lundi 20 mai 2013

Appelez-moi Maurice




Vous vous souvenez du slogan des manifestants, en mai 1968, à propos de Daniel Cohn-Bendit : "Nous sommes tous des juifs allemands !" Samedi soir, au musée Antoine-Lécuyer, dans le cadre de la Nuit des musées, je croyais entendre une formule approchante : "Nous sommes tous des Maurice-Quentin de La Tour !" A mon arrivée, j'ai été croqué par quatre petits Maurice, ou plutôt par Maurice et ses Mauricette : Anthony, Chloé, Mélodie et Deborah (vignette 1, de gauche à droite), qui sont par ailleurs mes élèves au lycée Henri-Martin. Vous pouvez apprécier le résultat en vignette 2 (j'ai retenu les dessins d'Anthony et Chloé ; Deborah, elle, m'a transformé en manga, surprenant et déconcertant !). J'espère que ces portraits vous semblent honorer dignement le pastelliste saint-quentinois mondialement connu.

A l'intérieur, nous étions attendus par le maître en personne, ou plutôt sa réincarnation contemporaine, en la personne de Maurice Cabezas de La Tour (vignette 3). Vous l'aurez bien sûr reconnu : il s'agit de Monsieur le Conservateur du musée et sa parisian touch, facétieuse, volubile et diserte. Ce n'était pas le célèbre masque de fer mais de carton, avec les yeux pas tout à fait en face des trous. Ses déplacements de salle en salle, puis de tableau en tableau, avaient des grâces de libellule et un visage qui tournait à l'écrevisse, tant il faisait chaud sous le masque. Devant chaque portrait, Hervé Cabezas est intarissable, plus savant que Maurice lui-même : il donne l'impression de tout savoir, de commenter chaque grain de l'oeuvre, de la rapporter à la vie et à l'époque de l'artiste, comme si de La Tour était son cousin ou son voisin.

Monsieur le Conservateur ? Hervé Cabezas porte bien mal son titre professionnel. J'ai cité Daniel Cohn-Bendit en commençant ce billet : Cabezas, lui non plus, n'a rien d'un conservateur, mais tout d'un révolutionnaire ! Je n'exagère nullement. Savez-vous ce qu'il a fait de la fameuse rotonde de son musée, en cette nuit qui ressemblait à celle du 4 août, tant les privilèges traditionnels de la culture ont été bousculés ? Voyez plutôt, en vignette 4, de quoi il s'agit : où suis-je ? Dans le musée Antoine-Lécuyer ou dans un bar de nuit à l'ambiance tamisée ? A moins qu'il s'agisse du coin canapé d'une discothèque au bleu psychédélique ? Non, je me trouve bel et bien sous la rotonde du musée, méconnaissable, avec des casques et des coussins moelleux traînant par terre, et plusieurs corps allongés, qui ressemblaient à des dormeurs ou à des débauchés.

Qu'est-ce donc que tout cela, me direz-vous ? Comment Hervé Cabezas a-t-il pu autoriser une telle chienlit sous son toit ? Mais non, l'art n'a pas perdu ses droits le temps d'une nuit ! Dans le temple du portrait, ce sont toujours des portraits qu'il nous était donné non à voir, pour une fois, mais à entendre : des audio-portraits, très exactement, de la ville de Saint-Quentin, réalisés par la classe préparatoire option musique du lycée Henri-Martin. J'ai particulièrement apprécié Stunde Null, un bouquet de sons exprimant le visage meurtri de notre ville par la guerre. Très réussi ! Pour la prochaine édition de la Nuit des musées, que nous réserveront Hervé Cabezas et son équipe, qui d'année en année vont de surprise en surprise ? Réponse sur ce blog dans 365 jours.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la nouvelle chaine de télé "ma télé" à parlé du programme des fêtes du bouffon , en long et en large, mais la nuit des musées rien.
c'est regrettable.