samedi 18 mai 2013

Matélé à moi



J'étais bien sûr hier devant ma télé pour le lancement de Matélé, la chaîne saint-quentinoise. Une télé à soi, de chez soi, c'est chouette ! Il y a une magie de l'image, j'ai toujours aimé la télé. Mais quand on y voit des paysages familiers, la magie est redoublée. Après, évidemment, je prends du recul, je réfléchis, je m'interroge : est-ce bien utile ? Combien ça coûte ? Quels seront les programmes ? Bref, je fais mon travail de citoyen, je deviens politique ...

Le coût ? J'écarte tout de suite l'objection, c'est le plus mauvais argument contre Matélé. Dès que vous faites quelque chose d'un peu ambitieux, il faut sortir des sous, et souvent beaucoup. Sinon, ne rien faire du tout, ou alors avec des bouts de ficelles. Le prix est relativement élevé, ça ne me gêne pas. Le problème n'est pas l'argent, mais ce qu'on fait de l'argent. Trop cher ? Ok, tout est toujours trop cher, mais avec cette somme, on fait quoi d'autre, et de mieux, de plus utile ? Tant qu'on ne répond pas, c'est un coup d'épée dans l'eau.

Olivier Tournay, conseiller municipal d'opposition (PCF), affirme, dans le Courrier picard d'aujourd'hui, que c'est "la télé du maire". Non, je n'ai aucune crainte de ce côté-là. D'abord parce que des assurances déontologiques ont été données, dont je n'ai pas a priori à douter. Ensuite parce que Xavier Bertrand est suffisamment intelligent pour ne pas faire de cette télévision un instrument de propagande, un journal militant qui se retournerait très vite contre lui. Et puis, franchement, les prochaines élections municipales se gagneront sur le terrain, pas devant un écran. Enfin, je fais pleinement confiance à Bertrand Samimi, le rédacteur en chef, un collègue que je connais bien, dont le professionnalisme et l'honnêteté sont indiscutables. Pas d'inquiétude là-dessus.

Mes réserves, mes doutes, mes critiques vont ailleurs : c'est plutôt le contenu, le format, le style qui m'interrogent. Une heure de création locale par jour, rediffusée cinq fois, ce n'est pas énorme, mais pourquoi pas, c'est un début. Là où j'ai un désaccord avec Xavier Bertrand, c'est quand il dit que les élus et la politique n'auront pas accès à Matélé : ça devrait rassurer Olivier Tournay, mais moi au contraire ça me préoccupe et je n'approuve pas ! Je comprends la prudence du maire, qui ne veut risquer aucun soupçon de partialité (peine perdue, Olivier n'est pas convaincu). Mais le risque beaucoup plus grand, c'est de faire une télé qui perdrait en vie en cherchant à tout prix à positiver (en dépolitisant), en écartant les sujets qui font mal (et je ne pense pas qu'à la politique, mais aussi aux conflits sociaux, aux activités syndicales, aux problèmes d'associations, aux faits divers et, en général, à toutes les difficultés de la vie quotidienne des Saint-Quentinois).

Jean-Luc Nelle, le président, annonce la ligne éditoriale : "parler des trains qui arrivent à l'heure". Mais le journalisme ne s'intéresse qu'aux trains qui arrivent en retard, et il a raison, c'est sa fonction démocratique. On ne s'intéresse à un média, quel qu'il soit, que parce qu'il parle de ce qui ne va pas. Ce qui va, personne n'a besoin d'en parler. Croyez-vous que mon blog serait autant consulté s'il se contentait de dire que tout va bien, que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil chez les socialistes ? Si Matélé n'est qu'un simple support, en quelque sorte publicitaire, des activités locales, je crois qu'elle n'intéressera pas plus que ça. La question, c'est : avons-nous affaire à du journalisme ou pas ? Si c'est non, ça n'ira pas très loin, pas plus loin que la lecture épisodique d'un bulletin municipal.

En revanche, si Matélé s'ouvre à la vie, traite aussi des problèmes, des conflits, des débats, alors là oui, l'expérience peut être intéressante. La vie, c'est la tension et la confrontation. TéléBisounours, ça ne marchera pas. Bien sûr, je n'ignore pas les difficultés d'une télé locale faisant un vrai travail de journalisme : elle devra rester strictement indépendante, ne pas prendre partie, mais cependant s'ouvrir à tous les sujets et donner la parole à tous les protagonistes des événements locaux, heureux ou malheureux. Même Xavier Bertrand pourra s'exprimer sur Matélé telle que je la souhaite ! Alors, pourquoi pas ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

c est forcément un atout pour le maire, puisque chaque évènement organisé par la municipalité va être mise en valeur. on a déjà eu droit dès le premier jour à un éloge sur les fêtes du Bouffon.
et ce sera à chaque fois une mise en valeur de la ville, des projets réalisés, du dynamisme de la ville, .... les premières personnes à être interviewer ne sont pas des élus, mais des personnes travaillant à la mairie ou connues pour être des sympathisants de droite.
en s interdisant des débats politiques , le maire exclue d office l accès à ce média pour l opposition.
c est la chaine casimir " le pays joyeux, des gens heureux "
Quand au budget consacré au projeton aurait tout simplement pu l'économiser.

Anonyme a dit…

L'absurdité de la chose est qu'ils n'aient pas prévu la transmission par adsl.

tourtinet a dit…

Sinon, le journalisme s'intéresse qu'aux trains qui arrivent en retard.
Pourtant les "trains qui arrivent à l'heure" c'est utile . Je suis trop bouleversé par la tristesse des informations et j'ai toujours rêvé d'un journal ou d'une châine qui parlait que des choses joyeuses.
Et puis quand je vois les informations ,qui sont à l'heure du repas, heures où plein d'enfants regardent, et peuvent être traumatisés. (J'ai passé des vacances avec mes cousin de 4 et 6 ans parfois, et après les infos, beaucoup font des cauchemars dû aux infos).
Bon, je me doute que c'est pas une chaine d'info pour les enfants, mais une chaine d'infos sur le village, où tu finis pas en pleurant ou en te disant que le monde est pourri, vu qu'il y a des meurtres, que du chômage ou autre, ça me va. J'ai déja les parents pour faire ce discours tous les week-end et pendant les vacances, et ça donne simplement envie d'arrêter les études parce "si on écoute les infos, on aura pas de boulot ni avec diplôme ou sans diplôme vu le taux de chômage, et la france est outue" . Alors quand je regarde les infos, j'aime quand on parle de sujets joyeux.