impopularité s'explique d'abord par le contexte historique : le gouvernement est en train d'expérimenter quelque chose qui ne s'est jamais fait en France, une ligne politique qui n'a jamais été tenue, la social-démocratie. La droite libérale est contre, l'extrême droite encore plus ; et la gauche est forcément réservée, ce n'est pas dans ses traditions. Combien y a-t-il de sociaux-démocrates authentiques en France ? Très peu (à Saint-Quentin, il n'y a que moi qui revendique haut et fort cette identité !). Il est donc logique qu'il y ait des doutes et des hésitations. D'un certain côté, tant mieux : Hollande-Ayrault seront jugés aux résultats, et c'est très bien comme ça. Dans un an, nous en reparlerons, et vous verrez : le deuxième anniversaire sera très différent.

Enfin, depuis une quinzaine d'années, la France est entrée dans une société de l'insatisfaction. La droite en a été victime hier, la gauche en pâtit aujourd'hui, mais ça ne préjuge pas de la suite. L'impopularité est culturelle, pas politique. Dans un monde individualiste, on ne voit que son intérêt particulier, on oublie l'intérêt général : du coup, les gens ne sont et ne seront jamais contents. Mais les moments d'élection donnent l'occasion de retrouver l'intérêt général et de s'exprimer par rapport à lui (et pas par rapport à soi). Nous vivons également dans une société de l'urgence : les gens veulent tout, tout de suite, ignorant que la politique n'est efficace que sur le long terme (mais la suite et la fin du quinquennat corrigeront ce défaut de vision).

Enfin, nous vivons dans un monde sans fidélité ni enthousiasme, deux vertus qui sont étymologiquement de nature religieuse (la foi et la divinisation). Il n'y a plus de grands personnages, comme pouvaient l'être de Gaulle ou Mitterrand (surnommé "Dieu" !), qui provoquaient autour d'eux des adhésions très fortes. Hollande est un président "normal" avec des électeurs "normaux", c'est-à-dire qui ont toujours un reproche à faire, tant il est vrai que rien n'est jamais parfait. Mais insatisfaction d'un jour n'est pas insatisfaction toujours ! C'est comme les commerçants à Saint-Quentin : jamais contents de la Municipalité de droite mais votant toujours pour la Municipalité de droite ! Allez, François, Jean-Marc et tous les autres, continuez, courage et fierté : bon anniversaire de gouvernement !

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